Le marché mondial du gaz naturel est actuellement excédentaire. Tel est le nouveau constat du CEDIGAZ, une association professionnelle en la matière regroupant plus d'une centaine de membres dans 40 pays, dressé dans son rapport : « Perspectives des marchés du gaz naturel ». « Le gaz naturel est appelé à jouer un rôle crucial dans la transition énergétique mondiale, en raison notamment de son abondance, de ses performances énergétiques et environnementales et de sa complémentarité avec les énergies renouvelables », souligne CEDIGAZ. En 2012, poursuit la même source, la production gazière restait soutenue dans la plupart des régions, mais c'est sans nul doute en Amérique du Nord qu'elle s'accroît le plus rapidement. « Pour la deuxième année consécutive, l'accroissement mondial de la production s'explique en grande partie par les États-Unis, où la production des gaz non conventionnels continue sa progression, à un rythme cependant moins élevé qu'en 2011 », souligne CEDIGAZ. De son côté, la consommation mondiale de gaz devrait, elle-aussi, s'accroître rapidement. CEDIGAZ l'attribue essentiellement à trois facteurs : développement des gaz non conventionnels (États-Unis), impact de la catastrophe de Fukushima (Japon) et essor des marchés émergents (Chine). Dans le même sillage, CEDIGAZ note que la consommation aux Etats-Unis pourrait, au bout du compte, croître de plus de 4 %, en raison de la hausse considérable de l'utilisation du gaz dans le secteur électrique, conséquence des prix du gaz plus compétitifs par rapport au charbon. Quant à la Chine, sa consommation devrait augmenter de plus de 13 %. En revanche, la consommation européenne devrait, pour la deuxième année consécutive, enregistrer une baisse de 3%. Cette baisse trouve son explication dans deux principaux facteurs : difficultés économiques qui impactent l'activité industrielle, et forte concurrence que subit le gaz avec le charbon dans le secteur électrique. CEDIGAZ, basée à Paris, fait savoir, par ailleurs, que le gaz deviendra la deuxième source d'énergie primaire en 2025, juste derrière le pétrole, en atteignant 25% du mix énergétique. Sa demande dépasse celle du charbon avant 2030. Au Maroc, le renforcement de l'utilisation du gaz naturel dans le cadre d'un projet intégré constitue d'ailleurs un choix stratégique et économique de premier plan. Un projet qui s'inscrit dans le cadre de la stratégie énergétique nationale visant la diversification des sources et des formes de l'énergie et une énergie au moindre coût. « Nous pensons qu'il est opportun d'augmenter la part du gaz dans notre bouquet énergétique. Ceci passera notamment par un projet de mise en place d'un terminal de gaz naturel liquéfié (GNL), avec tout le réseau de distribution», avait souligné Fouad Douiri, ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement, en novembre 2012 à Paris, à l'occasion du Forum ministériel de gaz. « C'est un investissement important que le Maroc compte faire en partenariat entre le secteur public et le secteur privé », avait-t-il ajouté, précisant que ce terminal devrait se situer dans la région de Jorf Lasfar, près d'El Jadida. « Après la conception générale, ce projet est actuellement en phase d'étude détaillée et devra nécessiter une législation », avait-t-il indiqué, notant qu'un projet de loi devant réguler ce secteur est en cours d'élaboration. « Il s'agira d'un cadre attrayant, cohérent et clair afin de donner la visibilité nécessaire aux opérateurs et aux investisseurs, d'accélérer la réalisation des projets de développement du gaz naturel et de protéger les intérêts des consommateurs », a-t-il précisé. La prochaine plateforme d'importation de GNL devrait permettre au pays d'assurer ses besoins en la matière, grâce à une combinaison entre le gaz naturel importé via le Gazoduc Maghreb-Europe et la regazéification dudit gaz liquide. Ces dispositions permettront en particulier de rassurer et d'encourager les investisseurs et d'assurer une ouverture progressive, la concurrence et le bon fonctionnement du marché. Toujours en novembre, cette fois-ci à Casablanca, lors d'un Colloque international sur le gaz naturel, M. Douiri avait rappelé que le gaz naturel est, à travers le monde, la seule source d'énergie fossile dont la consommation augmentera dans les prochaines décennies. Il a ajouté qu'en plus du secteur électrique, le développement du gaz naturel pourra constituer pour les industries marocaines une source d'énergie plus propre et plus compétitive. Pour sa part, Moulay Abdallah Alaoui, président de la Fédération de l'Energie relevant de la CGEM, avait indiqué que la demande nationale de gaz, estimée actuellement à quelque 5 milliards de mètres cubes, devrait être multipliée par deux à l'horizon 2030. A rappeler aussi que le Maroc et l'Algérie ont signé, en 2011, un contrat commercial portant sur la livraison de gaz naturel algérien destiné aux centrales d'Aïn Béni Mathar et de Tahaddart. Ce contrat porte sur la livraison d'un volume de 0,64 Gm3 (640 millions de m3) par an sur une durée de 10 ans. Alors qu'il ne représente actuellement que 4% de la consommation d'énergie du Maroc et 11% de sa capacité de production d'électricité, le gaz, avec un environnement favorable, devrait doubler le charbon à l'horizon 2030 pour la deuxième place. Il serait de 3 milliards de m3 en 2017 et de 8 milliards de m3 en 2023, largement porté par le secteur électrique. La consommation marocaine d'énergie croît à un rythme élevé, de l'ordre de 7% par an. Elle est assurée à plus de 60% par les produits pétroliers, suivis du charbon (26%) de l'hydroélectricité (très sensible aux aléas climatiques, entre 1,6 et 4,5% selon les années depuis 1980), du gaz et des énergies alternatives (éolienne et solaire) qui ont fait leur apparition dans le bilan énergétique marocain en 2008. Les réserves mondiales de gaz naturel sont évaluées à 187,49 milliers de milliards de m3. Plus de 60% de ces réserves sont concentrées en Russie et au Moyen-Orient. La Russie est le pays qui a plus de réserves de gaz naturel au monde, avec 44,38 milliers de milliards de m3, soit 23,7% des réserves mondiales connues. La deuxième position revient à l'Iran, avec 29,61 milliers de milliards de m3, soit 15,8% des réserves mondiales. Puis, le Qatar, avec 25,37 milliers de milliards de m3, soit 13,5% des réserves mondiales.