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OMAR BERRADA, DIRECTEUR DE LA COLLECTION DAR AL MA'MOUN « DK Editions publiera, « Le voleur de mémoires » et « La septième porte - histoire du cinéma marocain », œuvres inédites de Ahmed Bouanani »
Omar Berrada est co-directeur de Dar al-Ma'mûn et directeur de la collection Dar al-Ma'mûn chez DK éditions qui vient de publier « L'Hôpital » de Ahmed Bouanani (sur notre photo)et s'engage à éditer une traduction de ce roman et surtout la publication des inédits du regretté poète et cinéaste marocain. Entretien : -Qu'est-ce qui a présidé au choix de «L'Hôpital» comme premier texte pour inaugurer votre collection Dar al-Ma'mûn et qui est réédité avec Dar al Kitab 22 ans après une première édition par Dar Al Kalam? -Dar al-Ma'mûn est une bibliothèque située près de Marrakech, ainsi qu'un centre international de résidences pour artistes, chercheurs et traducteurs. Les travaux des traducteurs et des chercheurs que nous accueillons explorent essentiellement deux domaines : la littérature marocaine ou plus généralement maghrébine, et les écrits théoriques sur l'art, notamment sur les arts contemporains. En lien avec ces travaux, la collection Dar al-Ma'mûn, chez DK éditions (Dar el Kitab), se donne pour objectif de publier des textes de haut niveau, sous forme de livres graphiquement très soignés et vendus à des prix abordables. Elle ambitionne de redessiner à sa façon les lignes de la modernité littéraire et artistique marocaine, en mettant en avant des auteurs injustement méconnus. Ahmed Bouanani est de ceux-là. L'hôpital, seul roman qu'il ait publié de son vivant, est un chef d'œuvre. En cent pages, nous entraînant dans l'univers clos d'un hôpital avec un phrasé et une virtuosité verbale qui ne sont qu'à lui, il dit plus et mieux sur le Maroc des années de plomb que la majorité de ce qui s'est écrit depuis l'indépendance. -Quel programme à venir pour la publication des inédits de Ahmed Bouanani surtout qu'on parle de manuscrits importants comme «Histoire du cinéma marocain» et «Le Voleur de mémoire? -Si Bouanani a peu publié de son vivant, il a en revanche beaucoup écrit. Sa fille Touda s'emploie avec énergie et dévotion à répertorier, préserver et diffuser les manuscrits qu'il a laissés. DK éditions a l'intention de continuer à faire découvrir ou redécouvrir l'œuvre multiforme de Bouanani, en publiant des inédits. Notamment, pour l'année qui vient, Le voleur de mémoires et La septième porte - histoire du cinéma marocain. Le voleur de mémoires est un long roman en trois volumes, où la saga d'une famille recoupe l'histoire du Maroc sur une bonne partie du vingtième siècle. On voyage de la campagne à la ville, de génération en génération, depuis avant le Protectorat et jusqu'aux années 70. Ici la biographie rencontre l'histoire et la mémoire de l'individu rencontre celle de tout un peuple. Par ailleurs, on reconnaît dans ce livre plusieurs personnages du long métrage d'Ahmed Bouanani intitulé Mirage (1979), chef-d'œuvre incontesté du cinéma marocain. La publication du Voleur de mémoires rétablira des chaînons manquants dans la réception d'une œuvre dont les thèmes et les formes circulent non seulement de livre en livre, mais également entre l'écriture et le cinéma. Dans La septième porte, Bouanani écrit une histoire du cinéma marocain depuis les premiers films de l'époque du Protectorat jusqu'aux années 80. Ahmed Bouanani ne fait pas simplement l'histoire des films. Il fait aussi celle des spectateurs, des salles, des institutions de production et de distribution. Il dresse des chronologies précises, précieuses et éclairantes. Il consacre de courts chapitres à des questions spécifiques ou à des personnages singuliers, notamment quelques pages bouleversantes sur Mohamed Ousfour. Ce livre est un témoignage indispensable et rigoureux par une figure essentielle du cinéma marocain. -Comment s'énonce le programme des traductions? Ahmed Bouanani n'a jamais été traduit en arabe. Il nous a donc semblé important de publier une traduction arabe de « L'hôpital », qu'a réalisée le jeune écrivain Mohamed El Khadiri et qui paraîtra ce printemps. Plus tard dans l'année, nous publierons les traductions arabes du « Partage du sensible » et du « Spectateur émancipé », deux livres fondamentaux du philosophe français Jacques Rancière qui s'attachent à analyser et à redéfinir les rapports entre l'art et la politique. Par la suite, nous comptons publier des traductions françaises de certains auteurs marocains arabophones qui restent trop peu connus en français.