Quelques 25 tonnes d'Ammonitrates se sont volatilisées dernièrement du port Jorf Lasfar à bord d'un camion dans des conditions confuses. Contrairement à ce qui a été rapporté par un quotidien arabophone avançant l'arrestation du chauffeur du camion et la récupération du produit, les services de police sont toujours sur le qui vive et poursuivent leurs recherches. La gravité de la nature du vol a aussi mobilisé d'autres services. La présence dans les lieux de plusieurs dizaines d'éléments de la BNPJ que ce soit à Zémamra ou à Sidi Bennour semble corroborer cette thèse. La police mène une folle course contre la montre dans l'espoir de mettre coûte que coûte le grappin sur les présumés auteurs de ce vol un peu spécial et les déférer devant la justice. Le lundi 4 février dernier, un camion se serait introduit au port Jorf Lasfar, sans être contrôlé au portail principal, rapportent des sources concordantes. La machine avait par la suite regagné l'entrepôt d'une entreprise spécialisée dans la commercialisation des engrais chimiques importés, avant d'y embarquer une quantité d'Amonitrate (33,5), estimée à environ 25 tonnes et quitter le port, exactement de la même façon dont il y est rentré...vers une destination inconnue. L'entreprise objet de cet incroyable vol n'avait saisi la police que deux semaines plus tard, ce qui a en quelque sorte compliqué la tâche des enquêteurs qui, depuis, mènent leurs investigations dans une totale discrétion Certains observateurs n'écartent pas la possibilité selon laquelle le camion en question aurait réussi à déjouer la vigilance de la polices, probablement grâce à une fausse plaque minéralogique, mais les portes restent ouvertes à toutes autres supputations... La gravité de ce vol un peu unique en son genre, ne réside pas dans l'importance de son évaluation en devises, mais surtout dans les gros risques que toute cette quantité d'Ammonitrates représente en cas d'explosion. En effet, les nitrates d'ammonium ou Ammonitrates (AM), expliquent des spécialistes, sont fabriqués à base d'acide nitrique (HNO3), et d'ammoniaque (NH3). Les nitrates d'ammonium n'explosent que lorsque certaines conditions sont concomitamment réunies, en l'occurrence un apport en chaleur variant entre 160 et 200°, et une étincelle pour provoquer l'explosion. Une étincelle de feu causée par une cigarette ou un court-circuit. La chaleur peut provoquer une violente combustion ou explosion. La substance se décompose alors en chauffant fortement ou en brûlant, dégageant des fumées toxiques. La manipulation des ammonitrates dont la formule chimique est NH4NO3, expose les ouvriers à des maladies. Le risque est accru lorsque les conditions de sécurité ne sont pas respectées. Le transport de cette substance chimique très sensible, utilisée comme fertilisant agricole, et son acheminement à bon port, doivent s'opérer conformément aux dispositions sécuritaires fort requises. Personne n'est encore prêt d'oublier l'explosion d'un stock de nitrate d'Ammonium, survenue dans l'usine AZF de Toulouse en France le 21 septembre 2001, faisant 31 morts et 2 500 blessés et de lourds dégâts matériels. D'où l'urgence d'élucider le plus vite possible cette affaire des 25 T d'Ammonitrates qui se sont volatilisés au grand jour au port Jorf Lasfar, où le dispositif sécuritaire est sensé être on ne peut optimal, pour parer à toute grave défaillance de la sorte, mais aussi pour l'image de marque du pays et celle l'un des ports les plus prestigieux du continent africain. Affaire à suivre !