«Au Maroc, l'ostéoporose, est une maladie de l'os très mal connue. Les gens trouvent normal qu'une vielle femme marche avec le dos courbé et trouvent que c'est l'effet de l'âge. Or cette dame a des fractures vertébrales qui auraient pu être évitées si elle avait eu un diagnostic et un traitement précoces», s'indigne Dr Saloua Larhrissi, présidente de la société Marocaine de rhumatologie (SMR), à l'occasion de la Journée Mondiale contre l'ostéoporose, célébrée le 20 octobre de chaque année. «Une de nos principales missions, en tant qu'association de médecins spécialistes dans les maladies de l'os et des articulations, est de sensibiliser le grand public et les femmes en particulier contre le danger de cette maladie», rajoute-t-elle. Cette maladie, est responsable d'une fragilité osseuse, d'une augmentation du risque de fracture. «Au Maroc, des études réalisées à l'hôpital El Ayachi du CHU Ibn Sina et à l'hôpital militaire de Rabat, montrent que 35% des femmes âgées de plus de 50 ans sont ostéoporotiques et que presque une femme sur deux va avoir au moins une fracture vertébrale au cours de sa vie», précise le Dr. Fadoua Allali, membre de la SMR. Ces chiffres sont alarmants, l'ostéoporose devient donc un vrai problème de santé publique avec le vieillissement de la population. L'ostéoporose est le plus souvent une maladie multifactorielle. Ainsi, l'ostéoporose post ménopausique constitue la première cause de cette maladie. La carence oestrogénique secondaire à la ménopause joue un rôle déterminant dans la perte osseuse. D'autres facteurs de risque de l'ostéoporose (âge avancé, sexe féminin, maigreur), sont maintenant bien connus. De même certains comportements alimentaires (apports insuffisants en calcium et vitamine D) peuvent accélérer la perte osseuse. Certains médicaments (corticoïdes) et certaines maladies (hyperthyroïdie, diabète) peuvent également conduire à des ostéoporoses dites «secondaires». «Au Maroc, nous avons des facteurs de risque particuliers, tels l'insuffisance en vitamine D, le style vestimentaire couvrant la majeure partie du corps, la multiparité et le bas niveau d'éducation», relève Pr Bahiri Rachid, rhumatologue à l'hôpital El Ayachi. Cependant, pour faire le diagnostic de l'ostéoporose et pouvoir traiter avant la survenue de fractures, il suffit d'un examen spécial, l'ostéodensitometrie. Ainsi, les femmes après la ménopause, doivent consulter leur médecin traitant pour les orienter à faire les examens indispensables et adéquats, sans perdre du temps et sans gaspiller inutilement. Il est inadmissible aujourd'hui de poser un diagnostic au stade de fracture alors qu'il y'a des traitements efficaces pour cela. Médecins et autorités de la santé publique n'ont pas le droit de tolérer cette situation redoutable pour les personnes victimes de fractures secondaires et d'une fragilisation pathologique de l'os. «Des campagnes de sensibilisation doivent être menées afin de diagnostiquer l'ostéoporose avant le stade de fracture», souligne le comité scientifique de la SMR, d'autant plus que le traitement consiste à prendre des médicaments qui vont fixer le calcium et la vitamine D au niveau de l'os, et à diminuer la perte de l'os. «Certains malades croient que 3 mois de traitements sont suffisants, or les médicaments de l'ostéoporose, ne sont efficaces que si on les prend pour une durée minimal de 3 ans» souligne Dr. Allali, professeur de rhumatologie à la faculté de médecine de Rabat. Les traitements de l'ostéoporose ont beaucoup évolué et leur prise est journalier, hebdomadaire voire même annuelle. Cela permet d'éviter les fractures, qui parfois sont mortelles chez une catégorie de personnes relativement avancée dans l'âge.