La Palestine pourrait devenir le 194e Etat-membre de l'ONU d'ici la fin du mois. Les autorités se préparent à défendre l'initiative de reconnaissance de leur pays par les Nations Unies à la prochaine session de l'Assemblée générale qui s'ouvre dans quelques jours à New York. Les autorités palestiniennes se préparent à défendre leur initiative de reconnaissance d'un Etat palestinien par les 193 membres des Nations Unies à la fin de ce mois. C'est en effet lors de la prochaine session de l'Assemblée générale de l'ONU que Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne fera face aux dirigeants du monde entier pour les convaincre de soutenir sa cause. Sur le terrain, les tractions vont bon train. Les autorités de Ramallah essayent de mobiliser tous leurs soutiens pour éviter l'échec de l'initiative. Et cela semble bien fonctionner. La Russie et la Chine, deux membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et détenteurs du droit de veto, sont déjà acquises à la cause. De même, les pays arabes ont décidé de faire bloc pour soutenir l'initiative. Ainsi, profitant de la visite du président de la commission de l'Union Africaine, Jean Ping, au Caire lundi, le Premier ministre égyptien Essam Chara a plaidé pour la reconnaissance de la Palestine par l'institution panafricaine qui regroupe plus d'une cinquantaine de pays. Une telle reconnaissance ne pourrait que conférer du poids à ce projet. Ce jeudi, les Palestiniens ont lancé officiellement la campagne « Palestine 194 » pour la reconnaissance de leur Etat. Cette campagne comprend une série d'événements pacifiques jusqu'au 21 septembre, date de l'ouverture de la session de l'Assemblée générale de l'ONU. « Le train palestinien a déjà quitté la gare et il ira jusqu'à New York », a déclaré le négociateur palestinien Saëb Erakat pour montrer la détermination de son peuple. Il faut souligner que les négociations de paix avec Israël devant aboutir à la création de deux Etats, vivant côte à côte comme le souhaite la communauté internationale, sont au point mort depuis un an. Le statu quo perdure parce que l'Etat hébreu poursuit toujours la construction de colonies de peuplements juives sur les territoires palestiniens occupés. Un grand hic persiste cependant : les Etats-Unis ne soutiennent pas l'approche palestinienne et menacent d'opposer leur véto au Conseil de sécurité. Washington essaie donc de faire pression sur les autorités palestiniennes pour qu'elles renoncent à l'initiative. Mercredi, David Hale, l'émissaire américain pour le Proche-Orient et Dennis Ross, le conseiller spécial du président Barack Obama, ont été reçus par Mahmoud Abbas. Le message est clair : il est encore temps de renoncer à l'initiative unilatérale de reconnaissance et de renouer le dialogue avec Israël. «Le fossé entre les positions palestiniennes et américaines persiste toujours», a indiqué Nabil Abou Roudeina, le porte-parole de Mahmoud Abbas, à l'issue de cette rencontre. «Nous sommes déterminés à préserver notre droit d'aller à l'ONU pour demander l'adhésion à part entière de l'Etat de Palestine», a-t-il ajouté. Une réunion avec le comité de suivi arabe est prévue pour le 12 septembre au Caire pour peaufiner les dernières lignes de l'initiative. De son côté, la France craint une «confrontation diplomatique stérile et dangereuse» à la prochaine de l'Assemblée générale de l'ONU à la fin de ce mois-ci. Paris tente alors de calmer le jeu en déployant ses moyens diplomatiques en vue de concilier, un temps soit peu, les positions des parties engagées. Les autorités palestiniennes auraient ainsi été conviées par la France à s'inspirer de l'exemple du Vatican. Cela veut dire que la Palestine aura un statut d'Etat observateur permanent de l'ONU, mais ne sera pas reconnue comme un Etat indépendant. « Ce statut n'est pas opportun. Nous pouvons l'obtenir à tout moment car nous disposons déjà de la majorité des voix des Etats membres », a fait savoir Riad al-Maliki, le ministre des Affaires étrangères palestinien. L'Union Européenne reste de même divisée sur le sujet. L'Allemagne et la Hollande sont contre l'initiative palestinienne alors que l'Espagne affiche son soutien. «Les 27 pays de l'Union européenne doivent s'exprimer d'une seule voix. Ensemble, nous devons assumer nos responsabilités. La France va prendre des initiatives, nous voulons l'unité de l'Europe», a déclaré le président français Nicolas Sarkozy. Paris ne veut donc pas être seul à reconnaître l'Etat de Palestine à la tribune des Nations-Unies à la fin du mois. Selon Alain Juppé, le chef de la diplomatie française, «reconnaître la Palestine tout seul ne sert à rien».