La croissance économique nationale aurait ralenti à 2,2%, au premier trimestre 2012, après avoir affiché une progression de 5,3% au quatrième trimestre 2011, compte tenu d'un contexte international incertain et d'une campagne agricole en dessous de la moyenne, selon le haut commissariat au plan (HCP). Ce ralentissement, qui complique davantage la tâche du nouveau gouvernement de coalition, investi en janvier dernier, trouve principalement son origine dans la contraction de 11,7% de la valeur ajoutée agricole. Compte tenu donc des indicateurs de conjoncture disponibles à fin mars 2012, poursuit le HCP dans sa publication "point de conjoncture", le rythme de croissance de la valeur ajoutée hors agriculture aurait aussi ralenti, pour se situer, au premier trimestre 2012, à 4,3%, contre 5,6%, un trimestre auparavant. Ce ralentissement est attribuable à la décélération des activités secondaires, dont le rythme d'évolution n'aurait pas dépassé 1,9%, au premier trimestre 2012, contre 5,7% au quatrième trimestre 2011. Les activités tertiaires auraient, à l'inverse, conservé leur orientation favorable, contribuant pour 3 points à la croissance économique globale. Pour sa part, la valeur ajoutée agricole, ayant subi les effets du déficit pluviométrique, aurait accusé une baisse de 11,7 %, au cours de la même période. Au total, souligne le HCP, le PIB global aurait enregistré, au premier trimestre 2012, une progression de 2,2%, en glissement annuel. Au deuxième trimestre, une hausse de 5,1% de la valeur ajoutée hors agriculture est anticipée. Ainsi, et compte-tenu de la poursuite du fléchissement de la valeur ajoutée agricole, la croissance globale pourrait atteindre 2,8%. Après donc trois années de bonnes performances sur le plan agricole, le Maroc connait cette année une campagne agricole en dessous de la moyenne, selon le HCP. L'année 2012 va marquer une rupture des performances notables qu'a connues le secteur agricole au cours des trois années antérieures. Le potentiel de la production était, au terme des trois premiers mois de la campagne, égal à celui des années précédentes. Toutefois, la persistance des mauvaises conditions climatiques pendant le premier trimestre 2012, ayant affecté l'ensemble des régions agricoles à l'exception de l'Oriental, a abaissé les perspectives des rendements de la plupart des productions végétales, notamment ceux des céréales, des légumineuses, des cultures sucrières et de certaines variétés de l'arboriculture. Cette situation conforterait la poursuite de la hausse des prix intérieurs des cultures à cycle végétatif long. Au terme des six premiers mois de l'actuelle campagne, l'indice des prix à la consommation des céréales non transformées s'est accru de 7,8%, en variation annuelle. Tenant compte d'une production céréalière de 48 millions de qx, la valeur ajoutée agricole aurait enregistré, au premier trimestre 2012, une baisse de 11,7%, en variation annuelle. Cette situation se serait accompagnée par un creusement du déficit commercial agricole. Au terme des deux premiers mois de 2012, les quantités exportées des agrumes et des primeurs se sont infléchies de 16 % et 2 % respectivement, en comparaison avec la même période une année plus tôt. Pour leur part, les importations connaîtraient un mouvement sensible de reprise, notamment au cours du second semestre 2012. En particulier, les céréales verraient leurs achats extérieurs se renforcer face aux effets induits du repli de l'offre locale et de la poursuite de la tendance haussière de la demande. Le secteur de la pêche aurait également subi la même tendance, selon la même source, qui précise que la valeur ajoutée du secteur aurait connu, au premier trimestre 2012, une contraction de 9,4%, en variation annuelle. Cette contreperformance fait suite à une progression de 2,5% au quatrième trimestre 2011, due principalement à l'amélioration respective des débarquements des poissons pélagiques et des crustacés de 16,5% et 8,2%, respectivement. Les autres variétés, notamment les céphalopodes, avaient quasiment stagné au cours de la même période. Cette situation avait profité, essentiellement, aux industries de conserve, de la farine et de l'huile de poissons, qui se sont accaparées plus de 43% du total débarqué. Les ventes destinées à l'extérieur, notamment celles des poissons en conserve, avaient été orientées à la hausse, après trois trimestres consécutifs de baisses, tandis que celles des crustacés, des mollusques et des coquillages avaient accusé une chute de 21,5% Même les activités minières auraient subi au début de l'année en cours les effets de la baisse de la production phosphatière, en ligne avec la décélération de la demande internationale des fertilisants. Le raffermissement de l'extraction des autres minéraux, notamment celle des métaux, aurait amorti quelque peu ces effets, et aurait permis de limiter la diminution de la valeur ajoutée minière, au premier trimestre 2012, à -9,4%, en variation annuelle. Cette contreperformance a été confirmée par la dernière enquête de conjoncture du HCP. L'indicateur synthétique de conjoncture minière, mieux orienté au début de 2011, a progressivement perdu de sa vigueur, se situant, au premier trimestre 2012, en dessous de sa moyenne de long terme. Les anticipations des chefs d'entreprises pour le même trimestre, relatives à la demande et à la production, se sont abaissées de 10 et 9 points, respectivement, en comparaison avec le trimestre précédent, précise la publication du HCP. Les industries de transformation auraient, également, connu, au début de 2012, une inflexion de leur dynamique réalisée un trimestre auparavant. En rythme trimestriel, leur valeur ajoutée, hors raffinage, se serait repliée de 0,8 % au premier trimestre 2012. Ce léger recul a été confirmé par les résultats moins optimistes de l'enquête de conjoncture du HCP, concernant la production et la demande notamment celles relatives au «textile et cuir» et des IMME. D'après la même source, les activités du BTP auraient fait exception à cette tendance à la baisse en poursuivant, au début de 2012, leur raffermissement conjoncturel, enclenché à la mi-2011. Pour rappel, cet affermissement avait été réalisé sur fond d'une progression annuelle de 37 % de la production du logement social, conjuguée à une hausse de 26 % des unités mises en chantier. Au premier trimestre 2012, les résultats de l'enquête de conjoncture auprès des professionnels du BTP font état d'une amélioration des perspectives de l'activité de construction, sous-tendue par une amélioration de la demande des ménages adressée au secteur. Les indicateurs conjoncturels du secteur confirment cette embellie. C'est ainsi que les ventes du ciment ont progressé de 2,3 %, en glissement trimestriel, au premier trimestre 2012, pour se situer, pour le deuxième trimestre successif, au-dessus de leur tendance de long terme. L'indicateur synthétique de conjoncture, résumant les appréciations des chefs d'entreprises enquêtés, aurait progressé de 0,2 point par rapport à son niveau atteint au dernier trimestre 2011. Compte tenu de ces considérations, des progressions annuelles de la valeur ajoutée du BTP de 6 p et 6,5 %, respectivement seraient attendues, pour les premier et deuxième trimestres 2012. Pour sa part, la valeur ajoutée énergétique est restée dynamique au début de 2012, affichant une hausse de 8,6 % contre 9,3 % au quatrième trimestre 2011, en glissements annuels. La production de la branche électrique aurait augmenté moins rapidement, en comparaison avec le dernier trimestre de 2011, en raison, notamment du ralentissement des activités des centrales hydrauliques, alors que celle des unités thermiques aurait maintenu sa tendance haussière. La branche de raffinage du pétrole a évolué, pour sa part, dans un contexte marqué par le renchérissement des quantités importées du pétrole brut. Dans ces conditions, les chefs d'entreprises du secteur énergétique, interrogés dans le cadre de la dernière enquête de conjoncture du HCP, ont été optimistes. Leurs pronostics sur la tendance anticipée de la production, au cours du premier trimestre 2012, se sont améliorés de 2 points, en rythme trimestriel, mais sont restés largement en dessous de leur niveau moyen des cinq dernières années. Par contre, les activités touristiques n'ont connu qu'une légère reprise en ce début de l'année 2012. C'est ainsi que le tourisme international devra enregistrer des résultats positifs, quoiqu'en léger retrait par rapport à l'année 2011. Ainsi, l'OMT table sur une croissance de 3 % à 4 % des arrivées au niveau mondial, contre 4,4 % en 2011. Au niveau national, les perspectives de croissance pour l'activité touristique sur la première moitié de l'année 2012 semblent moins défavorables qu'au quatrième trimestre 2011. Ainsi, une hausse respective de 1,5 % et 0,4 %, en variations trimestrielles, de la valeur ajoutée du secteur de l'hébergement et de la restauration, hors effets saisonniers, est escomptée pour les premier et deuxième trimestres 2012. Le HCP indique par ailleurs que le rythme de croissance de la consommation des ménages, notamment en produits primaires, aurait ralenti au premier trimestre de l'année 2012 par rapport à l'année précédente, pâtissant d'une baisse de l'offre agricole et d'une perte de 157 mille emplois dans l'agriculture, en une année. La consommation en biens non-alimentaires aurait, par contre, poursuivi sa tendance haussière. Le document souligne de même que les prix à la consommation, corrigés des variations saisonnières, ont progressé, au premier trimestre 2012, de 0,6 % en glissement trimestriel, après avoir nettement baissé au quatrième trimestre 2011. Ce redressement a résulté, essentiellement, de la hausse de 1,4 % des prix des produits alimentaires, pâtissant du rebond des prix internationaux des matières premières, en particulier ceux des céréales. Les prix des produits non-alimentaires se sont également orientés à la hausse, suite au retour progressif des prix des services à leur évolution tendancielle, après avoir fortement reculé au quatrième trimestre 2011, dans le sillage de la baisse de ceux des communications en téléphonie mobile. Le HCP fait en outre état d'une baisse des liquidités, qui se fait de plus en plus sentir sur le marché monétaire et tend à se poursuivre au début de 2012, en liaison avec le creusement du déficit commercial et l'augmentation attendue des financements monétaires de l'Etat. Au premier trimestre 2012, la masse monétaire aurait évolué au ralenti, à la suite du maintien du recul des avoirs extérieurs nets, ainsi que de la décélération des créances sur l'économie, tandis qu'elle aurait continué à profiter au financement de l'Etat. Poursuite du repli du marché boursier Quant au marché des actions, il a poursuivi ses pertes au début de 2012, après avoir clôturé l'année 2011 avec une baisse de l'indice Masi de 12,9% et une chute du volume des transactions de 34,2%. Le marché continue de subir les effets des incertitudes liées à la conjoncture internationale et régionale et, de ce fait, évolue dans une phase d'attentisme et de manque de confiance de la part des investisseurs.