L'artiste marocain représentera notre pays à la cinquième édition de la Biennale Internationale de Pékin, en Chine, qui ouvrira ses portes le 27 septembre prochain et durera jusqu'à fin octobre. Ci-dessous le texte érudit d'un critique d'art et connaisseur de l'œuvre de Mansouri. Le vrai Maître est d'abord connu au-delà des frontières de son pays. Loin là-bas, il est aimé, apprécié, exposé, commenté, et les artistes comme les collectionneurs recherchent sa compagnie autant que celle de ses œuvres. Pourtant, dans sa patrie, son travail reste le même, son style ne change pas, et sa production artistique y est souvent plus importante et meilleur marché ... Et l'histoire contemporaine de l'Art ne nous contredira pas... Alors, Mansouri au Maroc, est-il le même que celui dont on loue le travail en France, en Belgique, au Portugal ou en Chine ? Un grand peintre français me disait un jour « le succès, c'est 95 % de travail, et la chance et le talent se disputent les 5 % restant... ». Mansouri donc, toujours enfermé dans son atelier de Rabat, à peindre et à méditer ? Possible, mais comment se fait-il qu'il soit médaillé d'or de l'Académie Européenne des Arts, médaillé d'argent de l'Institut de Coopération Arabo-Portugaise, et finaliste à l'exposition des Artistes Peintres Arabes de Renommée à Yan Chuan en Chine ? Pour ne citer que quelques distinctions ? Que je sache, les collectionneurs au Maroc qui ont le privilège d'avoir sur leurs murs les œuvres de Mansouri n'ont pas à le regretter, non ? La matière est belle, la qualité présente, le style unique, et tout cela en parfaite adéquation avec la côte du peintre... alors, messieurs les officiels (et mesdames aussi), chers organismes maghrébins, fondations et banques, dépêchez-vous ! Car être les derniers à reconnaître un talent marocain équivaudra à avouer n'avoir rien compris, rien vu, rien lu ou entendu, et même, s'être parfois trompé dans ses choix ... « Tout l'intérêt de l'art se trouve dans le commencement. Après le commencement, c'est déjà la fin » disait Picasso, qui s'y connaissait... Chaque matin, Mansouri quitte son domicile de l'ancien quartier juif de la Médina, traverse une grande avenue et en longe une autre jusqu'à son atelier... et c'est sans aucun doute sur ce trajet court et riche de vie que l'artiste puise en quelques regards et paroles captées dans la foule une partie de son inspiration, les thèmes et les idées que plus tard ses toiles révèleront, immortalisés en couleurs et matières, en courbes et symboles. Et si son art ne reproduit pas le visible, il le rend visible... Oui, Mansouri capte la vie quotidienne de son pays, de sa ville, de son quartier, et la synthèse qu'il en fait, il nous l'offre en peinture... Souvent, ici comme ailleurs, les artistes évitent la population laborieuse, citadine, quand leur travail commence à « coter », se coupant ainsi de cette empreinte fabuleuse qu'est la réalité quotidienne d'un peuple. Mansouri au contraire se repaît de ces rythmes, de ces vibrations, de ces sueurs obligées !! Les Chinois l'ont compris, eux qui l'invitent, le consacrent et le rappellent chez eux cette année encore : près de 90 nations seront représentées en Chine, et Mansouri sera bien le seul marocain à défendre notre drapeau, et pas seulement en couleurs ; il débattra avec les autres et en public, sous le regard des caméras, devant près de 600 galeries et associations internationales, d'un sujet qu'il possède parfaitement : « après la déconstruction causée par les catastrophes humaines ou naturelles, quelle cohabitation possible entre les peuples ? » Vu du côté artistique, Mansouri aura beaucoup à dire, son œuvre étant toute entière tournée vers l'harmonie, la beauté et le dialogue. Car si certains ont parlé d' « impressionnisme contemporain » pour son travail, j'oserai dire que nous avons là un « intro-impressionniste »... Ce travail de réflexion sur le peuple, et partant de là, sur l'humain lui-même, nous est donné dans toute sa fantaisie et sa luminosité, comme dans sa profondeur vitale et son mystère quasi divin. Car la peinture est un Art, et dans ces conditions, un moyen de communication merveilleux qui rallie en douceur les communautés humaines un temps séparées... Sidi Mohammed a travaillé, « planché » sur le soufisme, le corps magnifié, le voyage intérieur et le rapport entre spiritualités orientale et occidentale... Chaque année sa création prouve sa conviction profonde, forcer avec le sourire et par « le beau » les citoyens du monde à transcender leurs différences pour ne garder que l'essentiel, la réalité d'une fraternité universelle... rien de moins, rien de plus. Son message est celui de l'homme d'avant Babel et sa tour, et accessible à l'humain d'aujourd'hui, à vous, à nous. Les travaux qui seront montrés lors de ce séjour chinois seront récompensés par plusieurs prix, et je souhaite comme vous que notre représentant national saura briller et porter le Royaume au plus haut de la mêlée. Reste toujours « l'intendance », trouver l'argent du voyage, obtenir un visa, préparer le transport des œuvres, réfléchir aux thèmes des débats, réunir textes et documents sur l'œuvre et le peintre... Mansouri et quelques fidèles s'attèlent à ces tâches nécessaires... Je remercie enfin le peintre lui-même, qui malgré les difficultés communes s'astreint à vivre en artiste, donc à dialoguer en peinture avec un enthousiasme communicatif, que ses élèves et amis aiment tant... si vous n'en êtes pas encore, en serez-vous bientôt ? Au seul représentant marocain, « Bonne route et nous sommes fiers de toi ! » Par Eric DESTOBBELEIRE (Directeur de Entrée Des Artistes)