Personne en Grèce ne s'attend à ce que la réunion de la dernière chance convoquée par le président Karolos Papoulias avec les chefs de partis n'aboutisse à la formation d'une coalition gouvernementale en raison des divergences persistantes sur les plans de sauvetage internationaux. Le chef de l'Etat devait recevoir à partir de 9h00 GMT les chefs des trois principaux partis représentés au Parlement, qui ont tous échoué l'un après l'autre à former une coalition, puis individuellement les dirigeants des plus petits partis. Cette ultime conciliation a peu de chances de permettre l'émergence d'une solution de compromis susceptible d'éviter à la Grèce de nouvelles élections législatives d'ici un mois, ce qui a le don d'exaspérer les électeurs dont le quotidien est rythmé par les baisses de salaires et les hausses d'impôts. La Gauche radicale a d'ores et déjà prévenu qu'elle ne participerait pas à un gouvernement de coalition favorable au plan de sauvetage. «Notre position ne change pas», a indiqué samedi Panos Skourletis, porte-parole de Syriza. «Il est évident qu'il s'agit d'une tentative de former un gouvernement qui soutiendrait le plan de sauvetage. Nous ne participerons pas à ce type de gouvernement.» Alors que les partenaires européens d'Athènes envisagent désormais publiquement une sortie de la Grèce de la zone euro, rien ne semble devoir infléchir les différents partis. «Le pays est sur une voie dangereuse», estime en «Une» le quotidien conservateur Kathimerini. «S'il n'y a pas, même maintenant, une reconstitution immédiate du bloc pro-européen, il sera difficile d'empêcher le pays de partir à l'aventure, voire d'éviter la catastrophe.» La Constitution ne fixe pas de date limite au président Karolos Papoulias pour tenter d'arracher un accord. Lui-même n'a donné aucune indication sur le temps qu'il prendra avant de convoquer de nouvelles élections, qui pourraient parachever le naufrage des conservateurs de Nouvelle Démocratie et des socialistes du Pasok, les deux partis qui ont dominé la vie politique grecque depuis des décennies. Et le journal de centre-gauche Ethnos de prévenir qu'avec son économie au bord du gouffre, la Grèce joue aujourd'hui à la «roulette russe». Samedi, les chefs des trois principaux partis politiques grecs ont renoncé à tenter de former un nouveau gouvernement d'union, laissant le soin au président Karolos Papoulias d'organiser une réunion de la dernière chance dimanche avant la tenue plus que probable de nouvelles élections législatives.