Le candidat socialiste à la présidentielle de 2012 en France, que les sondages donnent largement vainqueur face à Nicolas Sarkozy, attaque le président sur sa politique européenne au moment où la zone euro est dans la tourmente, mais la droite lui conteste toute compétence en ce domaine. Dans son premier discours de campagne samedi, François Hollande a critiqué M. Sarkozy sur sa méthode, l'accusant d'avoir multiplié les «annonces précipitées», les «improvisations coûteuses» et les initiatives diplomatiques «approximatives» dans la gestion de la crise, au point de s'être retrouvé dans une «impasse» face «la rigidité» d'Angela Merkel. Au moment où les pays européens peinent à trouver une solution à la crise de la dette, il s'est engagé à tout faire pour «sauver l'Europe» s'il devient président de la République, préconisant une relance de la construction européenne sous peine de voir «la crise financière emporter tout sur son passage». Il a plaidé pour la mise en oeuvre de «deux cercles concentriques», «les pays qui doivent conduire la marche» autour du couple franco-allemand et «l'ensemble des pays adhérents ensuite». M. Hollande, 57 ans, professionnel de la politique avec plusieurs mandats électoraux mais qui n'a jamais été ministre, a été accusé samedi par un proche du président en exercice, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant, de ne pas avoir «la carrure» d'un chef d'Etat. La droite a fait de son manque d'expérience gouvernementale un argument fort pour tenter de le discréditer. Il a profité de son discours d'intronisation, six jours après sa large victoire à la primaire socialiste, pour répondre dans le même registre en tapant sur Nicolas Sarkozy, un «général vaincu sur tous les fronts», et sur l'»arrogance» de la droite au pouvoir, ces «piètres gestionnaires transformés en syndics de leur propre faillite». Alors que la popularité de M. Sarkozy est au plus bas avec 69% de mécontents, selon un sondage IFOP publié par le Journal du Dimanche, M. Hollande a été crédité de 62% de voix au second tour de la présidentielle le 6 mai prochain, dans un autre sondage récent. Le politologue Roland Cayrol a relevé dimanche dans Le Parisien que cette cote de popularité «surévaluée» correspond au «moment d'euphorie» qui suit la primaire, mais que pour le candidat, «les difficultés commencent». François Hollande a pris soin samedi de prévenir ses troupes que cette cote d'amour ne pourrait pas durer. Face aux turbulences économiques à venir, il doit maintenant convaincre les Français que son programme, axé sur le soutien à la jeunesse et fondé sur une réforme de la fiscalité et une relance de la croissance, représente une issue réaliste au moment où les agences de notation menacent de dégrader la note financière de la France. A ceux de ses soutiens qui militent pour la démondialisation autour d'Arnaud Montebourg - un des battus de la primaire - il répondu que les Français devaient être «les meilleurs dans la mondialisation et non pas les plus frileux», autour de la notion de «juste échange». Il a aussi appelé à «entendre les indignés» mais a prévenu qu'il ne multipliera «pas les propositions à mesure de ses rencontres avec les catégories qui chacune se considère comme prioritaire». Le discours de François Hollande a été accueilli par le silence ou le sarcasme par les proches de Nicolas Sarkozy. «Nous vivons aujourd'hui des moments où tout peut basculer c'est un moment capital pour l'Europe. Le devoir des hommes et des femmes politiques c'est de ne pas faire de propositions extravagantes», a déclaré Frédéric Lefebvre, secrétaire d'Etat à la consommation.