L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a sans surprise de nouveau échoué à conclure un accord avec l'Iran visant à vérifier si le pays a cherché ou non à mettre au point l'arme atomique. Les observateurs n'avaient que peu d'espoirs d'une avancée lors de ces entretiens, qui ont eu lieu mercredi à Vienne à un mois de l'élection présidentielle en République islamique. Il en allait de même pour la rencontre parallèle qui devait se tenir mercredi à Istanbul entre la responsable de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton et le chef du programme nucléaire iranien et candidat à la présidentielle Saïd Jalili. «Nous n'avons pas pu finaliser le document d'approche structurée que nous négocions depuis un an et demi», a déclaré le chef des inspecteurs de l'AIEA, Herman Nackaerts, à des journalistes à l'issue de la rencontre de Vienne, se disant toutefois déterminé à poursuivre le dialogue. La date d'une nouvelle réunion n'a pas encore été fixée. L'ambassadeur iranien auprès de l'AIEA, Ali Asghar Soltanieh, toujours plus positif, a laissé entendre de son côté que la réunion avait permis d'avancer quelque peu. «Nous avons eu des discussions intensives aujourd'hui. Des propositions ont été faites de part et d'autre», a-t-il dit. Les deux parties vont à présent «étudier ces propositions avec attention, et lors de la prochaine rencontre, des résultats seront obtenus», a-t-il déclaré. L'AIEA veut conclure un accord avec l'Iran lui donnant un accès plus large à des sites, documents ou individus à même de l'aider à vérifier si le pays a tenté, ou non, de développer l'arme atomique avant 2003 voire ensuite. Dans un rapport publié en novembre 2011, elle a présenté plusieurs éléments suspects. Elle veut en particulier accéder à la base militaire de Parchin, près de Téhéran, où elle soupçonne l'Iran d'avoir procédé à des tests d'explosions conventionnelles applicables au nucléaire. Téhéran dément formellement vouloir se doter de l'arme nucléaire, ou avoir essayé de le faire. Si l'AIEA n'a guère eu de succès dans ses discussions avec l'Iran jusqu'à présent, il en va de même pour le groupe des 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne). La rencontre entre Mme Ashton et M. Jalili à Istanbul est la première depuis l'échec en avril de négociations avec les grandes puissances au Kazakhstan. La chef de la diplomatie de l'UE avait alors souligné que les deux parties étaient restées «très éloignées». Les discussions avec les six portent sur le programme nucléaire iranien actuel, notamment sur l'épineuse question de l'enrichissement. L'uranium enrichi peut être utilisé à des fins pacifiques pour produire de l'électricité mais aussi à des fins militaires s'il est hautement purifié. Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté de multiples résolutions contre l'Iran, l'appelant notamment à suspendre l'enrichissement d'uranium, et a décidé toute une série de sanctions. L'Union européenne et les Etats-Unis ont renforcé leurs sanctions l'an passé, visant le secteur pétrolier et le secteur financier de l'Iran et causant de lourds préjudices à son économie. Israël, seule puissance nucléaire officieuse du Moyen-Orient, n'exclut pas la possibilité d'une frappe préventive sur les installations nucléaires iraniennes, alors que les Etats-Unis privilégient la diplomatie et les sanctions. Mais l'Iran n'a toutefois pas suspendu son enrichissement et a même mis en place de nouvelles centrifugeuses plus modernes sur son site de Natanz (centre). Le prochain rapport de l'AIEA sur l'Iran, attendu dans une semaine, devrait faire un point sur l'avancée de ces installations. Le conseil des gouverneurs de l'agence débattra du rapport lors de sa réunion prévue de début juin. Wendy Sherman, chef de la délégation américaine dans les négociations avec l'Iran, a mis en garde le pays face à l'impasse des discussions avec l'AIEA. «A un moment donné, le directeur général de l'AIEA devra revenir devant le Conseil de sécurité (de l'ONU) et dire qu'il ne peut pas avancer, qu'il n'a eu aucune réponse et que (le Conseil) doit de nouveau agir», a-t-elle déclaré lors d'une audition au Sénat américain.