Les chiffes-clés de l'économie nationale, au titre du premier trimestre 2012, rendent compte d'une conjoncture difficile impactée par de nombreux facteurs et contraintes internes et externes et qu'il est nécessaire de lever dès à présent pour replacer l'économie sur un sentier de croissance plus soutenue. Ces facteurs et contraintes trouvent leurs origines, on le sait, dans la grave crise économique que traverse la zone euro et ses conséquences sur la demande extérieure adressée au Maroc, l'envolée des prix du pétrole qui a imprimé une forte hausse à la facture pétrolière du Maroc, le recul drastique de la production céréalière attendu au titre de la présente campagne agricole, en raison des mauvaises conditions climatiques et les fortes charges de la caisse de compensation et de la masse salariale. Ces facteurs, entre autres, ont affaibli ou fragilisé plusieurs secteurs de l'économie et ramené la croissance de la valeur ajoutée hors agriculture à 4,3%, contre 5,6%, un trimestre auparavant. Selon la Haut Commissariat au Plan, ce ralentissement est attribuable à la décélération des activités secondaires, dont le rythme d'évolution n'aurait pas dépassé 1,9%, au premier trimestre 2012, contre 5,7% au quatrième trimestre 2011. Les activités tertiaires auraient, à l'inverse, conservé leur orientation favorable, contribuant pour 3 points à la croissance économique globale. Pour sa part, la valeur ajoutée agricole, ayant subi les effets du déficit pluviométrique, aurait accusé une baisse de 11,7%, au cours de la même période. Le PIB global aurait enregistré, au premier trimestre 2012, une progression de 2,2%, en glissement annuel. Au deuxième trimestre, une hausse de 5,1% de la valeur ajoutée hors agriculture est anticipée. Compte tenu de la poursuite du fléchissement de la valeur ajoutée agricole, la croissance globale pourrait atteindre 2,8%, estime le HCP. Les contraintes auxquelles l'économie nationale se trouve confrontée imposent l'engagement, par le Maroc, de réformes économiques, dont celles de la Caisse de compensation qui doit être impérativement soulagée de son lourd fardeau, la poursuite du plan Maroc Vert en vue de la soustraction de l'économie de sa dépendance de l'aléas climatique, et la mobilisation de ressources qui seront destinées à la création d'emplois. La politique économique doit s'enquérir du rétablissement des équilibres macro-économiques et de la réduction du déficit budgétaire, ainsi que de la lutte contre la pauvreté et du comblement des déficits sociaux. Au-delà d'une amélioration des performances de l'économie sur les court et moyen termes, c'est à de nombreux défis qu'elle doit faire face, dont en particulier celui du chômage. L'économie doit accomplir ses mutations et avancées dans un contexte de crise en Europe et dans le monde arabe. Dans les dynamiques que celui-ci connaît aujourd'hui sous son printemps politique et son ouverture économique et dans ses propres dynamiques constituées par les réformes engagées et celles à venir, l'économie nationale doit se renforcer et émerger avec davantage de force. Selon le HCP, la demande mondiale adressée au Maroc s'améliorerait respectivement de 0,7% et 1,1%, en glissements trimestriels, au premier et deuxième trimestres 2012, en lien avec la reprise escomptée du commerce mondial des biens. Ce redressement progressif de la demande fait suite au repli de 1,1% observé au quatrième trimestre 2011, où elle avait été pénalisée par la détérioration du climat conjoncturel de la zone euro et la contraction de 0,4% du commerce mondial. Dans son dernier rapport mensuel sur la situation économique monétaire et financière, Bank Al-Maghrib note que la croissance nationale s'est établie, en glissement annuel, à 5,3% au quatrième trimestre 2011 contre 4,9% un trimestre auparavant, reflétant une amélioration notable des activités non agricoles dont le taux de croissance est passé de 4,8% au troisième trimestre à 5,6% et de celles agricoles de 4,1% à 4,5%. Pour ce qui est de la demande, l'augmentation du PIB a été tirée par la demande intérieure, qui a progressé de 9,3% en termes réels, avec une contribution à la croissance de 11,9 points de pourcentage. Cette évolution est attribuable à une hausse de 12,6% de l'investissement, de 8,4% de la consommation finale des ménages et de 6,1% de celle des administrations publiques. La demande extérieure, par contre, a contribué négativement à hauteur de 6,6 points de pourcentage à la croissance nationale. Sur la base des comptes trimestriels, la progression du PIB global pour l'ensemble de l'année 2011 ressort ainsi à 4,9%, à 5% pour celui non agricole et à 4,2% pour la valeur ajoutée agricole. S'agissant des évolutions sectorielles, la production céréalière de l'actuelle campagne devrait s'établir, selon les premières estimations du ministère de l'agriculture, à 48 millions de quintaux, soit une baisse de 43% par rapport à la campagne précédente. Cette évolution est imputable aux conditions climatiques défavorables avec notamment un cumul pluviométrique en recul de 45% à fin avril en glissement annuel. De même, selon les observations établies par le Centre Royal de Télédétection Spatiale au 10 avril, le repli de l'activité chlorophyllienne du couvert végétal s'est fortement accéléré dans les principales zones céréalières. En revanche, la collecte des céréales de la récolte précédente a atteint 22,4 millions de quintaux à fin avril, en accroissement de 23%, engendrant une diminution de 9% des importations à 52,5 millions de quintaux. Pour sa part, l'activité de la pêche côtière et artisanale a été marquée par la hausse des volumes débarqués de 13% à fin mars, en relation principalement avec la progression de 20% des captures des poissons pélagiques. En revanche, la valeur de ces débarquements a reculé de 5,8% s'établissant à 1,2 milliard de dirhams, suite à la baisse de la contribution habituellement importante des prises des céphalopodes. S'agissant des principaux indicateurs du secteur secondaire, ils ont marqué des évolutions contrastées. Ainsi, les résultats de l'enquête de conjoncture de Bank Al-Maghrib dans l'industrie font ressortir une hausse de la production industrielle pour le deuxième mois consécutif avec un solde d'opinion de 17%. Parallèlement, le taux d'utilisation des capacités de production s'est maintenu à 73% au niveau global, et est passé de 70% à 72% hors raffinage. Les perspectives d'évolution de l'activité manufacturière pour les trois prochains mois sont globalement favorables. Pour le secteur du bâtiment et travaux publics, les indicateurs disponibles attestent de la bonne tenue de l'activité, avec notamment une augmentation des ventes de ciments de 21,7% à fin mars en glissement annuel et une croissance de 8% de l'encours du crédit immobilier, avec une hausse de 10% des crédits accordés à l'habitat et de 3,7% aux promoteurs immobiliers.