“Comment rendre durable le développement urbain de mégapoles comme intégrant l'agriculture ?" La réponse à cette interrogation, qui n'est pas des moindres, a fait, à Casablanca, du 27 février au 2 mars, l'objet d'un colloque international sur la contribution de l'agriculture urbaine au développement des mégapoles émergentes. Inscrit dans le cadre du projet maroco-allemand ‘'L'agriculture urbaine comme facteur intégratif d'un développement urbain optimisé au climat de Casablanca'' et ambitionnant de développer des visions et des stratégies communes pour favoriser un développement urbain intégré et durable, ce colloque a aussi traité des résultats du projet UAC (Agriculture Urbaine à Casablanca) devant s'achever ce mois de mars et a permis aux différents participants et intervenants, acteurs locaux et scientifiques de différentes mégapoles mondiales de débattre des perspectives du projet UAC à travers les initiatives enclenchées, en ce sens, dans le Grand Casablanca. Il s'agit, au fait, de quatre projets qualifiés de pilotes et se rapportant à l'industrie (technopole de Nouaceur), à l'habitat informel (Douar Oulad Ahmed), au tourisme (Vallée Oued El Maleh) et à la production alimentaire saine (ferme pédagogique à Dar Bouazza). Cf. : L'OPINION du 1/3/2013. Aussi, convient-il d'apporter dans le cadre de ce genre de projet quelques précisions. D'une part, par agriculture urbaine, il faut entendre toute forme de production agricole, formelle ou informelle, au sein d'une ville. Et en termes de centres de croissance urbains, la ville équivaut à la région urbaine. D'autre part, le projet UAC ne s'est pas limité uniquement à l'aspect académique et/ou à la réflexion et n'est nullement fondé sur un quelconque transfert de connaissances en la matière, mais s'est plutôt basé sur une sorte de création conjointe du savoir relatif aux habitants urbains dans la perspective de dégager et mieux entretenir les synergies existantes entre l'agriculture et certaines activités de la ville. En d'autres termes, faire de l'agriculture urbaine facteur intégratif d'un développement urbain D'autant plus que, sous l'effet d'un certain nombre de contraintes dont, entre autres, une croissance démographique et spatiale galopante conjuguée à des espaces de plus en plus fragmentés et à des fractures sociales de plus en plus grandissantes... les mégapoles de demain, y compris le Grand Casablanca, seront nécessairement amenées à relever un certain nombre de défis et à répondre à certaines problématiques qui ne seraient pas des moindres dont des conditions de vie décentes et un environnement viable. Partant de ce constat, tout le monde s'accorde à dire que le fait d'anticiper ce genre de problématique revient à trouver des réponses intelligentes et surtout inclusives qui auraient fort probablement à explorer des pistes jusqu'ici ignorées ou peu prises en considération. Et c'est justement en ce sens qu'en termes de la corrélation mégapoles-agriculture, le futur est envisagé sous un autre angle qui tient compte de nouvelles notions telles que les systèmes d'espaces ouverts productifs, ou les méthodes de production alimentaire urbaine. Depuis cette prise de conscience, le débat relatif aux systèmes d'espaces ouverts potentiels pour l'extension des centres urbains connaît une nouvelle tournure. Et ces systèmes ne sont plus perçus comme des surfaces de compensation écologique, mais plutôt comme surfaces à même de procurer des possibilités de nourrir la ville. Et à ce niveau, un certain nombre d'interrogations surgit et porte sur le comment traiter la notion de liens urbain-rural au sein d'une région urbaine? Et quelles interactions positives entretenir entre la ville et l'agriculture? En d'autres termes, comment aboutir à des synergies qui auraient à gérer les systèmes alimentaires locaux, la réutilisation des ressources urbaines telles que les déchets solides et les eaux usées, les aspects socio-économiques, les loisirs... A l'image des autres mégapoles, la Région de Casablanca n'échapperait pas à la règle observée un peu partout dans le monde et au sein du programme de recherche intitulé “Les Mégapoles de Demain", Casablanca a eu l'opportunité d'élaborer de nouvelles idées, en vue de la mise en œuvre d'un développement urbain qui se veut durable. A cet effet, le projet « Urban Agriculture Casablanca » envisage l'intégration de zones agricoles au développement urbain, et la conceptualisation de l'agriculture urbaine comme une infrastructure verte productive dans la perspective d'apporter des réponses viables aux modèles spatiaux en mutation, dans les centres à forte croissance urbaine. En ce sens, le colloque ICUA-CASA 2013, organisé par l'Université Technique de Berlin et l'Association de Recherche Action pour le Développement Durable du Grand Casablanca (ARADD) avec le soutien des partenaires du projet UAC, se veut un espace d'échanges d'expériences et de savoir-faire. En d'autres termes, la portée du projet consiste en une étude basée sur l'exemple de la région urbaine de Casablanca (« Grand Casablanca ») concernant la manière dont l'agriculture pourrait être intégrée dans la structure urbaine, et dans le processus de développement urbain, ainsi que la manière selon laquelle elle devrait être configurée afin de contribuer à un développement urbain durable, et optimisé au climat, et ce, en tant qu'infrastructure multifonctionnelle. Et c'est d'ailleurs ce qu'a tenté d'expliciter, lors de ce colloque, Mme Undine Giseke, directrice du projet UAC (de l'université technique de Berlin), pour qui le Grand Casablanca, la région urbaine la plus vaste et la plus peuplée du Royaume, a été choisi comme archétype de la manière dont les sphères rurale et urbaine se chevauchent à différentes dimensions - spatiale, fonctionnelle, économique et culturelle - pour offrir les services de zones vertes et d'alimentation de la ville. Et c'est ce qu'a aussi tenté d'expliquer le président de l'association pour le développement durable du Grand Casablanca (ARADD), M. Fouad Amraoui, en relatant les quatre projets pilotes qui ont été développés dans le Grand Casablanca, dans le cadre du projet Urban Agriculture Casablanca (UAC). Pour le président de l'ARADD, le projet UAC ne s'est pas limité à l'aspect académique et à la réflexion, mais s'est décliné sur le terrain par des actions pratiques à travers les quatre projets pilotes qui expérimentent les synergies existantes entre l'agriculture et certaines activités de la ville.