Le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi a demandé lundi que «les tirs s'arrêtent» en Syrie où le régime continue de réprimer les militants pro-démocratie malgré le déploiement des observateurs de l'organisation panarabe. Un pays arabe au moins ( vraissemblablement un pays du Golfe), aurait demandé le retrait de la mission de Syrie. Le secrétaire général de la Ligue arabe a affirmé que selon les «derniers rapports» reçus par téléphone des observateurs en Syrie, «il y a toujours des tirs et des tireurs embusqués» dans les villes. «Il faut un arrêt total des tirs», a-t-il ajouté, dans les premières déclarations au sujet de la mission des observateurs arabes. M. Arabi a en outre évoqué la possibilité d'une réunion prochaine des ministres arabes des Affaires étrangères pour évaluer cette mission. Parallèlement, les appels au retrait des observateurs se sont multipliés depuis leur arrivée à Damas le 26 décembre, la répression sanglante menée par le régime ne marquant pas de répit, avec onze civils tués lundi. Du Caire, on apprend qu'au moins un pays arabe a demandé le retrait de la mission de Syrie. Au siège de la Ligue arabe, on précise que le pays qui a demandé le retrait de la mission des observateurs en Syrie, est un État du Golfe. Déjà dimanche, le président du Parlement arabe, Salem al-Diqbassi, avait appelé au retrait immédiat de la mission des observateurs, (...) «le régime syrien continuant à tuer des civils innocents», en «violation claire du protocole arabe qui prévoit de protéger le peuple syrien». Pour le chef de la diplomatrie française, la mission des observateurs arabes doit être «clarifiée». Les conditions de la mission des observateurs arabes en Syrie doivent être «clarifiée», a déclaré mardi le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, qui déploré par la même occasion que la Russie continue de bloquer à l'ONU la condamnation du régime syrien à l'ONU. Prés de 400 civils tués depuis le début de lamission d'observateurs Les Comités locaux de coordination (LCC) qui organisent la mobilisation sur le terrain, ont fait état lundi soir de la mort de 390 civils, dont 24 personnes décédées sous la torture et 30 enfants, depuis le début de la mission des observateurs. Cinq personnes, dont une enfant de 10 ans, ont été abattues à Homs (centre) par les forces de sécurité, et quatre autres y ont été blessées, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Dans cette région, haut lieu de la contestation hostile au régime du président Bachar al-Assad, le corps d'un homme arrêté dimanche a été rendu à sa famille. Il portait des traces de torture, selon l'OSDH. Cinq autres civils ont péri dans la région de Douma, près de Damas, quatre lors de perquisitions des forces de l'ordre et un sous les tirs des chabbiha, les milices civiles du régime, a affirmé l'OSDH, citant des habitants. Un homme est en outre mort dans la région d'Idleb (nord-ouest) lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu à un barrage. Une mission entravée par le régime La mission des observateurs est également contestée par les opposants syriens qui accusent le régime d'entraver son action et expriment des inquiétudes au sujet des «positions adoptées» par leurs chef, le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi. «Les observateurs sont restés trop longtemps dans leurs hôtels avant d'être autorisés à sortir sur le terrain et leurs visites se font sous la surveillance des agents de sécurité du régime», a déploré Jabr al-Choufi, membre du Conseil national syrien (CNS), principal mouvement de l'opposition syrienne, dans des déclarations à la chaîne al-Arabiya. Dans la région de Homs, les observateurs, encadrés par les autorités, ont visité une cimenterie près de Rastane, au lieu de se rendre dans cette ville où des milliers de manifestants ont été dispersés par des tirs en l'air, a déploré l'OSDH. Leur mission fait partie d'un plan de la Ligue arabe qui prévoit notamment la liberté de manifester, et le retrait des engins militaires des rues. Certains remettent également en cause le choix du général Dabi «qui appartient à une armée ayant commis des crimes de guerre au Darfour», écrivait lundi le quotidien à capitaux saoudien al-Hayat, basé à Londres. Un deuxième groupe d'observateurs doit arriver demain jeudi en Syrie. Dans la région d'Idleb (nord-ouest), des déserteurs ont attaqué deux points militaires, prenant en otage des dizaines de soldats. Ils ont en outre tué plusieurs soldats. «La famille Assad n'a plus que quelques semaines à exercer le pouvoir en Syrie», a estimé le ministre israélien de la Défense Ehud Barak, ajoutant qu'il était «impossible de prévoir (...) ce qui va arriver au lendemain de la chute de Bachar al-Assad».