La Palestine en Etat à l'ONU. Enfin! Certes, un Etat observateur, mais quand on regarde la réalité en face, on peut dire que tous les Etats membres, à l'ONU font figure d'observateurs. Hormis, bien sûr, le club des « 5 » du Conseil de sécurité qui, forts de leur pouvoir décisionnel grâce au droit de véto, tiennent les ficelles des jeux. Et encore, même au sein de ce club, il y en a qui sont plus égaux que d'autres, comme disait Coluche. 138 pays ont voté pour le nouveau statut de l'Etat palestinien. Neuf Etats seulement ont voté contre. A leur tête, évidemment, les Etats-Unis, Israël, la Grande Bretagne et quelques autres, dont certains pays de l'UE. Jusqu'à la dernière minute, Washington a fait des pieds et des mains pour dissuader Abou Mazen de renoncer à sa démarche. William Burns et David Hale, secrétaire d'Etat adjoint et émissaire pour le Proche-Orient, ont été dépêchés en urgence à New York dans une ultime (mais vaine) tentative de convaincre le président de l'Autorité palestinienne de renoncer à son projet. Auparavant, les Américains ont fait feu de tout bois pour empêcher les Palestiniens d'aller au bout de leur démarche, usant même du chantage à l'argent pour accomplir leur dessein, ou plutôt celui d'Israël. Victoria Nuland, porte-parole du département d'État, a clairement signifié que l'initiative palestinienne pourrait entraîner une réduction de la contribution américaine au budget de l'Autorité. Sans succès. Tel-Aviv a été de son côté du chantage politique. Le chef de la diplomatie sioniste est allé jusqu'à menacer Mahmoud Abbas et son gouvernement de putsch dans l'éventualité de l'élévation de la représentation diplomatique palestinienne à l'ONU. Sans réussite non plus. Ce jeudi là, à New York, le triomphe était plutôt du côté des Palestiniens. Ces derniers avaient besoin de 94 voix pour accéder à leur nouveau statut, ils en ont obtenu 138. (Et dire qu'il y en a qui trouvent qu'avec plus de 72% des voix, ce n'est pas une majorité écrasante). Un succès qui coïncide avec la journée mondiale de solidarité avec le peuple palestinien ( 29 Novembre). Une date qui coïncide aussi avec le jour où l'Assemblée Générale de l'ONU a adopté, en 1947, la décision de scinder le territoire palestinien en deux Etats: Israël et la Palestine. Mais depuis cette date, seul Israël a été reconnu en tant qu'Etat. La reconnaissance de la Palestine a été reléguée aux oubliettes. Une erreur que la communauté internationale vient de réparer partiellement, en attendant l'avènement de l'Etat de Palestine dans ses frontières de 1967 avec Al Qods comme capitale et en attendant le retour des réfugiés palestinien au bercail ". Pour cela, il faut se convaincre pleinement, (que ce soient les Palestiniens ou que ce soient les 138 Etats qui ont voté pour le nouveau statut) que le succès de ce jeudi n'est pas une fin en soit mais le début d'un long combat, diplomatique surtout, pour que l'Etat Palestine reprenne pleinement tous ses droits sur la scène internationale et que ces ressortissants puissent vivre en paix. Et il n'est que grand temps d'inverser la vapeur, et remettre les choses dans leur logique, à savoir que ce sont les 138 Etats qui doivent être en mesure d'exercer des pressions sur les 9 pour réparer une injustice historique et non l'inverse. Car de quel droit et dans quelle logique est-il écrit qu'un Etat ou deux, puissent édicter quelques volontés belliqueuses à l'ensemble de la communauté internationale, sous prétexte de préserver la sécurité d'une entité transformée en Etat, quitte même à embraser martialement toute une région durant plusieurs décennies ? Dans ce cas, nous sommes tous des Etats observateurs !