A constater le nombre impressionnant des touristes étrangers qui sillonnent les rues de Marrakech ou qui investissent la mythique place de Jemaâ El Fna, on se dit que pour nos hôteliers, la saison est déjà sauvée. D'ailleurs, cette impression trouvera sa confirmation dans les statistiques concernant les visiteurs qui ont atterri à l'Aéroport Marrakech - Ménara au mois d'Avril avec un pic de plus de 200 000 passagers. Pourtant, une simple visite de ces dizaines d'hôtels classés vous rendra à l'amer évidence, la quasi-totalité se morfonde dans l'abandon. Mais alors où sont passés les présumés 200 000 passagers officiellement déclarés ? La réponse est simple, ne souffrant d'aucun doute. Ce sont bien les maisons d'hôte qui ont raflé la mise à leurs homologues. Vous nous direz qu'elles n'ont pas la capacité litière pour abriter tout ce monde ! Et bien si. Marrakech en pilule. Il n' y a pas de derbs, de rues, de ruelles ou de quartiers qui n'abritent dans son sein, au bas mot, 4 ou 5 unités. Dans la banlieue leur nombre dépasse de loin celui des modestes maisons des indigènes. Au rythme où ces maisons d'hôte poussent, sans prendre la peine de déclarer leur identité, encore moins leur vocation, elles sont en train de battre le record, en termes de réalisations de projets informels C'est peu dire que, à Marrakech plus qu'ailleurs, c'est le phénomène de cette décennie. Toujours est-il que ce sont d'importants investissements porteurs de postes d'emploi et servant d'appoint aux hôtels pour peu qu'elles s'inscrivent dans la légalité, c'est-à-dire qu'elles se conforment au cadre régissant ce mode d'hébergement de location. Ce qui n'est pas le cas pour la plupart qui exerce dans la clandestinité, en accueillant des réservations on line, prenant de vitesse les réservations classiques qui restent l'apanage des hôtels. Se faisant, ces maisons d'hôtes ratissent large, se procurant le beurre et l'argent du beurre au nez et à la barbe des agents du fisc et des autorités locales qui sont dépassés par les événements pour avoir, pris du retard sur le rush effréné de ces habitations. Il n'est qu'à jeter un coup d'œil à l'espace d'accueil de l'Aéroport Marrakech - Ménara et voir le nombre impressionnant d'écriteaux des différentes adresses des maisons d'hôte en annonce aux passagers à leur arrivée pour s'en convaincre. Ils sont si nombreux que les invités auront du mal à distinguer dans l'imbroglio d'adresses annoncées, la destination souhaitée. Aussi la première impression, qui se dégage au visiteur à son arrivée est celle d'un souk où les acteurs jouent du coude pour être les premiers à se servir. Vous conviendrez bien que c'est une image rétrograde qui mérite un recadrage de la part de la direction de l'Aéroport Marrakech - Ménara en leur aménageant des comptoirs dédiés à l'accueil de leurs clients. Mais ça n'est pas le plus important. Ce qui urge, c'est plutôt l'identification de ces maisons d'hôtes, leur recensement et leur classement selon les normes en vigueur pour suivre de très près leurs activités et surtout disposer du fichier de leurs invités. Nous craignons qu'un jour ou l'autre, un événement dramatique, à Dieu n'en plaise, survint pour nous arracher à notre torpeur. C'est alors que tout le monde crierait haro sur l'hébergement informel et les campagnes systématiques de contrôle qui surgissent dans de pareilles circonstances, ouvriraient le feu sur tout ce qui s'appelle maison d'hôte, sans ménagement. Ne faut-il pas anticiper et procéder au tri de l'ivraie du bon grain dans la sérénité ?