Dire que le Festival National des Arts Populaires, le FNAP pour les intimes, est dépassé par les événements est une évidence si criarde pour se passer d'explications. Pendant que des festivals comme celui de Mawazine, la Musique sacrée, les Gnaoua et bien d'autres ont vite fait de faire une place au soleil, celui de Marrakech, leur aîné pour ainsi dire, un quadragénaire mal en jambes, sous perfusion, percevant l'équivalent du SMIG pour survivre, éprouve beaucoup de peine à répondre chaque année présent. Soyons réalistes. Avec une dotation de 6 millions de DH, le FNAP continuera à avoir du plomb dans l'aile qui l'empêchera de voler quand bien même vous confieriez son organisation à une agence aux références internationales en l'espèce. Le FNAP c'est 600 artistes à nourrir et à payer. Le FNAP c'est une trentaine de troupes folkloriques à gérer pendant plus d'une semaine, chacune selon ses us et ses besoins. Le FNAP c'est toute une population hétéroclite aux langages différents qui requiert des traitements spécifiques selon leurs régions respectives. Le FNAP nécessite une logistique impressionnante et des encadrants artistiques et techniques qui vendent leur savoir faire. Le FNAP comme tous les festivals a impérieusement besoin d'agents de sécurité privée et d'hôtesses, outre le service d'ordre, qu'il doit payer pour assurer les conditions optimales du confort aux spectateurs. Le FNAP a besoin de l'installation d'une tribune tubulaire qu'il devra louer pour l'installation du public. On peut ainsi continuer à énumérer indéfiniment les rubriques gloutonnes et vous prouver que les malheureux organisateurs, la Fondation des Festivals dans ce cas d'espèce, ne parviendront jamais à entrer dans leurs frais, encore moins à se procurer les moyens nécessaires pour relever le défi. Ils ont bon être volontaires, bien intentionnés et résolument déterminés à réussir un excellent festival qu'ils ne parviendraient jamais. La raison est simple. Il leur manque ce qu'il est convenu d'appeler le nerf de la guerre, l'argent pour être plus précis. Alors que des festivals de dimension régionale et qui sont encore à leurs premiers essais, bénéficient de plusieurs milliards de centimes pour leurs organisations, le FNAP est condamné à joindre les deux bouts avec un budget juste suffisant pour l'organisation de la cérémonie d'un mariage. Pour mémoire, lorsque le défunt Roi Mohammed V avait créé il y a plus de 50 ans le FNAP, c'était et il l'est toujours pour sauvegarder le folklore marocain et non pas pour le spectacle tout court. C'est d'ailleurs ce qui est clairement signifié dans le communiqué de presse des organisateurs : « le FNAP célèbre chaque année le patrimoine national du Maroc à travers une série d'animations mettant en valeur les traditions et les coutumes du pays suivant une concept de sauvegarde et transmission de l'héritage » Comme on peut le remarquer, il n'y est pas fait mention de divertissement ou de spectacle. C'est donc un objectif noble, de portée culturelle, artistique et transmissible qui plus est revêt un caractère national. Partant de ce constat, l'état a le devoir de le repenser et de le doter d'un budget conséquent. Dans le même ordre d'idées il doit confier son organisation à une agence spécialisée. Non pas que nous doutons de la capacité des organisateurs mais c'est tout simplement une question de manque de moyens qui ne leur laissent pas les coudées franches. Ne ditons pas que la plus belle femme au monde ne peut douter que ce qu'elle a. Puisse cet appel trouve écho pour les éditions à venir. L'actuelle qui aura lieu pendant 5 jours du 20 au 24 juin ne saurait nous réserver de surprises car on prend les mêmes et on recommence. Pardon si nous n'avons pas signalé le changement intervenu dans la date, juin au lieu du mois de juillet. Le reste est une copie de la précédente édition, savamment retouchée qui nous vaudrait un produit fait neuf avec du vieux.