L'église de la Dormition à Casablanca, construite à la fin des années cinquante grâce aux dons et aux efforts des émigrés russes, se trouve actuellement menacée de destruction. C'est l'un des deux lieux du culte orthodoxe russe qui subsiste sur le territoire marocain, l'autre, datant de 1931, se trouve à Rabat. A Casablanca existe aussi une église grecque-orthodoxe. L'ex-prêtre de l'Eglise Orthodoxe Russe à l'Etranger (EORE) et citoyen français Nicolas Semenoff suspendu ad divinis en 2001, a réalisé la vente du patrimoine de la paroisse de la Dormition au profit d'une personne de nationalité marocaine dont le but est de détruire l'église et de réaliser un projet immobilier. Cette église se trouve en effet en plein cœur d'un quartier d'affaires où les terrains ont acquis, ces dernières années, une très haute valeur immobilière. Le 1er février, une équipe d'ouvriers dirigée par M. Semenoff est entrée dans l'église récemment rénovée par les membres de la communauté, a détruit l'icônostase, arraché des murs les vieilles icônes et tenté d'emporter vers une destination inconnue le mobilier et les objets sacrés de l'église, mais en ont été empêchés par le locataire des bâtiments annexes occupés par les bureaux de l'Association MJID. Le 16 février, l'archevêque de Genève et de l'Europe Occidentale Mikhaïl, sous la juridiction duquel se trouve l'église de la Dormition, ainsi que le RP Maxime Massalitine, recteur de l'église de Rabat, ont déposé une plainte auprès de la police et du Procureur général du Roi qui a ordonné une enquête. Fin février, M. Semenoff a été interpellé par les services de police de l'aéroport Mohammed V, son passeport confisqué et les fonds provenant de la vente gelés, et ce, jusqu'au terme de l'enquête engagée et de la décision de justice qui est attendue. L'église de Casablanca est formellement la propriété de l'Association « COMMUNAUTE et EGLISE ORTHODOXE RUSSE au MAROC», créée en 1948 par l'amiral Roussine, la princesse Ouroussoff et par un grand nombre de membres éminents de l'émigration russe établis à Casablanca. Le premier recteur de la paroisse de la Dormition a été l'archiprêtre Mitrophane Znosco-Borovsky, par la suite évêque de Boston. A partir de 1970, du fait qu'il ne restait plus que très peu de paroissiens russes, l'EORE a cessé d'envoyer un prêtre permanent à Casablanca et en 1978 le territoire, à l'exclusion de l'église, a été loué d'abord à la famille orthodoxe Gnéditch puis après le départ de celle-ci, en 1986, un bail a été conclu aux mêmes conditions avec M. Mohammed Mjid, représentant du Commissariat aux Réfugiés. En 1990, Nicolas Semenoff, prêtre résident à Bruxelles, était en charge de l'église. A partir de 2000 et malgré les constantes demandes des habitants de Casablanca –dont le nombre avait considérablement augmenté- N. Semenoff n'était jamais venu officier à Casablanca et opposait une fin de non-recevoir à ceux des paroissiens qui souhaitaient faire partie de l'Association. Le 30 octobre 2001, par décision du Tribunal Spécial de l'Eglise de l'Etranger, Nicolas Semenoff était interdit de sacerdoce. A partir de 2002, l'église était desservie par le recteur de l'église orthodoxe grecque de Casablanca qui était alors et jusqu'en 2010 le R.P. André Pronine qui y célébrait les offices pour une communauté russe de plus en plus nombreuse. A partir de 2005, suite à un accord conclus entre l'EORE et le Patriarcat de Moscou, les offices religieux étaient régulièrement célébrés par les prêtres de l'église de la Résurrection à Rabat. Les pièces officielles existantes montrent que : N. Semenoff utilisant de fausses attestations a modifié les termes du bail de l'annexe de l'église ; qu'en 2004 il a secrètement modifié les statuts de 1948 et que fin 2011/début 2012 et avec l'aide de deux personnes n'ayant aucun lien avec la communauté russe de Casablanca et contre sa volonté, il a concrétisé la vente de l'église. Le dernier office religieux a été célébré le 15 Janvier 2012 par le prêtre de Rabat. L'enquête est actuellement terminée et ses résultats transmis au Procureur Général du Roi qui doit statuer. Par ailleurs, le nouveau propriétaire a adressé au locataire de l'annexe une mise en demeure à quitter les lieux. Celui-ci a pratiquement vidé ses bureaux et rien ne pourra désormais faire obstacle à la volonté de l'acquéreur de démolir l'église, sinon les efforts déployés par les défenseurs de la loi et par la communauté pour la protéger. L'église de la Dormition de Casablanca, symbole éclatant du respect témoigné par l'Etat et le peuple marocains envers les autres religions du Livre, doit continuer à exister.