A l'heure des nanotechnologies, des nanomatériaux, de la robotique ou du génie génétique, le Maroc a décidé de frayer son chemin pour rejoindre le peloton des pays dotés de technopoles aux standards internationaux. Ce nouveau positionnement est dicté par une dynamique de globalisation caractérisée par une concurrence tous azimuts. Or, la compétition se joue de plus en plus sur le terrain des technologies de pointe. Et pour cause, Rabat Technopolis a été inaugurée par le Roi Mohammed VI en 2008. Elle est constituée de plusieurs pôles interdépendants, dont principalement le pôle universitaire, le pôle «Industries Hi-Tech» et le pôle «Offshoring et TIC». L'une des caractéristiques de la Technopole de Rabat est qu'elle est orientée vers les besoins réels du marché. Le site abrite déjà des entreprises de renommée mondiale comme BNP Paris-Bas, Telefonica, Alcatel et Dell. Le potentiel de cette nouvelle Technopole est donc prometteur. Le site où elle est implantée est stratégique dans la mesure où il est à proximité de l'aéroport de Rabat-Salé et se situe dans l'axe autoroutier Kenitra-Rabat-Casablanca. Sans pouvoir entrer dans le détail du contenu des pôles précédemment cités, nous nous en contentons de quelques-uns. Le pôle universitaire, l'un des plus importants, vise à créer des établissements d'excellence (universités publiques et privées, centres de recherche, etc.) à même de positionner le Maroc dans le tableau mondial des sciences et des technologies modernes comme les biotechnologies, le génie logiciel, les télécommunications et l'ingénierie des réseaux. Ce pôle s'inscrit aussi dans une perspective de coopération sud-sud dans la mesure où il cherche à attirer les étudiants subsahariens les plus méritants et à les intégrer aux centres de recherche en place. Le pôle universitaire contient en outre un incubateur en matière de création et d'accompagnement des entreprises intervenant dans un domaine innovant. Cet incubateur fait office d'interface entre le milieu de la recherche scientifique et le monde opérationnel. Le pôle « Industries Hi-Tech » abrite des espaces voués aux technologies les plus avancées à l'instar des nanotechnologies et de la microélectronique. A l'évidence, ces technologies de pointe offrent un fort potentiel de croissance. Ainsi, il est question d'installer un Parc microélectronique opérant ainsi une symbiose entre les entreprises qui y sont installées et le Centre de développement technologique. Entre autres missions de celui-ci, figure l'identification de nouveaux clients et marchés pour les produits sur lesquels il est censé se positionner, notamment les technologies sans fil, les métiers du mobile ainsi que l'image. Des agences comme l'Agence nationale de réglementation des télécommunications, des sociétés publiques comme la Société nationale de radiodiffusion et de télévision ou des entreprises privées comme le Conseil ingénierie et développement, l'Université internationale de Rabat ou encore l'Ecole marocaine des sciences de l'ingénieur ont choisi de s'implanter au sein de ce pôle voué à se développer à l'avenir. Le pôle «Offshoring et TIC» figure parmi les sites dont les retombées en termes socioéconomiques sont importantes. Le secteur de l'offshoring, pour ne citer que celui-ci, est en effet d'un coefficient élevé en termes d'employabilité. Rappelons que le développement de ce secteur est l'un des objectifs du Plan Emergence. Plusieurs sociétés de renommée internationale opérant dans le secteur de l'offshoring y ont déjà élu domicile. On peut citer DevoTeam Group, EDS, Cegedim, LogicaCMG et MU Electronics. Ainsi, on le voit, la Technopole de Rabat s'insère dans une vision stratégique : connexion avec d'autres projets ou chantiers structurants comme le Plan Emergence, le Plan Numeric ou le Plan Maroc Solaire, pour ne citer que ceux-ci. Il ne s'agit donc nullement d'un projet isolé, d'autant plus qu'il s'adosse, directement ou indirectement, à d'autres structures plus ou moins connexes ou opérant dans un domaine proche. Il en est ainsi, à titre d'exemple, du Centre national de la recherche scientifique et technique, de l'Institut marocain de l'information scientifique et technique ou encore de l'Académie Hassan II des sciences et techniques. C'est dire que Rabat Technopolis s'inscrit aussi bien en amont qu'en aval des stratégies sectorielles mises en route et des structures scientifiques et de recherche déjà en place. De ce point de vue, elle offre au Maroc des opportunités intéressantes en matière d'attraction de l'investissement étranger. De même qu'elle constitue la porte d'entrée du Royaume dans la sphère des pays leaders en matière de technologies de pointe. * Créé en 2004 à Rabat, le Centre d'Etudes Internationales (CEI) est un groupe de réflexion indépendant, intervenant dans les thématiques nationales fondamentales, à l'instar de celle afférente au conflit du Sahara occidental marocain. La conflictualité structurant la zone sahélo-maghrébine constitue également l'une de ses préoccupations majeures. Outre ses revues libellées, « Etudes Stratégiques sur le Sahara » et « La Lettre du Sud Marocain », le CEI initie et coordonne régulièrement des ouvrages collectifs portant sur ses domaines de prédilection. Sous sa direction ont donc été publiés, auprès des éditions Karthala, « Une décennie de réformes au Maroc (1999-2009) » (décembre 2009), « Maroc-Algérie : Analyses croisées d'un voisinage hostile » (janvier 2011) et « Le différend saharien devant l'Organisation des Nations Unies » (septembre 2011). En avril 2012, le CEI a rendu public un nouveau collectif titré, « La Constitution marocaine de 2011 - Analyses et commentaires ». Edité chez la LGDJ, ce livre associe d'éminents juristes marocains et étrangers à l'examen de la nouvelle Charte fondamentale du royaume. ____________________________________ Par Zakaria ABOUDDAHAB Professeur à la faculté de droit de Rabat-Agdal, Conseiller auprès du Centre d'Etudes Internationales*