L'industrie automobile est en pleine expansion au Maroc même si elle est relativement jeune, comparée à d'autres secteurs d'activité. Tel est, en tout cas, le constat de l'Observatoire de l'Entrepreneuriat dressé dans sa nouvelle étude sectorielle sur les équipementiers automobiles. En effet, et jusqu'à 2012, poursuit la même source, la SOMACA, créée en 1959, assemblait la quasi-totalité des voitures particulières et des utilitaires légers produits dans le pays. Les équipementiers automobiles se comptaient également sur les bouts des doigts. Selon l'ODE, c'est grâce au Plan Emergence que plusieurs sous-traitants étrangers commencent à s'installer au Maroc. Cette stratégie a également favorisé l'émergence de nouveaux équipementiers marocains. Lancée en 2005, et revue en 2009, cette stratégie est basée en effet sur un cadre incitatif et attractif, une infrastructure dédiée dans le cadre de plates-formes industrielles intégrées, ainsi qu'un plan de formation de qualité, focalisé sur les métiers prioritaires du Maroc (câblage, emboutissage, traitement de surface, construction automobile et de spécialité...). Afin d'attirer les équipementiers de renom et faire du Royaume une plate-forme de production pour les donneurs d'ordres européens, le Pacte National pour l'Emergence Industrielle (PNEI) a instauré un cadre incitatif attractif pour les industriels de l'automobile via le statut de zone franche offrant une exonération totale de l'IS pendant les cinq premières années d'exercice, suivi d'un plafonnement à 8,75%. Par ailleurs, des aides à l'installation à hauteur de 10% du montant total de l'investissement sont octroyées aux entreprises. Dans le cadre aussi du PNEI, l'Etat a également développé une infrastructure industrielle visant la mise en place de parcs de nouvelle génération appelés « plates-formes industrielles intégrées» (P2I) dédiées aux métiers de l'automobile. En plus de la zone franche de Tanger, deux parcs ont été aménagés : Atlantic Free Zone à Kénitra sur une superficie de 345 Ha et Tanger Automotive City sur 260 Ha. Ayant le statut de zones franches, ces plates-formes bénéficient de mesures fiscales et douanières attrayantes. En outre, l'aménagement de ces zones constitue une opportunité indéniable pour les équipementiers qui s'y s'installent. La proximité du port Tanger Med, principale porte de sortie de la production nationale en équipement automobile, représente un atout majeur pour les exportateurs. Le PNEI met également à la disposition des industriels un dispositif de développement des ressources humaines qualifiées à travers un système d'aide aux opérateurs dans leurs efforts de formation à l'embauche et un plan de formation adapté aux besoins du secteur de l'Automobile. Selon les analystes de l'ODE, près de 40 millions d'euros ont déjà été investis dans la création de quatre Instituts de formation avancée aux métiers de l'automobile (IFMIA), dont le premier est directement géré par Renault à Tanger. Inauguré en mars 2011, et doté d'un investissement global de 7,8 millions d'euros, cet établissement vise à assurer au personnel des formations à l'embauche et des formations continues en vue de répondre aux besoins en compétences de Renault Tanger Méditerranée. Les équipementiers locaux bénéficient, au même titre que les sous- traitants étrangers, des avantages prévus par le PNEI. De plus, et au-delà de l'accord signé en 1995 entre l'Etat et la SOMACA visant un taux d'intégration de 50%, plusieurs autres actions ont été engagées par le gouvernement afin de convaincre les équipementiers locaux de s'inscrire dans un programme de mise à niveau. L'objectif est de transformer les équipementiers nationaux en fournisseurs pour Renault. Par ailleurs, et au démarrage du site à Tanger, l'Etat a exigé au constructeur français de porter le taux d'intégration locale de 40% au démarrage à 60-65% à terme afin d'encourager davantage les équipementiers locaux. Dans le même ordre d'idées, l'Observatoire souligne que l'activité de certains équipementiers automobiles marocains n'est pas orientée exclusivement vers l'industrie automobile. En effet, les opérateurs locaux se diversifient dans de nouveaux métiers complémentaires ou associés à leur activité de base. Objectif : fournir une offre complète à leurs clients et limiter les risques liés à l'irrégularité des commandes des donneurs d'ordre aussi bien locaux qu'étrangers. Autre élément important soulevé dans l'étude de l'ODE : les exportations de l'industrie de l'automobile continuent d'évoluer sur un trend haussier. En effet, et après le pic de 53% enregistré en 2010, elles ont réalisé une hausse de près de 21% en 2011 pour atteindre 22,2 milliards de DH, soit 13,3% des exportations globales du Royaume. De même, la mise en œuvre de la stratégie Emergence a contribué favorablement à l'amélioration des investissements dans le secteur automobile au Maroc. Ainsi, l'annonce de l'implantation d'une usine Renault à Tanger a suscité l'intérêt de plusieurs équipementiers aussi bien nationaux qu'internationaux. Par ailleurs, l'emploi dans le secteur secondaire entre 2009 et 2011 a été tiré principalement par les composants automobiles et le projet Renault. En effet, l'industrie automobile a créé près de 31.500 emplois sur les 70.000 postes prévus à l'horizon 2015, soit une croissance annuelle de +32%, portant le nombre total des employés du secteur à 54.589 personnes. A noter enfin que l'Asie (Inde et Chine) s'accapare près de 50% de la production mondiale, suivie de l'Europe avec 26% et enfin de l'Amérique (22%).