François Hollande s'est qualifié mardi soir de président «en action» aux services des Français, dont il a dit espérer une majorité «large, solide, cohérente» à l'occasion des élections législatives des 10 et 17 juin. Deux semaines après son investiture, le nouveau président s'est exprimé pendant une vingtaine de minutes lors du journal télévisé de France 2, où il balayé l'actualité de son tout début de quinquennat, qui l'a vu beaucoup voyager hors de France. «Je ne suis pas le chef de la majorité, c'est le Premier ministre, je ne suis pas le chef du Parti socialiste, c'est Martine Aubry, je suis le chef de l'Etat», a-t-il rappelé pour expliquer son refus de s'impliquer outre mesure dans la campagne législative en cours. «En même temps je vais demander aux Français, je le fais, qu'ils fassent en sorte qu'il y ait une majorité pour le changement», a-t-il ajouté. François Hollande y voit la seule façon de mettre en œuvre ses engagements de campagne dont le slogan était «Le changement, c'est maintenant». «Je ne les tiendrais que si j'ai une majorité à l'Assemblée nationale qui me permette de voter des lois qui correspondent», a-t-il ajouté. «Si (les Français) m'ont choisi, je pense qu'ils auront à cœur de m'accorder une majorité large, solide, cohérente». Pour ce premier rendez-vous télévisé depuis son investiture, le 15 mai, le chef de l'Etat était interrogé dans le cadre du journal par le présentateur attitré de la chaîne publique, David Pujadas. François Hollande, qui a fait de la «normalité» un leitmotiv, se démarque ainsi de son prédécesseur Nicolas Sarkozy, qui avait été interrogé le 20 juin 2007 dans son bureau de l'Elysée par les journalistes de TF1 Laurence Ferrari et Patrick D'Arvor. Aussi proche, aussi clair, aussi transparent que possible «Je ne vous ai pas invité à l'Elysée, je ne vous ai pas demandé de faire une émission spéciale. J'ai répondu à vos questions sur votre plateau», a-t-il fait remarquer à son interlocuteur. «Faire simple, ça ne veut pas dire faire médiocre, ou faire banal, c'est au contraire avoir le respect des Français et être exemplaire», a-t-il ajouté. «Mon premier réflexe, c'est de faire aussi proche que possible, aussi clair que possible, aussi transparent que possible». Les débuts de François Hollande à l'Elysée ont été marqués par une longue séquence internationale. En visite à Berlin dès son entrée en fonctions, il a ensuite passé quatre jours aux Etats-Unis où se tenaient les sommets du G8 et de l'Otan à Camp David et Chicago. A peine rentré, il s'est déplacé à Bruxelles le 23 mai pour un dîner informel à 27 sur les tentatives de sauvetage de la zone euro. François Hollande s'est rendu en train dans la capitale belge, pour un coût de 6.000 euros, contre 20.000 euros s'il avait fait le trajet en avion comme Nicolas Sarkozy, a fait savoir le service de presse de l'Elysée. Vendredi dernier, le nouveau président a fait une visite-surprise de quelques heures en Afghanistan, où il a rencontré son homologue Hamid Karzaï et salué des soldats français, à qui il a confirmé son choix de retirer les troupes combattantes du pays d'ici décembre. Une série de rendez-vous qui l'ont, a-t-il dit, installé d'emblée dans ses nouvelles fonctions. «Je ne suis pas un président en transition, je suis un président en action», a-t-il assuré. A la question «Vous sentez vous pleinement président ?», l'ancien député de Corrèze a répondu : «Je n'ai pas eu le temps de me poser cette question. J'ai pris immédiatement la responsabilité du pays et je m'y étais préparé». François Hollande a dit avoir ressenti du «bonheur» au moment de son élection le 6 mai, mais aucun «stress au sens où une pression est tombée sur moi». «Je suis en action», a-t-il insisté.