Le chef du Hamas Khaled Mechaal est arrivé dimanche à Amman pour une courte visite, la première officielle depuis son expulsion de Jordanie en 1999, qui marque un tournant dans les relations difficiles entre le royaume et le mouvement islamiste palestinien. M. Mechaal, qui détient la nationalité jordanienne, est arrivé en fin de matinée, accompagné du prince héritier du Qatar, Tamim Ben Hamad Al-Thani, qui effectue une médiation auprès de la Jordanie. Le roi Abdallah II doit recevoir à déjeuner M. Mechaal, le prince du Qatar et une délégation du Hamas composée de cinq membres du bureau politique, en particulier le numéro deux Moussa Abou Marzouk, arrivés samedi à Amman. «M. Mechaal fera ensuite une déclaration à la presse avant de quitter la Jordanie en compagnie du prince Tamim», a indiqué une source proche du palais royal. Le palais royal avait annoncé samedi soir «une visite d'un jour du prince héritier du Qatar cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani», se contentant de préciser que le prince du Qatar serait «accompagné du chef du bureau politique du Hamas khaled Mechaal». Un haut responsable jordanien a même qualifié cette visite d'uniquement «protocolaire». Mais pour la puissante opposition islamique en Jordanie, la visite de M. Mechaal et surtout sa rencontre avec le roi est «historique». «La rencontre aujourd'hui (dimanche) est historique et la participation du Qatar renforcera la volonté royale de normaliser les relations entre la Jordanie et le Hamas au service des hauts intérêts de la Jordanie», estiment les Frères musulmans sur leur site. Quelle que soit la teneur des entretiens, la visite devrait ainsi permette un rapprochement entre l'Etat et les islamistes, qui mènent depuis un an avec des militants pro-démocratie un mouvement dans la lignée du Printemps arabe pour des réformes politiques et économiques et contre la corruption. La Jordanie, qui tente de jouer un rôle de médiateur entre Palestiniens et Israéliens, pourrait aussi faciliter la réconciliation entre le Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas et le Hamas, qui gouverne la bande de Gaza. La première rencontre publique entre négociateurs palestinien et israélien le 3 janvier avait été pour la Jordanie l'occasion de montrer qu'une éventuelle normalisation avec le mouvement palestinien Hamas ne changerait en rien sa reconnaissance de l'Autorité palestinienne. La visite du responsable du Hamas était attendue depuis que le nouveau Premier ministre jordanien, Aoun Khassawneh, ancien juge à la Cour pénale internationale de La Haye, avait qualifié en novembre d'»erreur constitutionnelle et politique» l'expulsion des dirigeants du Hamas en 1999. Depuis cette date, la Jordanie et le Hamas, dont les dirigeants se sont installés à Damas, entretiennent des relations difficiles. Ces relations se sont encore détériorées en 2006, quand Amman a accusé le Hamas de trafic d'armes à partir de la Syrie vers son territoire. Depuis 1999, il n'a pu revenir que deux fois en Jordanie, pour assister à l'enterrement de son père en août 2009 et pour rendre visite à sa mère malade en octobre.