La Corée du Nord dit avoir entériné le principe d'une attaque potentiellement nucléaire contre les Etats-Unis, qui ont décidé de déployer un système de défense antimissile sur l'île de Guam, dans le Pacifique, face à ce danger «clair et réel». Pyongyang considère que l'actuelle démonstration de force de l'armée américaine autour de la péninsule coréenne dans le cadre de manœuvres militaires conjointes avec la Corée du Sud constitue le prélude d'une éventuelle attaque nucléaire contre la Corée du Nord. En conséquence, le régime communiste nord-coréen a «ratifié» le principe d'une offensive contre les Etats-Unis, potentiellement à l'aide d'une frappe nucléaire. «L'opération impitoyable de ses forces révolutionnaires armées à ce sujet a été finalement étudiée et ratifiée», a déclaré un porte-parole de l'état-major de l'armée nord-coréenne dans un communiqué diffusé par le service anglais de l'agence de presse officielle KCNA. «Le moment de l'explosion approche rapidement. Personne ne peut dire si une guerre va éclater ou non en Corée ni si elle va éclater aujourd'hui ou demain», ajoute KCNA. Malgré des décennies de recherches en la matière, la Corée du Nord ne sera pas capable avant plusieurs années d'atteindre le continent américain au moyen d'une arme nucléaire, jugent les experts. La Corée du Nord a déjà menacé les Etats-Unis d'une frappe nucléaire et de tirer des missiles sur leurs bases militaires dans le Pacifique, notamment sur l'île de Guam. Ces menaces ont été proférées après l'adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord en raison de son troisième essai nucléaire en février. Le Pentagone Déploiement d'un système US de défense antimissile à Guam La Corée du Nord a aussi fermé mercredi l'accès à la zone industrielle de Kaesong exploitée conjointement avec la Corée du Sud à la frontière entre les deux pays, toujours techniquement en guerre depuis le cessez-le-feu conclu à l'issue du conflit de 1950-53. Mardi, elle a annoncé le redémarrage du réacteur nucléaire de Yongbyon, en sommeil depuis 2007, capable de produire du plutonium à usage militaire. «Certaines des initiatives qu'ils ont prises au cours des dernières semaines représentent un danger clair et réel», a déclaré mercredi le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, lors d'une intervention à l'université de défense nationale à Washington. Le Pentagone a annoncé le déploiement d'un système de défense antimissile à Guam dans les prochaines semaines. Ce système THAAD (Terminal High Altitude Area Defense) comprend un lanceur de missiles mobile, des missiles intercepteurs, un radar et un système de mise à feu intégré. En mars, Chuck Hagel avait déjà annoncé le déploiement de 14 intercepteurs de missiles supplémentaires en Alaska et l'installation d'un deuxième radar antimissile au Japon. Les Etats-Unis ont en outre récemment positionné deux destroyers équipés de missiles dans le Pacifique-Ouest. Malgré sa rhétorique belliqueuse, la Corée du Nord ne montre aucun signe concret de préparatifs à un conflit armé, a déclaré lundi la Maison blanche. «Nous prenons ces menaces au sérieux», a cependant déclaré Chuck Hagel mercredi. «Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir, avec les Chinois et d'autres, pour désamorcer la situation dans la péninsule.» La Chine, principal partenaire de la Corée du Nord sur la scène internationale, a exprimé mercredi ses «vives préoccupations» au sujet de la situation sur la péninsule coréenne.