Les exportations tunisiennes de textile et habillement ont progressé de 18 %, à près de 2,7 milliards de dirhams en mai dernier, comparativement à mai 2010. Une performance assimilée à un pied de nez à la révolution de jasmin. La forte compétitivité du secteur textile et habillement tunisien a fini par avoir raison de la révolution de jasmin. C'est en substance le constat que l'on peut dégager des performances inédites des exportations de notre voisin, berceau du printemps arabe. Les derniers chiffres disponibles font état d'une progression significative des ventes à l'étranger du secteur textile-habillement de 18 %, à près de 2,7 milliards de dirhams en mai 2011, comparativement à la même période de l'année précédente. Pour plus de détails, la valeur des expéditions des deux filières textile et habillement avait affiché une nette amélioration de respectivement 17,5 et 18,1 %. Au terme des cinq premiers mois de 2011, la croissance du secteur a réalisé une avancée de 10,15 %, soit plus de 12,6 milliards de dirhams. Avec ces réalisations, notre concurrent direct a réussi à tirer son épingle du jeu et à garder sa place de choix en tant que cinquième fournisseur de l'UE, principal client (avec 96 % des commandes). Ces chiffres portent à croire que l'air frais que commencent à ressentir les exportations marocaines n'a rien à voir, à en croire Mohamed Tazi, directeur général de l'Association marocaine des industries du textile et de l'habillement (AMITH), avec les perturbations que vit le pays. A fin mai et selon la dernière publication mensuelle de l'Office des changes, les écoulements marocains de vêtements confectionnés et articles de bonneterie avaient respectivement gagné 14,3 % à 8,2 milliards de dirhams et 12,5 % à 2,9 milliards de dirhams. Les propos du directeur de l'Amith mettent ainsi à mal l'adage du malheur des uns faisant le bonheur des autres, plus encore, «on n'a pas intérêt à être seul sur le marché. Quand on est seul on risque de perdre notre place stratégique dans la carte des donneurs d'ordres étrangers. On a été de leur côté durant toute leur campagne médiatique, en vue de rassurer leur clients», expose ainsi Mohamed Tazi. Cela étant, le Maroc et la Tunisie adoptent des stratégies à l'export quasiment communes et complémentaires, se basant sur le sourcing (produit fini, circuit court, etc). - 2 036 entreprises (34,9 % du nombre total des entreprises tunisiennes) - 199 500 emplois (39,2 % des emplois des industries manufacturières) - 931 entreprises à capitaux mixtes, dont 600 à capitaux 100 % étrangers - 1 504 entreprises de confection - 1 715 entreprises totalement exportatrices, employant plus de 181 600 personnes - La filière pantalon revendique 30 % des entreprises opérantes, 35 % des emplois et plus de 20 % du chiffre d'affaires à l'exportation - 3,8 % du total des importations de vêtements de l'UE en 2010 «La Tunisie excelle en vêtements balnéaires, en lingerie féminine, en vêtements professionnels et en sportswear, alors que le Maroc est très performant en prêt-à-porter féminin et en casualwear», note le Cercle euro-méditerranéen des dirigeants textile-habillement (CEDITH). De l'avis de Jean-François Limantour, président du CEDITH, l'évolution positive des ventes tunisiennes «reflète le haut niveau de compétitivité du secteur et la grande confiance des marchés européens», ajoutant qu'«il s'agit là d'une excellente performance qui confirme que le secteur est en pleine forme après le trou d'air de janvier, au plus fort de la révolution de jasmin», peut-on lire sur son blog. À noter enfin que les autorités tunisiennes s'attellent énergiquement à laisser derrière elles l'effet Mohamed El Bouazizi.