31 ans après François Mitterrand, François Hollande a réussi le retour de la gauche au pouvoir en France, en obtenant 51,90% de voix à l'élection présidentielle de dimanche. Un vote sanction contre le président sortant Nicolas Sarkozy. François Hollande devient ainsi, à 57 ans, le septième président de la Ve République à sa première candidature, après trois décennies de combat politique mais sans aucune participation au gouvernement. Dans ses premiers discours à Tulle, son fief électoral (en Corrèze), et, quatre heures plus tard, à La Bastille, le nouveau président de la France a tracé la vision de sa nouvelle fonction et renouvelé ses engagements électoraux. Pour lui, la date du 6 Mai «doit être une grande date pour notre pays, un nouveau départ pour l'Europe, une nouvelle espérance pour le monde!», a-t-il ajouté, soulignant qu'il demanderait à être jugé sur «deux engagements majeurs : la justice et la jeunesse». Il s'en est pris, indirectement, au président sortant qui a causé «Trop de fractures, trop de blessures, trop de ruptures, trop de coupures (...) » mais «c'en est fini!». L'exemple français «doit donner aussi envie à d'autres peuples que le nôtre, dans toute l'Europe». «Dans toutes les capitales, au-delà des chefs de gouvernement et des chefs d'Etat, il y a des peuples qui grâce à nous espèrent, regardent vers nous, et veulent en terminer avec l'austérité». Plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement, des quatre coins du monde ont félicité le nouveau locataire de l'Elysée. Le chef de file du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon (plus de 11% de voix au premier tour), a estimé que l'échec de Nicolas Sarkozy était celui «de son projet d'extrême-droitisation ». «Sarkozy, c'est fini, enfin!», s'est-il exclamé avec soulagement. En France, la Fête était au rendez-vous, notamment à la Bastille où la foule a célébré la victoire, pendant toute la nuit, au fil d'un concert Cependant, la bataille ne fait que commencer pour François Hollande. Il aura besoin de mobiliser davantage de Français d'ici les élections législatives (10 et 17 juin) afin d'assurer une majorité présidentielle, voire un raz-de-marée de gauche. Car l'émergence de l'extrême droite inquiète. Selon un sondage Ifop, aux prochaines législatives, la gauche obtiendrait 44% des voix, la droite 32% et le FN 18%.