Une commission d'experts de l'ONU dispose d'éléments sur des meurtres, tortures et violences commises par les forces syriennes et des groupes armés hostiles au régime de Damas. Dans un rapport publié jeudi, la Commission internationale indépendante d'enquête en Syrie constate que depuis mars, les forces gouvernementales ont tué des civils lors de manifestations contre le président Bachar el-Assad dans plusieurs villes et de «nombreux villages dans tout le pays». L'opposition armée a également tué des membres des forces de sécurité et des informateurs présumés. Des enquêteurs mandatés par l'ONU ont accusé les forces du régime syrien de commettre la plupart des abus dans le conflit qui ensanglante depuis 14 mois la Syrie où l'armée a repris jeudi ses bombardements de villes rebelles. Dans un nouveau rapport publié à Genève, les enquêteurs mandatés par le Conseil des droits de l'homme ont affirmé que «la plupart des violations graves» «ont été commises par l'armée et les services de sécurité dans le cadre d'opérations militaires ou de recherche menées dans des endroits connus pour héberger des déserteurs et/ou des personnes armées, ou perçues comme offrant un soutien aux groupes armés anti-gouvernement». «L'armée a employé un large éventail de moyens militaires, y compris des tirs d'artillerie lourde sur des zones civiles», écrit la commission d'enquête tout en faisant état d'informations selon lesquelles «les groupes armés anti-gouvernement commettent aussi des abus. Les enfants « font fréquemment partie » des victimes Les enquêteurs se disent très préoccupés par les agissements des forces du régime, qui poursuivent selon elle les exécutions extrajudiciaires et la pratique de la torture, même sur des enfants de 10 ans. Les enfants «font fréquemment partie de ceux tués ou blessés durant les attaques sur les manifestations et les bombardements des villes et villages». Cette commission d'enquête internationale, établie en août 2011, n'a toujours pas reçu le feu vert de Damas pour se rendre en Syrie et ne donne pas dans son dernier rapport de chiffre global de victimes depuis le début de la contestation. Sur le terrain et malgré le plan de sortie de crise de l'émissaire international Kofi Annan, soutenu par le Conseil de sécurité de l'ONU et accepté par le régime et les rebelles, les violences ne connaissent aucun répit avec des dizaines de victimes tous les jours. Quelque 270 observateurs de l'ONU sont déployés dans le pays et tentent en vain de faire respecter un cessez-le-feu en vigueur officiellement depuis le 12 avril, en application du plan Annan, mais systématiquement violé. Rastane, ville fantôme sous les bombes Jeudi, les troupes gouvernementales ont continué à bombarder la ville de Rastane, dans la province de Homs (centre), farouchement défendue depuis des mois par les rebelles dont de hauts gradés, selon des militants et l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). L'armée encercle la ville presque vidée de ses habitants. «Des obus sont tombés sur la boulangerie de Rastane» faisant au moins trois morts, a rapporté l'ONG. Dans la ville de Homs, le quartier de Jobar était pilonné alors que des explosions étaient entendues dans d'autres quartiers, a-t-elle précisé. Dans la province de Deir Ezzor (est), un jeune homme a été tué dans la ville de Qourié par l'armée et un soldat a péri lors de combats avec des déserteurs. Mercredi, au moins 15 personnes ont péri dans la répression et les combats entre soldats et insurgés, alors que les forces gouvernementales poursuivent les perquisitions, les arrestations, les raids et les bombardements. Face aux critiques à son encontre et aux divisions au sein de l'opposition, M. Ghalioun a démissionné après avoir été réélu le 15 mai pour un troisième mandat à la tête du CNS, selon un communiqué du groupe publié dans la nuit de mercredi à jeudi à l'issue d'une réunion à Istanbul. Sa démission été acceptée par le bureau du CNS qui lui a demandé toutefois de poursuivre sa tâche jusqu'à l'élection d'un nouveau président lors d'une réunion les 9 et 10 juin. Les détracteurs de M. Ghalioun lui reprochent essentiellement la grande influence des Frères musulmans au sein du CNS et son manque de coordination avec les militants sur le terrain. Le CNS a appelé «la communauté internationale à agir d'urgence pour adopter un nouveau mécanisme, par le biais du Conseil de sécurité, afin de contraindre le régime à mettre fin à ses crimes», en accusant ce dernier de «poursuivre les tueries, dans une tentative délibérée de faire échouer» le plan Annan.