La gauche est de retour au pouvoir en France avec l'élection dimanche du socialiste François Hollande à la présidence de la République, 31 ans après François Mitterrand. Selon des résultats partiels sur 83,47% des inscrits, le député de Corrèze est élu avec 51,26% des voix contre 48,74% au président sortant Nicolas Sarkozy. L'abstention avoisine 19%. A 57 ans, François Hollande, qui n'a jamais exercé de fonctions gouvernementales en trente années de carrière politique, devient le septième président de la Ve République à sa première candidature. «Devant vous je m'engage à servir mon pays, avec le dévouement et l'exemplarité que requiert cette fonction», a déclaré le président-élu lors d'un discours dans son fief électoral de Tulle (Corrèze). «Le 6 mai doit être une grande date pour notre pays, un nouveau départ pour l'Europe, une nouvelle espérance pour le monde!», a-t-il ajouté, soulignant qu'il demanderait à être jugé sur «deux engagements majeurs : la justice et la jeunesse». «Trop de fractures, trop de blessures, trop de ruptures, trop de coupures (...) c'en est fini!», a lancé François Hollande en référence à la présidence de Nicolas Sarkozy, qu'il avait salué avec «respect» en préambule de son allocution, close par l'air de «La vie en rose» jouée par des accordéonistes. La première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a fait part de son «immense émotion». «Ça fait tellement longtemps qu'on attendait cette victoire», a ajouté sur TF1 celle qui est citée parmi les favoris au poste de Premier ministre. «2012 a clairement un goût de 1981», a témoigné le député Jean Glavany, qui avait annoncé le premier son élection à François Mitterrand en 1981. La Bastille a été prise d'assaut par les sympathisants de François Hollande, comme il y a 31 ans. Ce tournant dans l'histoire politique nationale et européenne marque un cinglant désaveu pour Nicolas Sarkozy, qui jusqu'au bout aura espéré en un sursaut de «la France silencieuse» mais n'aura pas surmonté le désamour à son égard. Priorité au rassemblement des Français François Hollande s'est engagé dimanche à rassembler les Français après son élection à la présidence de la République, qui enverra selon lui dans toute l'Europe le signal que l'austérité ne peut pas être une «fatalité». «Ce soir, il n'y a pas deux France qui se font face, il n'y a qu'une seule France, qu'un seul destin», a-t-il dit sur la place de la cathédrale de Tulle, dans le département de Corrèze dont il est l'élu depuis 25 ans. «Trop de fractures, trop de blessures, trop de coupures ont pu séparer nos concitoyens, c'en est fini. Le premier devoir du président de la République, c'est de rassembler»', a-t-il dit. Il s'est engagé à être le «président de tous» et a demandé à être jugé sur deux engagements, la justice et la jeunesse. «Je ne me poserai que ces seules questions : est-ce que j'ai fait avancer la cause de l'égalité et est-ce que j'ai permis à la nouvelle génération de prendre toute sa place au sein de la République ?», a-t-il ajouté. Il a précisé qu'il se rendrait à Berlin très rapidement pour y rencontrer la chancelière Angela Merkel afin de «réorienter» la construction européenne. «Je suis sûr que dans bien des pays européens ça a été un soulagement, un espoir, l'idée qu'enfin l'austérité ne pouvait plus être une fatalité. Et c'est la mission qui désormais est la mienne (...) et c'est ce que je dirai le plus tôt possible à nos partenaires européens et d'abord à l'Allemagne», a-t-il dit. «Tout ce que je ferai sera aussi au nom des valeurs de la République partout dans le monde», a-t-il ajouté.