Aussi étrange que cela puisse paraître, le secteur touristique connaît à Marrakech une anarchie sans précédent et c'est surtout l'hôtellerie qui en est la plus grande victime. Dans la ville ocre plus qu'ailleurs, le nombre des maisons d'hôtes et des appartements meublés non déclarés est impressionnant au point que les pouvoirs publics sont incapables de les recenser. Il y a 3 ans, on avançait le nombre de 650 maisons d'hôtes inscrites auprès des services compétents concernés, aujourd'hui elles sont plus de 2000 à exercer dans la clandestinité, échappant au contrôle fiscal et engrangeant le beurre et l'argent du beurre. L'oseille, elles l'encaissent en devises à l'étranger. Inutile de vous expliquer que l'informel finit toujours par tuer les activités qui travaillent dans la légalité et la transparence. C'est ce qui vient d'arriver à nos hôtels. Normal que le client préfère prendre une chambre à 400 DH, passant incognito, sans avoir à s'acquitter des formalités policières et administratives, libre de ses mouvements et de la circulation de ses «invités» de nuit, au lieu de débourser le double et d'être comptable de ses actes devant l'administration de l'hôtel. Devant le silence des autorités locales, le nombre des maisons d'hôtes ne cesse d'augmenter et leurs activités touchent désormais à tous les services, même l'organisation des cérémonies des mariages ne leur échappe plus. Mais voilà qu'elles sont maintenant sérieusement concurrencées par la présence massive des appartements meublés à des coûts dérisoires tournant autour de 150 DH la nuitée, ce qui fait le bonheur des familles nombreuses et le malheur des hôteliers déjà écrasés sous le poids des taxes, des créances, des quittances d'eau et d'électricité, de la masse salariale et pour boucler la totale, la désaffection des visiteurs étrangers en raison de la crise financière que tout le monde connaît. Avouez que si cette anarchie profite à ses auteurs, elle nuit considérablement à la régulation du secteur touristique et fait perdre à l'Etat des milliards de centimes à cause de son incapacité à pouvoir remettre de l'ordre dans la maison. N'est-il pas temps d'affronter de face ce secteur avant que la situation ne dégénère et ne devienne intenable ?