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FMI : Un rapport rassurant sur l'économie marocaine La croissance s'établira à 2,9 % en 2012 et 5,6 % d'ici 2016
Le taux de chômage reculera de 8,9 % en 2011 à 8 % en 2016
Le Fonds Monétaire International (FMI) vient de publier son rapport relatif à la demande marocaine d'un accord au titre de la Ligne de précaution et de liquidité formulé le 27 juillet au nom du Maroc par M. Nizar Baraja, ministre de l'économie et des Finances et M. Abdellatif Jouahri, Gouverneur de Bank Al-Maghrib. La demande précise que le Maroc dispose de « paramètres économiques fondamentaux solides et a fait ses preuves en matière d'exécution de politiques économiques et financières saines et bien conçues. Cependant, même si actuellement il n'a pas de besoin de financement de sa balance des paiements, il reste confronté à des risques liés à l'incertitude entourant l'économie mondiale, notamment en ce qui concerne la situation des principaux pays partenaires du Maroc et les prix internationaux du pétrole. « Même si nous sommes déterminés à mener une politique économique saine et à réagir de manière appropriée à toute évolution défavorable du contexte international, ces risques pourraient entraîner un accroissement du déficit de la balance des paiements et une baisse importante des réserves de changes, et compromettre notre stratégie de croissance et d'emploi », écrivent les deux responsables marocains. Dans ce contexte, un accord au titre de la LPL soutiendrait la stratégie économique du Maroc en « renforçant la confiance des investisseurs et en contribuant à la stabilité macro-économique, notamment en assurant la disponibilité de ressources financières en cas de chocs extérieurs ou d'aggravation de la conjoncture internationale qui exerceraient une pression sur la balance des paiements. «La solidité de notre cadre institutionnel et de nos paramètres économiques fondamentaux, nos performances antérieures en matière de mise en oeuvre de politiques saines, telles que reconnues par le Conseil d'administration du FMI dans le cadre des dernières consultations au titre de l'article IV, ainsi que notre volonté de continuer de mener une politique économique bien conçue, donnent suffisamment d'assurance que nous réagirons de manière appropriée face à un éventuel problème de financement de la balance des paiements. Rappelons que le Conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé le 3 août dernier cet accord pour une durée de 24 mois en faveur du Maroc au titre de la ligne de précaution et de liquidité (LPL), d'un montant équivalant à 4.117,4 millions de DTS (soit environ 6,21 milliards de dollars et 700 % de la quote-part). L'accès dans le cadre de l'accord durant la première année sera d'un montant équivalant à 2.352,8 millions de DTS (soit environ 3,55 milliards de dollars et 400 % de la quote-part), et l'accès cumulé durant la deuxième année s'élèvera à 6,21 milliards de dollars. La nouvelle constitution ouvre la voie à de vastes changements Le rapport du FMI note tout d'abord que, sur le plan des réformes politiques et institutionnelles, un processus de réformes politiques a été engagé en mars 2011 en réponse au mouvement de contestation sociale du «20 février». Une nouvelle constitution a été adoptée par referendum le 1er juillet 2011, des élections ont eu lieu en novembre 2011, et le chef du parti de la Justice et du développement qui a obtenu le plus grand nombre de sièges au terme du scrutin a formé un nouveau gouvernement de coalition en janvier 2012. Des élections locales suivront l'adoption prévue des nouvelles lois sur la régionalisation et de la loi organique relative aux lois de finances. La nouvelle constitution ouvre la voie à de vastes changements et réformes politiques. Ceux-ci comprennent notamment le renforcement du contrôle du parlement sur l'exécutif; l'élévation du statut du Premier Ministre à celui du Chef du gouvernement; le renforcement de l'indépendance du pouvoir judiciaire; le respect des droits de l'homme universellement reconnus; la mise en place d'institution importantes, comme le Conseil national des droits de l'homme, le Conseil de la concurrence, et l'Autorité nationale de l'intégrité et pour la prévention et la lutte contre la corruption; et l'établissement de la régionalisation avancée comme système démocratique et décentralisé de gouvernance. Même si ces réformes politiques sont d'importantes avancées dans la réponse aux revendications sociales, des pressions continuent de s'exercer en faveur d'autres réformes pour traiter, entre autres dossiers, le chômage des jeunes, qui reste élevé, les inégalités de revenu et la gouvernance. En dépit de la faible croissance en Europe, et des tensions régionales la croissance du PIB réel s'est accélérée de 3,7 % en 2010 à 4,9 % en 2011, le taux le plus élevé de la région MOAN. Les retombées négatives de la faiblesse de la demande extérieure ont été plus que compensées par d'importants investissements dans l'industrie de transformation et le bâtiment, ainsi que par une forte consommation privée soutenue par une augmentation des salaires réels, un faible niveau d'inflation et une accélération de la croissance du crédit au secteur privé. Le chômage a enregistré un modeste repli, de 9,1 % en 2010 à 8,9 % en 2011, mais il est resté élevé chez les jeunes (17,9 %). L'inflation moyenne est descendue à environ 1 %, le taux le plus faible de la région MOAN. L'absence de tensions sensibles sur la demande et le repli des prix des produits alimentaires ont contribué à ramener l'inflation à 0,9 % en 2011. L'inflation sous-jacente moyenne pour la période, à l'exclusion des produits alimentaires et énergétiques, est également restée modérée, à 0,7 %. Suite à l'augmentation des prix intérieurs de plusieurs produits énergétiques, l'inflation est remontée à 1,9 % (en glissement annuel) en juin, tandis que l'inflation sous-jacente est restée faible, à 0,6 %. La montée des cours du pétrole à entraîné un creusement du déficit courant, de 4,3 % du PIB en 2010 à environ 8 % en 2011, malgré la bonne tenue des exportations et la nette augmentation des envois de fonds et des recettes du tourisme. Malgré une augmentation de 50 % des IDE nets, le compte d'opérations financières s'est quelque peu affaibli, d'où une diminution des réserves internationales brutes de 23,6 milliards de dollars (l'équivalent de 5,7 mois d'importations de biens et de services) en 2010 à 20,6 milliards de dollars en 2011 (l'équivalent de quelque 5 mois d'importations). Le dirham s'est déprécié de 1,9 % en termes effectifs réels, et reste globalement aligné sur les fondamentaux. Le niveau élevé de la facture énergétique du fait du renchérissement du pétrole, les retards dans les décaissements des financements officiels, et la décélération des envois de fonds et des recettes du tourisme ont réduit davantage les réserves internationales brutes d'environ 3,5 milliards de dollars au premier semestre 2012. Le renchérissement du pétrole a aussi contribué au creusement du déficit budgétaire, de 4.4 % du PIB en 2010 à 6,9 % en 2011. L'augmentation de la masse salariale, en réponse aux revendications sociales pressantes, a certes été compensée par une réduction des dépenses courantes non essentielles, mais l'envolée des cours du pétrole a provoqué une augmentation des dépenses de subvention et un creusement du déficit budgétaire. Par voie de conséquence, la dette publique est passée de 51 % du PIB en 2010 à environ 54 % en 2011. Cependant, le solde corrigé des variations conjoncturelles (déduction faite des dépenses de subventions) s'est redressé, passant de -0,1 % du PIB en 2010 à 1,1 % du PIB en 2011, du fait de la diminution importante des dépenses discrétionnaires hors subventions. Durant les cinq premiers mois de 2012, les dépenses et les recettes étaient conformes aux objectifs budgétaires. La facture des subventions a atteint environ 50 % des projections budgétaires annuelles en raison de la montée des cours du brut, mais elle a été compensée par une réduction des investissements et d'autres dépenses. Les conditions monétaires et financières soutiennent la croissance Le système financier continue d'être un rouage important de la croissance économique, et il a fait preuve de résilience face aux turbulences financières en Europe. Malgré un léger repli des liquidités lié à une augmentation de la circulation fiduciaire et une diminution des réserves internationales, la croissance du crédit à l'économie s'est accélérée de 7,4 % en 2010 à environ 10 % en 2011, alimentée par la hausse du crédit immobilier et du crédit à la consommation privée. Cependant, la croissance du crédit est descendue de 10 % à fin 2011 à 7 % à fin mars 2012. Pour amortir le repli de la liquidité structurelle, la banque centrale a étendu ses interventions sur le marché monétaire, augmenté son refinancement des banques à 5 % des dépôts bancaires à fin juillet 2010, et réduit progressivement le niveau des réserves obligatoires à 6 %, tout en retirant les comptes d'épargne sur livret de la base de la réserve. Les taux interbancaires et les rendements des titres d'État sont restés proches du taux directeur. Les rendements des titres d'État à long terme sont aussi restés stables aux alentours de 4,2 % - inférieurs de 0,3 % à ce qu'ils étaient lors de la dernière émission internationale en septembre 2010. Pour faire face aux tensions macroéconomiques grandissantes, les autorités ont, entre autres mesures, augmenté de façon sensible les prix de plusieurs produits énergétiques au début de juin. L'augmentation des prix intérieurs des produits énergétiques s'inscrit dans une démarche plus vaste visant à mieux cibler et à rendre plus efficace la protection sociale, et à assurer la viabilité des finances publiques. Ces mesures budgétaires, avec par ailleurs le récent repli des cours internationaux du pétrole, devraient aider à maîtriser le déficit courant et à maintenir les réserves internationales à un niveau confortable. La demande intérieure entretenue par les dépenses publiques et les conditions monétaires favorables Globalement, la croissance du PIB réel devrait ralentir de 4,9 % en 2011 à 2,9 % en 2012, principalement en raison d'une mauvaise pluviométrie. Malgré la croissance atone des partenaires commerciaux avancés, la croissance du PIB non agricole ne devrait enregistrer qu'un modeste repli, de 5,0 % en 2011 à 4,7 % en 2012, car la demande intérieure continuera d'être entretenue par une augmentation des dépenses publiques productives et des conditions monétaires favorables. L'écart de production non agricole devrait rester positif en 2012. Grâce à un environnement macroéconomique stable et au vaste programme de réformes structurelles des autorités, la croissance potentielle devrait augmenter à moyen terme. Le programme des autorités vise à améliorer la compétitivité, le climat des affaires et la gouvernance, tout en appuyant les secteurs à forte valeur ajoutée. C'est ainsi que la croissance potentielle devrait passer d'une moyenne de 4,5 % durant la dernière décennie à 5,6 % d'ici 2016. Ces réformes devraient également contribuer à entretenir la bonne tenue des exportations et des entrées d'IDE. Les autorités ont fait de la création d'emplois une grande priorité. Elles entendent ramener le taux de chômage de 8,9 % en 2011 à 8 % d'ici 2016, et accroître les taux de participation de la population active, en renforçant les programmes actifs du marché du travail (IDMAJ, TAEHIL, et MOUKAWALATI) et en encourageant l'emploi en dehors des grands centres urbains dans le cadre de la réforme de la régionalisation. Le FMI signale qu'en juin 2012, les prix du gasoil, de l'essence et du fuel industriel ont été augmentés de 7,15 dirhams/litre à 8,15, de 10,18 dirhams/litre à 12,18, et de 3678 dirhams/tonne à 4666,04, respectivement. Pour combler entièrement l'écart par rapport aux prix internationaux (y compris marges et coûts de distribution, et taxes), les prix du gasoil et du fuel devraient augmenter de plus de 30 %, et le prix de l'essence d'environ 15 %. Le déficit courant devrait diminuer de 8 % du PIB en 2011 à 7,4 % en 2012, puis s'améliorer davantage à moyen terme. Les récentes mesures de resserrement de la politique budgétaire et le repli des cours internationaux du brut, conjugués à l'augmentation en volume des exportations de phosphates et de produits dérivés, à la production des nouvelles usines destinées à l'exportation, et au rebond saisonnier des recettes du tourisme, devraient contribuer à stabiliser les réserves de change au second semestre 2012. Par ailleurs, l'émission internationale de titres d'État attendue à l'automne pourrait permettre de dégager une marge supplémentaire. À moyen terme, la réalisation de nouveaux projets industriels et l'assainissement prévu des finances publiques aideront à réduire le déficit courant rapporté au PIB de près de 3 points de pourcentage durant les deux prochaines années. L'IDE devrait également s'accroître avec l'exécution de plusieurs projets de grande envergure dans le tourisme, l'énergie, l'automobile et l'aéronautique, témoignant de l'environnement propice qu'offre le Maroc aux IDE. Politiques monétaire et de change La politique monétaire continuera de se centrer sur la maîtrise de l'inflation, tout en soutenant la croissance. L'inflation globale devrait augmenter à 21/2 % en 2012 en raison des mesures adoptées récemment pour répercuter davantage les cours internationaux des produits énergétiques sur les prix intérieurs, mais l'inflation sous-jacente sera davantage contenue. Face aux perspectives d'un affaiblissement de la croissance et de tensions inflationnistes modérées, la banque centrale a décidé de réduire le taux directeur de 3,25 % à 3 % en mars 2012. En outre, des mesures ont récemment été adoptées pour promouvoir le crédit bancaire aux PME. La banque centrale se tient cependant prête à agir pour contrer les éventuels effets de second tour des augmentations des prix intérieurs des produits énergétiques. Les autorités envisagent à terme d'adopter un ciblage formel de l'inflation dans le cadre d'un régime de change plus flexible. La banque centrale a fait ses preuves en matière de maintien d'un niveau d'inflation faible et stable, et elle envisage d'adopter à moyen terme un dispositif plus formel de ciblage de l'inflation, en coordination avec la réforme envisagée des subventions. Bien qu'un régime de change plus souple ne présenterait qu'un avantage limité face aux chocs qui frappent les partenaires commerciaux du Maroc (tels que chocs sur les cours du brut ou la zone euro), il aiderait à protéger les réserves internationales et à renforcer la compétitivité du Maroc face à ses principaux concurrents. L'indice réglementaire de la restrictivité applicable à l'IDE publié par l'OCDE donne au Maroc un score comparable à la moyenne des pays de l'OCDE et supérieur à celui de nombreux pays émergents.