Native de Fès, Rafika Azzaoui s'est installée à Rabat où elle décroche un diplôme d'architecture en juin 1987. Elle enseigne l'architecture dans ce même établissement, depuis 2000. En 2009, Rafika Azzaoui s'initie à la peinture. Cette architecte passionnée, observatrice et sensible au problème de l'environnement commence d'abord par peindre en mélangeant récupérations, collages, toiles de jute et peinture à l'huile. Elle décide alors d'approfondir ses connaissances et de faire des recherches sur la manipulation de la matière, de la couleur et de la texture en utilisant toute forme d'expression plastique. Au sein de l'atelier de l'artiste peintre Said Qodaid, Rafika Azzaoui se perfectionne et acquièrt une expérience dans une ambiance riche et prospère, avec un esprit d'échange et de partage, dans ce domaine paradoxal. Entre abstrait et surréalisme, Rafika Azzaoui se fraye un chemin en mélangeant textures pour en sortir lumière et relief dans un style dépourvu de toute forme de représentativité mais en gardant une certaine esthétique et une beauté de l'image. L'artiste peintre Rafika Azzaoui expose ses œuvres, ainsi que celles de feu son frère Hassan au Mega Mall de Rabat le mercredi 22 mai à 18H 30, l'exposition se poursuivra jusqu'au 26 mai 2013 *Vous êtes de formation et de profession architecte, le passage à la peinture a-t-il été simple, naturel? Effectivement, la formation d'architecte, qui est par essence une formation artistique, basée sur la sensibilité, l'observation et l'esprit de créativité a été pour moi un atout pour me lancer dans la peinture et la création artistique. Mon intérêt pour la peinture a commencé, en fait il y a quatre ans, quand je me suis inscrite à l'atelier de peinture dirigé par l'artiste peintre Said Qodaid, où j'ai pu exercer ma passion et externaliser ma vocation d'artiste peintre. *Vous vous définissez comme toujours apprentie. Pourtant, on ne peut vous qualifier d'autodidacte, la modernité de votre création picturale étant très avancée. La genèse de mes tableaux commence par une idée ou une image que j'initie d' abord dans mon atelier et que je finalise ensuite au sein de l'atelier de peinture. Au fil des années, j'ai acquis plus d'autonomie sans pour autant abandonner l'atelier dont l'ambiance est propice à la créativité et à l'épanouissement. *Quelle est votre approche, votre relation avec la matière? Mes toiles se démarquent par leur particularité au niveau pictural et en rapport avec la lumière. Je façonne la matière en récupérant, transformant et superposant matériaux et peinture. Avant de prendre le pinceau, je commence toujours mes tableaux par la création de reliefs en collant des matériaux aussi divers que le sable, le charbon, le bois ou le khol. Pour moi, la matière est indispensable sur la toile car elle permet de créer des effets, au hasard des mouvements des mains. *Votre palette vacille entre surréalisme et abstrait. Quelles sont vos grandes influences parmi les grands peintres de ce monde? Aussi bien les œuvres des peintres surréalistes comme Marcel Duchamp, Max Ernst, Pablo Picasso ou Abbès Saladi, que celles des peintres abstraits comme Gharbaoui, Cherkaoui, Rabii ou Soulages constituent pour moi des sources d'inspiration, sans pour autant privilégier une école ou une forme d'expression par rapport à une autre. En fait, je me laisse guider par les touches de mes pinceaux pour traduire et interpréter ce qui me passe par l'esprit. *A côté de vos œuvres, qui seront exposées au Mega Mall de Rabat mercredi prochain, figureront aussi celles de votre défunt frère Hassan. Parlez-nous de cette initiative et de l'œuvre de votre frère. Mon frère Hassan Azzaoui était un autodidacte qui peignait dans la plus grande discrétion et comme il était sensible, passionné et perfectionniste, il ne partageait sa passion qu'avec les plus proches de crainte de ne pas être apprécié. L'idée d'exposer ses œuvres m'est venue pour me permettre, ainsi qu' à sa famille et ses amis, de lui rendre cet hommage à titre posthume. L'exposition de ses œuvres n a été possible que grâce, notamment, à l'appui des responsables de Mega Mall que je tiens à remercier.