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Compte tenu de la persistance de la crise en Europe : 2012 sera une année difficile pour les professionnels du Textile-Habillement Concurrence déloyale, baisse de la demande, main-d'oeuvre non qualifiée...les maux de la filière
Les professionnels du Textile-Habillement n'ont pas le moral. Pour eux, la persistance de la crise en Europe ne facilite pas la tâche à leur filière. « Les effets de cette crise, enclenchée depuis quelques mois, sont bien réels et visibles sur l'activité exportatrice du secteur », avait en effet souligné récemment El Mustapha Sajid, président de l'AMITH, dans un entretien accordé à un confrère francophone casablancais. Face à la baisse de la consommation, poursuit-il, les distributeurs ont choisi résolument de rationaliser encore plus leurs approvisionnements et minimiser au maximum la prise de risque. Même les acteurs opérant dans le marché local, estime-t-il, ne sont pas bien lotis. Et ce, pour plusieurs facteurs dont la concurrence déloyale livrée par l'informel, la nette baisse de la demande et le phénomène des impayés. En tout cas, récemment à Fès, les professionnels de la région se sont déjà penchés, lors du dernier Conseil d'administration de l'AMITH (Association Marocaine des Industries du Textile-Habillement) sur les maux du secteur, à savoir, entre autres, le transport, la CNSS, le financement bancaire et le manque d'une main d'oeuvre qualifiée. « Si les effets de la crise en Europe se prolongent, le risque de mise en péril des unités de production n'ayant pas encore totalement digéré les impacts de la crise de 2009-2010, est bien réel », met en garde M. Sajid. Autre point soulevé par M. Sajid : Avec le bouleversement induit par le retrait de la Chine de l'entrée de gamme, la cartographie du sourcing mondial d'habillement se recompose. Il a ajouté dans ce sens que le nouveau leader du sourcing lointain, pour le grand import, est bel et bien le Bangladesh qui, avec ses bas coûts, est en train de faire une percée phénoménale, suivie par le Vietnam, l'Indonésie et le Pakistan. En 2011, faut-il le rappeler, le secteur du textile-habillement a fini l'année sur une croissance de l'ordre de 4,4%. Ce qui a permis, de l'avis des professionnels, de sauver cet exercice qui accusait, depuis le mois d'août dernier, une baisse de régime due principalement à deux facteurs : allongement exceptionnel de la période estivale ayant retardé les commandes pour les nouvelles collections, et retour de la crise économique en Europe, principal partenaire commercial du Maroc. Côté perspectives, les professionnels sont alors dans l'expectative puisque la crise européenne persiste et affecte durement, comme on le sait, le pouvoir d'achat du consommateur européen qui a, il est vrai, fortement réduit son budget consacré à l'habillement. Dans ce sillage, faut-il le noter, le Cercle euro-méditerranéen des dirigeants du textile et de l'habillement (CEDITH), lui aussi, s'attend à ce que l'année 2012 soit très difficile pour les textiliens marocains. D'autant plus qu'en matière de consommation vestimentaire, le marché européen devrait accuser une perte de 2,3% en moyenne, durant l'année en cours. Pire, toujours selon le CEDITH, les marges bénéficiaires des entreprises marocaines risquent d'être exposées à une dangereuse érosion, et ce, à cause de l'accroissement des coûts des intrants et du transport. Aussi, pour éviter de fermer boutique, la plupart des producteurs se voient contraints de préserver leur compétitivité, en révisant à la baisse les prix facturés à leurs donneurs d'ordres. Malgré cette situation inquiétante que vit le secteur du textile-habillement, les professionnels gardent quand même espoir compte tenu de nouvelles orientations stratégiques de certains hauts responsables européens qui ont décidé de revenir dans les pays du pourtour méditerranéen. Selon les derniers chiffres de l'Office des Changes, les exportations du secteur ont connu, à fin février 2012, une quasi-stagnation pour les vêtements confectionnés et 3% de plus pour les articles de bonneterie.