Portrait. Il a soixante-quatre ans, dont 44 passés au service du football à Mohammedia. Il a formé des générations de footballeurs chez les jeunes du Chabab, depuis 1962 jusqu'à 1984. Il n'a pas encore dit son dernier mot en continuant à diriger l'école de football Majd. Étonnant bonhomme. Aït Oubba Abdelkader est l'un de ses soldats de football qui travaillent dans l'ombre. Il existe certainement d'autres combattants comme lui à travers le Maroc et qui ont consacré toute leur vie à la formation des jeunes. Ces entraîneurs de base, auxquels les clubs doivent tout, sont récompensés au retour par une ingratitude et une indifférence qui frisent la déshumanisation. Aït oubba a passé quarante ans de sa vie à former les jeunes du Chabab de Mohammedia où la plupart des grands joueurs sont passés par son école. Mais cet homme n'a jamais eu l'hommage qu'il mérite de la part des dirigeants chababistes, même si les fédaliens lui vouent un grand respect et une gratitude meritée. Aujourd'hui et à 64 ans, il n'en démord pas, ne se résigne point et se conforte de l'oubli des hommes en continuant à accomplir sa mission d'éducateur dans son école d'enfants. L'homme ne vit que pour le football pour qu'il pense à la retraite et se consacre entièrement à son école de Majd Mohammedia. Celui qui a formé des centaines de minimes, cadets et juniors du Chabab depuis 1962 jusqu'en 1984 ne change pas, ni d'aspect, ni de cœur. Il est toujours là l'esprit vivace, débordant de dynamisme et passionné comme son enfance pour un sport qu'il vénère. Aït Oubbba qui a joué avec l'équipe de Fédala sport a travaillé avec plusieurs générations d'entraîneurs du Chabab dont notamment Moulay Tahar qui était à l'origine de l'équipe en première division. Mais il a connu aussi des techniciens comme Végas ( ex-Fus ), M'jid ( ex-Etoile ), le père Jego, Belamahjoub, Ben Barek qui ont tous entraîné le Chabab. La réputation d'Aït Oubba dépasse Mohammedia car l'homme est très estimé dans la grande sphère du football national. À preuve cet hommage qui lui a été rendu au complexe culturel d'Anfa à Casablanca en présence de Mendoza, de Gourra et de bien de figures connues dans le football national. Non seulement , il n'a jamais été honoré dans sa ville, Mohammedia, mais certains esprits malveillants ne cessent pas de lui poser des bâtons dans les roues. Si ce n'est l'estime que lui portent les dirigeants du conseil municipal, il aurait été expulsé du stade Bachir où il se sert d'un petit espace comme siège et terrain d'entraînement de son école Majd Mohammedia. Une parcelle de terrain sans eau, ni électricité et un petit terrain non gazonné qu'il a réaménagé pour que les enfants puissent continuer à taper dans un ballon. Ce qui est beau dans cette entreprise, c'est que Aït Oubba a tenu à associer les parents des enfants dans le comité du Majd. Le vieux routier de football n'en demande pas plus comme il n'aspire qu'à avoir l'infrastructure nécessaire pour qu'il puisse former les enfants dans un environnement adéquat. Ba Abdelakader, comme on l'appelle communément à Mohammedia, se distingue par sa gentillesse et son esprit de compromis. Il n'en veut à personne même à ceux qui le combattent et aux responsables du sport de la ville qui ont oublié de lui rendre hommage pour un travail assidu de 44 ans. Il n'aspire qu'à une chose, c'est exaucer son vœu d'aller accomplir le pèlerinage à La Mecque. Est trop demander pour un homme dont le seul nom évoque l'école fertile du Chabab d'antan qui n'a plus donné de joueurs talentueux depuis son départ du club ?