La Russie est opposée à tout embargo sur les livraisons d'armes à la Syrie et estime qu'il faut cesser d'imposer des ultimatums à ce pays, a déclaré mardi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. «Nous savons comment les choses se sont passées en Libye, où l'embargo sur les armes n'a été appliqué qu'à l'armée libyenne. L'opposition a reçu des armes, et des pays comme la France et le Qatar en ont parlé publiquement, toute honte bue», a-t-il dit lors d'une conférence de presse en compagnie de son homologue islandais, à Moscou. «Plus les événements en Syrie dureront, plus la situation nous préoccupera. Pour l'essentiel, des groupes armés provoquent les autorités. Attendre des autorités qu'elles ferment les yeux là-dessus n'est pas juste», a ajouté le chef de la diplomatie russe. Le Conseil des droits de l'homme des Nations unies a déclaré lundi que l'armée et les forces de sécurité syriennes avaient commis des «crimes contre l'humanité» - meurtres, tortures et viols - et réclamé l'instauration d'un embargo sur les livraisons d'armes au régime syrien. En octobre, de concert avec la Chine, la Russie avait opposé son veto à une résolution du Conseil de sécurité de l'Onu condamnant les violences perpétrées par le régime du président Bachar al Assad. La Syrie a représenté 7% du total des livraisons d'armes russes à l'étranger en 2010, selon le club de réflexion russe CAST, consacré aux questions militaires. Une zone tampon à la frontière Syro-turque ? La Turquie n'écarte pas la possibilité d'imposer une zone tampon à sa frontière avec la Syrie en cas d'afflux massif de réfugiés fuyant le conflit dans ce pays, a déclaré mardi le chef de la diplomatie turque. «Nous travaillons sur tous les scénarios (...) Si des milliers de gens fuyaient vers notre frontière, cela créerait une situation différente» a dit Ahmet Davutoglu sur une chaîne privée, précisant que des mesures pourraient être prises en coordination avec la communauté internationale. La Turquie ne souhaite pas envisager l'hypothèse d'une intervention militaire en Syrie mais se tient prête à tout scénario, a déclaré mardi le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu. «Si l'oppression se poursuit, la Turquie est prête à tout scénario. Nous espérons qu'une intervention militaire ne sera jamais nécessaire. Le régime syrien doit trouver un moyen de faire la paix avec son propre peuple», a dit le ministre dans une interview à la chaîne de télévision turque Kanal 24. Il a estimé en outre, concernant la Syrie, qu'un régime qui torture son propre peuple n'a aucune chance de se maintenir au pouvoir. Le ministre ajoute que la communauté internationale pourrait être amenée à décider l'instauration d'une zone tampon au cas où des centaines de milliers de Syriens chercheraient à fuir les violences dans leur pays. Selon Davutoglu, Damas a encore la possibilité d'accepter sur son territoire la présence d'observateurs de la Ligue arabe.