Le 3ème congrès de l'Organisation de la Femme travailleuse s'est tenu samedi dernier à Rabat sous le thème : « Développement, justice, démocratie et égalité ». Dans une allocution de bienvenue, Mme Latifa Laâkal, présidente de la commission préparatoire du congrès, a notamment relevé que ces assises constituent une étape historique dans la longue lutte de la femme travailleuse, sous la houlette de l'Union Générale des Travailleurs du Maroc (UGTM), lutte, a-t-elle rappelé, qui a débuté en 1998, avec tout ce que cela implique comme acquis, contraintes et espérances, ajoutant que l'UGTM a toujours placé la promotion de la femme en tête de ses priorités en veillant à sa formation et en tenant à la hisser aux postes de décision syndicale et politique, orientation qui s'est davantage affirmée lors du 9ème congrès de l'Union à travers l'accession de cinq femmes au Bureau exécutif de cette dernière et l'élection de deux femmes Secrétaires nationales de deux régions sur les quatre que compte la centrale syndicale, aussi bien qu'à travers l'inscription de Mme Khadija Zoumi sur la liste nationale pour l'élection de la Chambre des conseillers, ou l'élection de Mme Kenza El Ghali à la Chambre des Représentants lors des récentes législatives, élections que Mme Laâkel considère comme un grand acquis et le couronnement de la politique de l'UGTM et du Parti de l'Istiqlal en matière d'égalité et d'équité envers la femme travailleuse. Sur un autre plan, Mme Laâkel s'est dite déçue et dépitée par la compostion du nouveau gouvernement qu'elle a qualifié de « masculin » et de défaite pour les droits de la femme en général aussi bien que comme une violation de la Constitution puisqu'une seule et unique femme y siège alors que le précédent en comptait sept. De son côté, M. Hamid Chabat, Secrétaire général de l'UGTM, a mis l'accent sur le rôle de la femme dans l'édification du Maroc moderne, le Maroc du droit, et sur la nécessité de l'intégrer dans le processus de développement économique et social, tout en rappelant le long combat national et politique de la femme marocaine qui, a-t-il dit, est présente et lutte depuis la création de l'Etat marocain ; c'est aussi elle qui a érigé la première université marocaine, a lutté et signé le Manifeste de l'indépendance et participe à tout ce qui se fait de bon dans ce pays. M. Chabat a estimé, d'autre part, que la représentation de la femme au nouveau gouvernement est en retrait par rapport aux aspirations de l'ensemble du peuple marocain et pas seulement de ses femmes et formé le vœu de voir le président de l'Exécutif, M. A. Benkirane, procéder aux réformes que la nouvelle Constitution lui permet de mener et de rattraper ainsi la faible représentation de la gent féminine à son gouvernement, ajoutant que l'UGTM a constamment associé la femme à son action depuis sa création en activant sa participation au mouvement syndical et en œuvrant à la propulser aux premiers postes de décision syndicale et politique outre les autres formes d'appui et de soutien qu'elle lui a toujours apporté en termes de formation professionnelle , d'enseignement et d'éducation, si bien qu'elle est désormais représentée dans les deux Chambres du Parlement et dans tous les conseils élus, grâce à une politique ouverte et en harmonie avec le choix démocratique du Maroc. Concernant la phase actuelle que traverse le pays et qu'il a qualifiée de délicate, M. Chabat a mis l'accent sur la nécessité d'élargir le champ des libertés et de promouvoir la justice sociale en étendant la protection sociale et en consacrant les principes d'égalité des chances et de bonne gouvernance, ajoutant que la jeunesse marocaine a réagi intelligemment aux réformes entreprises par le Maroc et, en premier lieu, à la nouvelle Constitution et au programme social intégré du précédent gouvernement, ce qui a évité au pays de pâtir de la tempête soulevée par le « Printemps arabe » qui s'est mué en « automne » au regard de l'instabilité qui règne dans cette région. Il a, d'autre part, mis l'accent sur l'importance et la détermination de l'UGTM à soutenir le nouveau gouvernement et à faire en sorte qu'il puisse appliquer la Constitution de manière saine et convenable, ajoutant que l'action syndicale aura du pain sur la planche eu égard aux nombreuses attentes du peuple et du fait que les partis de la coalition ont bâti leurs programmes électoraux sur des choix éminemment sociaux, ce qui oblige le gouvernement à veiller à les concrétiser et que l'UGTM, pour sa part, veillera à satisfaire les revendications de la classe laborieuse dans le cadre du dialogue social, sachant que cette dernière souffre énormément, principalement dans le secteur privé où l'action syndicale est toujours interdite. A noter que ce congrès a été marqué par la démission de Mme Laâkel et du Bureau exécutif de l'Organisation de la Femme travailleuse et par l'élection de Mme Fatiha Sghir comme nouvelle Secrétaire nationale et des membres du nouveau Bureau exécutif sur la base de la représentativité régionale, en présence de quelque 200 congressistes représentant l'ensemble des Unions régionales, provinciales et locales ainsi que des fédérations et des centrales nationales.