Un Forum sur la sécurité alimentaire s'est tenu à Rabat du 7 au 9 mars 2012 grâce au parrainage de l'Office Chérifien des Phosphates. La thématique concerne la sécurité alimentaire et l'étude des raisons de la famine structurelle en Afrique et en Asie. Des continents pourtant terrains propices pour l'agriculture. La conclusion est que les gouvernements africains et asiatiques doivent faire un grand effort pour le développement de ce secteur pour ne pas exposer leurs pays à la famine et aux maux sociaux. Et comme l'a si bien dit le conseiller à la présidence de la République sénégalaise, Moussa Seck, l'Afrique est le continent où la faim ne devrait pas exister. M. Seck met le doigt sur le problème: «Malheureusement la question de l'alimentation n'est pas la priorité des gouvernants. La preuve? Le budget consacré à l'agriculture représente 5% seulement du budget général de l'Etat». «La garantie de la sécurité alimentaire est tributaire de la promotion des investissements et de l'organisation des agriculteurs, facteurs de nature à améliorer la productivité et à satisfaire les besoins des consommateurs», a-t-on souligné lors du forum. Pour cela, «l'Etat est appelé à apporter son soutien en termes d'investissements dans l'infrastructure, les intrants, la formation, la recherche et développement, et d'instaurer un cadre juridique à même de créer un environnement propice aux investissements dans le secteur agricole». Ce sont là des impératifs à retenir par de nombreux pays en quête d'autosuffisance alimentaire ou, au moins, d'un certain niveau de sécurité alimentaire. A ces grandes lignes, il faudrait aussi ajouter un paramètre d'importance, véritable socle du projet de développement: la stabilité politique. Une relation dialectique puisque la paix sociale repose sur la satisfaction des besoins des populations et la garantie du travail au maximum, surtout en milieu rural. C'est indispensable pour espérer gagner la confiance du secteur privé, c'est à dire attirer les investissements créateurs d'emplois. Christopher Delgado, directeur du Programme mondial pour l'Agriculture et la Sécurité Alimentaire au niveau de la Banque mondiale, la considère comme une condition incontournable. L'objectif de ce forum auquel a invité l'OCP, par le biais du son Directeur général, M. Mostafa Terrab, est de créer une certaine prise de conscience chez les dirigeants, notamment en Afrique, comme quoi le continent, qui a obtenu son indépendance politique, pourrait recouvrer son indépendance économique, ou du moins atténuer sa dépendance, en visant l'autosuffisance alimentaire. Un ventre rassasié, libère le temps pour la réflexion et le progrès et atténue les tensions. Le secteur phosphatier se trouvant au centre de la question alimentaire, M. Terrab sait de quoi il parle quand il s'est adressé au parterre des experts réunis à Rabat, lui qui vit le sujet à travers l'activité de son groupe qui gère un réservoir naturel de phosphates représentant les trois quarts des réserves mondiales. L'OCP est une référence en matière de gestion de cette ressource naturelle qu'elle commercialise dans le monde entier, faisant du Maroc le premier exportateur mondial de phosphates. Cette matière devient de plus en plus un produit stratégique parce qu'il est inconcevable qu'on investisse dans les équipements par l'acquisition du matériel et du savoir-faire, en omettant de donner aux fertilisants l'importance qui leur revient. Les phosphates sont pour l'agriculture ce que les hydrocarbures sont pour les transports et l'industrie. Nul ne peut ignorer la place du groupe national OCP dans la dynamique alimentaire nationale et internationale à l'heure des discussions des chantiers de développement durable. D'une part, le secteur contribue à l'élan du développement national et à la relance des affaires propres. D'autre part, en tant que service public à caractère commercial et industriel, il s'associe aux autres acteurs et opérateurs publics et privés à la vulgarisation des valeurs du Royaume dans le giron mondial des sociétés respectueuses des droits humains et luttant contre la famine. Au fait, l'indifférence des Etats accentue encore plus la précarisation du paysan. A défaut de moyens et de politique de l'Etat, celui-ci procède à la cession de ses terres pour pouvoir subsister en devenant employé alors qu'il était propriétaire ou en changeant carrément de métier. La paupérisation qui en résulte constitue une bombe à retardement qui explosera un jour à la figure des dirigeants qui ont contribué indirectement à sa fabrication. Or, comme nous le disions, la stabilité politique est un facteur déterminant pour le développement économique et social. «Nous sommes prêt, à partager notre expérience avec les pays du Sud», a proposé M. Terrab , mais à condition que l'on mette en œuvre une politique volontariste de développement de l'agriculture sur le continent. Tout cela atteste donc du rôle que joue l'OCP en apportant conseil, expertise et produits phosphatiers en nature au continent africain et asiatique (plus de 4 milliards d'habitants) C'est vrai que les retombées économiques et financières sont indéniables pour le Maroc, mais les enjeux de l'OCP sont encore plus nobles, à savoir porter assistance à des pays en danger potentiel de famine, imminent si la réalité actuelle devait persister.