Plusieurs représentants de l'opposition syrienne ont rejeté dimanche l'accord intervenu la veille à Genève sur les principes d'une transition politique en Syrie, jugeant vague et ambigu ce texte qui laisse ouverte la question Bachar el-Assad. Bombardements et violences se sont par ailleurs poursuivis dans le pays, faisant près de 800 morts en une semaine, selon les opposant Samedi à Genève, les chefs de la diplomatie du Groupe d'action pour la Syrie, qui réunit les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, la Turquie et des représentants de la Ligue arabe, ont approuvé le plan de transition préparé par Kofi Annan, émissaire conjoint de l'ONU et de la Ligue arabe. Ce gouvernement de transition, doté des pleins pouvoirs exécutifs, superviserait l'élaboration d'une nouvelle Constitution et l'organisation d'élections. Mais le document final, non contraignant et sans calendrier d'application, n'exige pas le départ préalable du fils d'Hafez el-Assad. Traditionnel allié de Damas, Moscou s'y est opposé, rejetant toute formulation permettant d'exclure le chef d'Etat syrien et les dirigeants de son régime. «C'est au peuple syrien de parvenir à un règlement politique», a constaté Kofi Annan. Plus optimiste, la cheffe de la diplomatie américaine Hillary Clinton a voulu croire que le texte adopté à Genève «ouvre la voie à un (gouvernement) post-Assad». Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius fait la même analyse, estimant que «Bachar el-Assad, à terme, c'est fini». Fruit d'un accord «unanime» entre les diplomates du Groupe d'action sur la Syrie, dont la Russie et la Chine, ce texte «dit précisement qu'il y aura un gouvernement de transition qui aura tous les pouvoirs», a-t-il noté dimanche sur TF1. «Il est dit que (ses membres) feront l'objet d'un consentement mutuel. Jamais l'opposition ne va accepter Bachar el-Assad. Donc, ça signifie implicitement que Bachar el-Assad doit partir», a-t-il estimé. Bassam Kodmani, une porte-parole du Conseil national syrien (CNS), un des principaux mouvements d'opposition, a de son côté critiqué un accord «ambigu», déplorant dimanche l'absence de calendrier et d'une feuille de route pour son application. «On ne peut pas dire aujourd'hui qu'il y ait un quelconque résultat positif. Les Syriens n'accepteront pas de s'engager sur une quelconque voie politique alors que les massacres continuent», a-t-elle fait valoir. Haitham Maleh, une des figures historiques de l'opposition syrienne, a lui dénoncé une «perte de temps», promettant de ne pas s'asseoir à la même table que le président Assad ou des membres de son régime «assassin». Pour lui, l'accord de Genève, une «farce», n'a «aucune valeur sur le terrain», où les violences se poursuivent. D'après une estimation du CNS rendue publique dimanche, près de 800 personnes ont ainsi été tuées en Syrie au cours de la semaine écoulée, un bilan qui n'a pas pu être confirmé de source indépendante. La plupart des victimes ont été tuées lors de bombardements par des blindés et hélicoptères des forces syriennes, accuse le CNS. Khalil al-Hadj Saleh, un membre des Comités locaux de coordination (CLC), juge ce bilan «réaliste» au vu des violences intervenues. Quant à l'accord de Genève, «il donne aux voyous du régime une nouvelle occasion de jouer leur jeu favori, gagner du temps afin d'anéantir par la violence et les massacres la révolte populaire syrienne», ont par ailleurs souligné les CLC dans un communiqué. Avions de chasse turcs en patrouille près de la frontière syrienne Des avions de chasse turcs ont été envoyés en patrouille près de la frontière avec la Syrie, après que des hélicoptères syriens se sont approchés de la frontière, sans toutefois violer l'espace aérien de la Turquie voisine, a indiqué l'Etat-major des forces armées turques. Dans un communiqué mis en ligne sur son site Internet, l'armée turque a précisé qu'elle a envoyé quatre avions de combat F-16 de sa base d'Incirlik dans le Sud, après que des hélicoptères syriens eurent survolé une zone située à environ 6 km de la frontière, près du sud de la province turque de Hatay. Deux autres avions de chasse du même type ont décollé de la base de Batman après qu'un hélicoptère syrien ait été repéré non loin de la frontière près de la province de Mardin (Sud-est), a ajouté la même source. La tension est vive à la frontière entre la Turquie et la Syrie, depuis que la défense syrienne a abattu, le 22 juin, un avion turc en Méditerranée, près de la Syrie.