L'Iran est en train de convertir de l'uranium enrichi à 20% pour en faire du combustible, a annoncé mardi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. «Ce travail est en cours et toutes les informations ont été adressées à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) d'une manière complète», a déclaré Ramin Mehmanparast, cité par l'agence de presse officielle Irna. Il répondait à des informations de presse selon lesquelles l'Iran avait converti une partie de son uranium enrichi à 20% pour du combustible dans son réacteur de recherche de Téhéran. En convertissant une petite partie de son uranium hautement enrichi pour en faire du combustible à usage civil, Téhéran gagnerait du temps pour permettre l'ouverture de négociations directes avec les Etats-Unis sur le nucléaire. Ce processus, qui réduirait le stock d'uranium disponible pour la mise au point d'armes atomiques, est l'un des rares moyens à même de désamorcer la crise qui risque d'éclater d'ici l'été. Sans lui, Téhéran risque en effet de dépasser d'ici juin la «ligne rouge» au-delà de laquelle Israël pourrait recourir à la force pour l'empêcher de se doter d'un tel arsenal. L'annonce iranienne est intervenue à la veille de l'arrivée à Téhéran d'une délégation de l'AIEA pour de nouveaux entretiens avec les dirigeants iraniens. «Des divergences subsistent (...) Nous allons travailler dur pour tenter de les surmonter», a déclaré le directeur-général adjoint de l'AIEA, Herman Nackaerts, à son départ de Vienne. A Téhéran, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a dit que son pays était disposé à parvenir à «un accord complet» sur les inspections de l'AIEA si ses droits en matière de nucléaire étaient reconnus. Un tel accord pourrait inclure la visite des installations militaires de Parchin, que l'Agence, malgré ses demandes, n'a toujours pas pu visiter. L'Iran et les six puissances qui négocient sur ses activités nucléaires se rencontreront par ailleurs le 26 février au Kazakhstan, pour la première fois depuis juin dernier. Ces six puissances mondiales (les cinq membres du Conseil de sécurité de l'Onu plus l'Allemagne) tentent de convaincre l'Iran d'abandonner son programme nucléaire par le biais de sanctions économiques et par une forte pression diplomatique. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, a déclaré à ce sujet mardi lors d'une visite à Moscou qu'il espérait que les entretiens d'Almaty permettraient d'avancer sur le dossier. «Nous comptons qu'il y aura là-bas des avancées positives et constructives pour résoudre ce problème», a-t-il dit. Le nouveau secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a dit vendredi que les grandes puissances étaient prêtes à répondre positivement si l'Iran montrait sa volonté de parler «vraiment du fond» au Kazakhstan. La République islamique est soupçonnée par l'Occident de chercher à se doter de l'arme nucléaire sous couvert d'un programme nucléaire civil. Téhéran dément et assure que son programme atomique est essentiellement destiné à produire de l'électricité. Côté diplomatie, rares sont ceux qui tablent sur des progrès avant l'élection présidentielle de juin en Iran. Le prochain rapport de l'AIEA attendu fin février devrait apporter davantage de détails. L'évaluation de la quantité d'uranium enrichi dont dispose l'Iran constituera l'un des points critiques du dossier. En septembre, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a clairement indiqué qu'il ne laisserait pas Téhéran acquérir la quantité d'uranium enrichi nécessaire à la mise au point d'une arme atomique. Les experts divergent sur cette quantité mais les observateurs estiment que les autorités israéliennes l'ont fixée à 240 kg d'uranium enrichi à 20%. Barack Obama a envoyé en Israël cette semaine sa secrétaire d'Etat-adjoint chargée du contrôle des armements, Rose Gottemoeller, pour rassurer le gouvernement israélien sur sa volonté d'empêcher le développement du programme nucléaire iranien. Cette visite, sur laquelle l'ambassade des Etats-Unis ne donne aucun détail, a aussi pour objet de préparer la première visite du président américain en Israël, prévue au printemps prochain.