Les dirigeants de l'opposition au président Bachar al Assad, réunis au sein de la Coalition nationale syrienne, ont progressé jeudi au Caire dans leurs discussions en vue de former un gouvernement de transition, a-t-on appris auprès des délégués. La soixantaine de délégués rassemblés depuis mercredi dans un hôtel de la capitale égyptienne sont soucieux d'asseoir leur crédibilité auprès des puissances étrangères et des groupes insurgés qui combattent en Syrie. La création d'une instance dirigeante en mesure d'assumer le pouvoir à Damas est essentielle pour que s'exprime de manière efficace le soutien des pays arabes et occidentaux aux insurgés après vingt mois de conflit armé. Après des débats difficiles au premier jour de la réunion, les délégués ont discuté jeudi d'un projet de constitution interne, première étape vers la formation d'un gouvernement, selon une procédure appuyée par les Occidentaux et les pays du Golfe. Les Frères musulmans ont confirmé leur position de force au sein de la coalition. Avec leurs alliés, ils ont plaidé pour que le futur Premier ministre et le gouvernement soient désignés à la majorité simple, non à la majorité des deux tiers. «On dirait que la constitution interne va être décidée sans véritable discussion. Les Frères ont le Qatar derrière eux et ils obtiennent tout ce qu'ils veulent», a dit un délégué qui a requis l'anonymat. Pour la déléguée druze Rima Fleihan, le futur gouvernement provisoire pourrait ne compter que «quatre ou cinq membres». Elle a souligné que ce futur gouvernement refusera de négocier une transition politique en Syrie tant que Bachar al Assad sera au pouvoir, une condition qui ne figure pas dans les propositions internationales pour tenter de mettre fin au conflit. «La coalition ne veut rien entendre d'un processus politique qui prévoirait des discussions avec le régime, garderait Assad et son appareil de sécurité et ne leur demanderait pas des comptes pour les 50.000 morts» du soulèvement, a poursuivi Rima Fleihan. «NOUVEL ESPRIT DE COOPÉRATION» Un autre membre de la Coalition nationale, Kamal Labouani, a souligné la nécessité pour la nouvelle instance de l'opposition de se mettre d'accord sur son fonctionnement interne avant de traiter avec les pays étrangers. Il a dit souhaiter un gouvernement composé de personnalités politiques en mesure de négocier avec les puissances étrangères, alors que d'autres délégués pencheraient plutôt pour une équipe de «techniciens». «Depuis le début des discussions hier, on constate un nouvel esprit de coopération. Nous sommes tous d'accord pour dire que Bachar et les symboles du régime doivent partir avant qu'on puisse lancer un processus de transition politique. Ce qu'il nous faut, c'est un plan de travail», a expliqué Kamal Labouani. De sources proches de la réunion, on indique que le nombre des délégués au sein de la Coalition pourrait passer d'une soixantaine à environ 80, afin d'intégrer notamment de nouveaux représentants des minorités. Michel Kilo, un chrétien qui milite depuis de nombreuses années dans l'opposition, ne participe pas à la réunion du Caire, pas plus que les membres du Conseil national kurde. La Coalition nationale syrienne, fondée le 11 novembre à Doha, au Qatar, a été reconnue par la France, la Grande-Bretagne, la Turquie et les pays du Golfe comme représentante légitime du peuple syrien. Son siège est au Caire. Les Frères musulmans, qui comptent désormais 28 délégués au sein de cette coalition, un de plus que précédemment, estiment avoir un rôle éminent à jouer en raison des exactions dont ils ont été victimes sous le régime de l'ancien président Hafez al Assad, dans les années 80. Les contacts entre coalition et insurgés en Syrie ont été confiés à l'ex-Premier ministre Riad Hidjab, responsable le plus éminent à avoir fait défection depuis le début du soulèvement contre Bachar al Assad en mars 2011. Son nom est cité pour le poste de Premier ministre de transition mais son passé au parti Baas pourrait lui barrer le chemin. Un autre candidat possible est Asaad Moustafa, ancien ministre de l'Agriculture sous Hafez el Assad, père de l'actuel président décédé en 2000.