Les autorités syriennes «étudient» une réponse reçue de la Ligue arabe à leur demande de levée des sanctions pour recevoir des observateurs de la Ligue dans le pays, a indiqué le ministère syrien des affaires étrangères, tandis-que le Conseil national syrien (CNS) accuse le régime du président Bachar al-Assad de se préparer à commettre un massacre à Homs, important foyer de la contestation. «Le ministère des Affaires étrangères a reçu la réponse du secrétaire général de la Ligue arabe et nous sommes en train de l'étudier», a indiqué le porte-parole du ministère Jihad Makdessi dans un communiqué. Le régime syrien s'était dit lundi prêt à signer le protocole sur la venue d'observateurs de la Ligue arabe pour rendre compte des violences sur le terrain et tenter de mettre fin à la répression qui a fait, selon l'ONU, plus de 4.000 morts depuis le début de la révolte en mars. Mais dans une lettre envoyée à la Ligue arabe et publiée mardi par la presse, le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem a demandé l'annulation pure et simple des sanctions prises le 27 novembre par l'organisation panarabe, en échange de la signature du protocole. Ces sanctions, les premières de cette ampleur à l'encontre de l'un de ses membres, prévoient notamment un gel des transactions commerciales avec le gouvernement syrien et de ses comptes bancaires dans les pays arabes. La signature de ce protocole, qui doit définir le cadre juridique de la mission et le mandat des observateurs, a fait l'objet de plusieurs ultimatums de la Ligue arabe face à l'absence de mesures de Damas pour appliquer un plan de sortie de crise arabe, qu'il avait pourtant accepté «sans condition» début novembre. Ce plan prévoyait l'arrêt des violences, la libération des détenus et l'ouverture du pays à des observateurs arabes et à la presse étrangère. Massacrer Homs pour l'exemple ? Par ailleurs, le Conseil national syrien (CNS), qui regroupe la majorité des courants de l'opposition syrienne, a accusé vendredi le régime du président Bachar al-Assad de se préparer à commettre un massacre à Homs (centre), un important foyer de la contestation. «Toutes les informations, les vidéos, ainsi que les militants sur le terrain affirment que le régime se prépare à commettre un massacre collectif pour faire taire la Révolution dans cette ville, et en faire un exemple pour les autres régions» de Syrie, a affirmé le CNS dans un communiqué. «Le régime prétexte des incidents confessionnels pour justifier son éventuel crime. Il pousse dans cette direction par tous les moyens en incendiant des mosquées, en tuant des jeunes et en les torturant, en enlevant des femmes et des enfants. Hier le régime a mis le feu à un oléoduc dans le quartier de Baba Amro (ndlr: à Homs), afin d'en accuser ce qu'il appelle +des groupes armés+», indique le CNS. «Le régime tente de faire taire les insurgés pacifiques en prétextant vouloir livrer une guerre contre le terrorisme», ajoute le communiqué. Le CNS a enfin fait état de la présence d'»importants renforts militaires qui encerclent actuellement Homs, dont des milliers de soldats, et un nombre incalculable d'engins militaires lourds. Les forces du régime ont érigé plus de soixante barrages à l'intérieur de Homs», a-t-il ajouté. La ville rebelle de Homs est le théâtre d'opérations sécuritaires depuis plusieurs semaines. Jeudi, au moins dix civils y ont péri, sous les tirs des forces du régime, de francs-tireurs ou dans des attaques à l'artillerie, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, (OSDH). Huit autres civils ont été blessés par les agents de sécurité qui «ont tiré aveuglément sur les habitants à Houla», dans la province de Homs, surnommée «capitale de la Révolution» et qui compte le plus grand nombre de «martyrs» depuis le début à la mi-mars de la révolte populaire, selon la même source. Les militants pro-démocratie en Syrie ont annoncé jeudi le lancement d'une campagne de désobéissance civile pour accroître la pression sur le régime Assad.