Le réalisateur et poète Ahmed Bouanani est décédé dimanche 6 février à Aït Oumghar, près de Demnate à l'âge de 73 ans. Cinéaste accompli, poète et romancier talentueux, Bouanani a décidé de «s'exiler» à Demnate en 2003, date à laquelle il a perdu sa fille, suite à un incendie qui avait ravagé son appartement à Rabat. Nombreux sont ceux qui ne connaissent pas Bouanani. Peu médiatisé, le défunt a pourtant marqué l'histoire du cinéma marocain. Lauréat de l'IDHEC (Institut des hautes études cinématographiques de Paris), il a réalisé «Le mirage» en 1979. Un long- métrage considéré aujourd'hui comme l'une des dates marquantes du 7e art marocain. Un artiste silencieux Bouanani a aussi travaillé comme monteur et scénariste sur plusieurs films marocains, notamment «Traces» de Hamid Bennani en 1970 et «Cheval de vent» de Daoud Aoulad Syad. D'ailleurs, il a publié il y a 11 ans, un livre de poèmes et de photographies «Territoires de l'instant» en collaboration avec Aoulad Syad. Mais Ahmed Bouanani était surtout un écrivain et un poète hors pair. Ses poèmes ont été publiés dès les années 1960 dans la célèbre revue «Souffles». Un premier recueil «Les Parisiennes» a vu le jour en 1980. Dix ans après, Bouanani qui n'a cessé d'enrichir le paysage cultuel marocain, signe son premier roman «L'hôpital». D'autres écrits ne verront jamais le jour, notamment «Le voleur de mémoire» ou encore une «Histoire du cinéma au Maroc depuis 1900». L'œuvre de Bouanani parlait pour lui, sa discrétion et son silence étaient le signe d'un créateur exigeant qui avait une vision sur le cinéma et l'art en général. Une vision qui faisait de lui l'un des intellectuels marocains les plus convaincants.