Evangelos Venizelos, du parti socialiste grec Pasok, va tenter ce jeudi de réussir là où la droite et la gauche radicale ont échoué avant lui: former un gouvernement sur la base du Parlement issu des élections législatives qui ont tourné au rejet des plans d'austérité. Les chances de succès sont particulièrement minces et l'hypothèse de nouvelles élections, qui pourraient avoir lieu dans un délai de trois à quatre semaines, se renforce jour après jour depuis dimanche, sous le regard inquiet des partenaires européens de la Grèce. «Je vais continuer cet effort parce qu'il en va de l'intérêt de notre pays», a dit Venizelos à la presse. «Prolonger cette incertitude ne fait que nuire à notre pays et à son économie et, au final, aux plus faibles et aux chômeurs», a-t-il ajouté. Après Antonis Samaras, du parti de droite Nouvelle Démocratie, le jeune dirigeant de la gauche radicale, Alexis Tsipras, a renoncé à son tour mercredi à former un gouvernement. Le chef de file de la Coalition de la gauche radicale Syriza, hostile aux conditions de l'aide internationale à la Grèce, remettra ce jeudi au président Carolos Papoulias le mandat qu'il lui avait confié la veille. «Notre proposition a obtenu un large soutien dans la société mais pas au Parlement. Nous ne serons pas en mesure de réaliser notre rêve de former un gouvernement de gauche», a-t-il déclaré, s'adressant aux députés de son mouvement, arrivé en deuxième position derrière les conservateurs aux législatives de dimanche. «M. Tsipras (...) m'a demandé d'accepter une sortie de l'euro et la faillite du pays. Je ne le ferai pas», avait déclaré un peu plus tôt Antonis Samaras. Mise en garde allemande Si Evangelos Venizelos, dont le Pasok a sombré dimanche, jette lui aussi l'éponge, comme c'est fort probable, la Grèce n'aura d'autre choix que d'organiser de nouvelles législatives. A Bruxelles, les pays de la zone euro ont annoncé le versement d'une somme de 5,2 milliards d'euros à Athènes, malgré la réticence de certains Etats à procéder à ce paiement après le résultat des élections. Le Fonds européen de stabilité financière (FESF) a précisé qu'une somme initiale de 4,2 milliards d'euros serait versée jeudi, le milliard restant devant être transféré plus tard, «en fonction des besoins de financement de la Grèce». L'Allemagne a solennellement mis en garde la Grèce mercredi, par la voix de son ministre des Affaires étrangères. Selon Guido Westerwelle, la Grèce ne recevra plus aucune tranche d'aide financière si elle renonce à l'austérité. «L'Allemagne aimerait que la Grèce demeure dans la zone euro mais le fait de savoir si elle y restera ou non n'est pas de notre ressort», a-t-il ajouté. Si la Grèce ne reçoit plus d'aide dans le cadre du plan de l'Union européenne et du FMI d'un montant total de 130 milliards d'euros, elle se retrouvera vite en faillite, ne pouvant plus assumer ses obligations. Selon les analystes, la victoire en France de François Hollande, qui défend une politique de croissance, a encouragé les Grecs à voter contre l'austérité imposée par l'Europe et les élections anticipées de dimanche ont donné naissance à un paysage parlementaire inédit en Grèce.