Le corps de Yasser Arafat devrait être exhumé le 26 novembre, huit ans après sa mort, dans le cadre d'une enquête pour déterminer les circonstances exactes de son décès, a-t-on appris de source diplomatique européenne lundi. Deux experts suisses de médecine médico-légale sont en Cisjordanie afin de discuter du projet d'exhumation, qui est délicat à la fois sur les plans technique, légal et politique. Une enquête pour assassinat a été confiée en août en France à trois juges d'instruction de Nanterre (Hauts-de-Seine) sur la mort de l'ancien président de l'Autorité palestinienne après l'annonce par l'Institut de radiophysique de Lausanne (Suisse) de la découverte d'une quantité anormale de polonium sur les effets personnels remis par sa veuve, Souha. La disparition de Yasser Arafat a longtemps alimenté des soupçons d'assassinat. Les médecins français qui l'ont soigné à l'hôpital militaire de Percy, en région parisienne, peu avant sa mort, ont dit qu'ils ne pouvaient établir la cause de son décès. Souha Arafat a dit croire à la thèse d'un empoisonnement et demandé l'exhumation du corps de son mari afin que des prélèvements puissent y être effectués pour retrouver d'éventuelles traces de polonium. D'après un diplomate européen, des magistrats français devraient se rendre en Cisjordanie dans le courant du mois, le 26 novembre étant la date probable d'exhumation du corps. Deux experts du Centre hospitalier universitaire de Lausanne se sont rendus à Ramallah et travaillent étroitement avec l'Autorité palestinienne et les autorités judiciaires françaises, a dit le porte-parole de l'hôpital, Darcy Christen. Il s'agit de Patrice Mangin, directeur du département de médecine légale du CHU de Lausanne, et de François Bochud, chef de l'Institut de radiophysique de Lausanne, qui fait partie de l'hôpital. «Nous avons envoyé nos meilleurs experts pour les délibérations finales», a déclaré le porte-parole. «Scientifiquement parlant, l'opération reste viable si elle est menée avant la fin novembre», a-t-il ajouté. D'après l'Institut de radiophysique de Lausanne, un délai de huit ans est considéré comme la limite pour pouvoir détecter toute trace de substance radioactive. On ignore si les autres membres de la famille Arafat ont donné leur accord pour l'exhumation et, alors que l'horloge tourne, de plus en plus de critiques s'élèvent en Cisjordanie, se demandant si le corps du chef palestinien va effectivement être retiré de son mausolée. Aucune autopsie n'a été réalisée à la mort de Yasser Arafat, le 11 novembre 2004 à l'âge de 75 ans, conformément au souhait originel de sa veuve.