Alors que Gerets faisait encore ses valises, une certaine presse s'est déchaînée contre le choix de la fédération qui s'est porté sur Taoussi et non sur Zaki. Après avoir livré une campagne anti-Gerets lui endossant la responsabilité de la mésaventure de notre équipe nationale, la voilà cette même presse entamant son travail de sape ; accusant la fédération de partialité dans son choix du nouvel entraîneur. Pourtant, la procédure empruntée par la fédération dans son choix électif est irréprochable ; puisque tout indique que Monsieur Taoussi est incontestablement le meilleur en lice, et qu'en plus de ça, il a réussi à convaincre les membres du jury en présentant un programme réaliste et réalisable à moyen terme. Mais les fanatiques du football ne veulent rien savoir. En vérité, même quand ils le veulent, ils ne peuvent rien savoir en football ; quitte à dessiner des manchettes outrageuses pour titrer des articles pamphlets où il n'y a rien de constructif. C'est comme si le « malheur » de notre football ne tient qu'à cela : l'entraîneur ! Pourtant, le malheur de notre football c'est d'abord la presse sportive qui ne fait aucun effort pour comprendre, et qui divulgue la sensation erronée d'être déléguée et homologuée pour parler au nom de tous. Cette presse est tombée si bas qu'elle donne aujourd'hui une très mauvaise image de la presse sportive. Pourtant, cette presse a un rôle de premier ordre à jouer: celui d'informer équitablement en premier lieu et celui de vulgariser les bonnes manières en second lieu. Informer par rapporter et divulguer la bonne information, et non plus déformer l'information d'origine. Quelle est cette information d'origine à ne pas déformer ? C'est celle qui consiste à dire la vérité sur notre football et à ne plus ériger le mensonge en règle d'information. Il faut que cette presse de bas niveau se hisse au rang de presse professionnelle. Elle ne devra plus recourir à l'information scandale ; mais plutôt à l'information pédagogique. Elle doit créer l'événement en cherchant à avoir un impact positif sur sa masse de lecteurs qui sont les supporters de l'équipe nationale. Le jour où cette presse se ressaisisse et passe à autre chose plus constructive ; elle aura accompli une véritable révolution sur ses pratiques, ses méthodes et ses faiblesses. Or, la première de toutes les vérités est que l'équipe nationale de football n'est plus la meilleure sélection africaine. Cela fait belle lurette que le leadership marocain a cessé d'exister; cédant la place à des sélections africaines qui ont su imposer leur jeu et étaler leur talent. C'est un crime que d'alimenter le mensonge autour de cette vérité et maintenir le suspense jusqu'à la provocation. Cela fait une vingtaine d'années que le Maroc a cessé de monopoliser le leadership footballistique africain. Il a cédé le pas en faveur d'autres pays émergents à l'instar du Cameroun qui nous a battus à deux reprises à domicile (à Casablanca en 1988 et Kenitra avant cette date en 1982). Non, ce n'est pas parce que le Cameroun nous a battus chez nous qu'il nous a dérobés le leadership footballistique. Le Cameroun avait battu les meilleures sélections mondiales ; y compris le Brésil. Le Nigéria a encore fait beaucoup mieux que le Cameroun. Depuis, une bonne dizaine d'équipes africaines est montée sur le podium et la liste ne cesse de grandir. Une presse loyale est celle qui commence par acclimater cette pure vérité dans la conscience des supporters marocains. Il faut absolument qu'ils mettent dans leurs têtes que c'en est fini depuis très longtemps avec la gloire de notre football. La seconde erreur monumentale est qu'à chaque fois qu'on désigne un entraîneur, on le met très vite les pieds au mur. Pour Rachid Taoussi, il doit nous qualifier à la coupe d'Afrique ; malgré le fait qu'on a raté le train de la qualification. Oui, il se peut que Taoussi crée la surprise en battant le Mozambique par un 4 à 0. Est-ce qu'avec ce résultat, Taoussi aura-t-il exorcisé le diable ? Absolument pas ! La crise de notre football continuera inlassablement. Que faut-il faire alors ? Le premier conseil est de ne plus s'en tenir au résultat qui consiste à battre toutes les équipes et ne jamais accepter la défaite. Penchons-nous sur une formation/éducation de longue haleine. Le second conseil est de cesser de courir deux lièvres à la fois : Décomplexons-nous de l'obligation du résultat et soyons très modestes avec notre modeste équipe nationale. Désormais ; il nous faudra afficher un profil bas et faire exactement comme font toutes les équipes du monde : travailler beaucoup pour se hisser au niveau mondial. Participer aux compétitions en essayant de faire de leur mieux. Et quant elles sont éliminées, elles n'éliminent pas automatiquement leurs entraîneurs ; mais elles s'éclipsent pour mieux éclairer à nouveau...