L'instabilité attendue des cours du sucre, du riz et des produits pétroliers pourrait avoir dans les mois à venir des effets imprévisibles sur les prix alimentaires Les prix alimentaires mondiaux atteignent des sommets. Conjugués à une volatilité persistante, ils constituent, selon la dernière édition du rapport Food Price Watch du Groupe de la Banque mondiale, publiée tout récemment une menace permanente pour les pauvres des pays en développement. Une sécheresse prolongée a plongé la Corne de l'Afrique, et en particulier les régions comme la Somalie touchées par des conflits et des déplacements de population, dans une situation d'urgence aggravée par des prix alimentaires qui frôlent leurs records de 2008. Depuis trois mois, cette crise qui menace la vie et les moyens de subsistance de 12 millions de personnes aurait provoqué la mort de 29 000 enfants de moins de cinq ans en Somalie et plongé dans une situation précaire 600 000 enfants dans la région. « Plus que toute autre région du monde, la Corne de l'Afrique est victime d'un mélange particulièrement délétère entre des prix alimentaires élevés, la pauvreté et l'instabilité », a déclaré le président de la Banque mondiale Robert B. Zoellick. « La Banque mondiale intervient avec une aide à court terme par le biais de filets de sécurité pour les pauvres et les personnes vulnérables au Kenya et en Éthiopie notamment, et apporte un soutien à moyen terme à la reprise économique. L'aide à long terme sera elle aussi cruciale pour favoriser la résistance aux sécheresses et introduire des pratiques agricoles intelligentes face au changement climatique ». Selon le rapport Food Price Watch, les prix alimentaires mondiaux relevés en juillet 2011 restent nettement plus soutenus qu'en juillet 2010. Globalement, leur niveau est de 33 % supérieur à celui de l'an dernier, des produits comme le maïs (+ 84 %), le sucre (+ 62 %), le blé (+ 55 %) et l'huile de soja (+ 47 %) contribuant à cette augmentation. Les cours du brut sont supérieurs de 45 % à leur niveau de juillet 2010, ce qui se répercute sur les coûts de production et le prix des engrais, qui ont augmenté de 67 % sur la même période. Entre avril et juillet, les prix se sont établis à un niveau inférieur de 5 % environ à la dernière flambée de février 2011, grâce à un léger recul des cours des céréales, des matières grasses et d'autres produits alimentaires comme la viande, les fruits et le sucre. Certains produits de première nécessité affichent cependant toujours une forte volatilité sur la période. Ainsi, les prix du blé et du maïs, qui avaient reculé en juin, sont repartis à la hausse les 15 premiers jours de juillet et les prix du riz, en baisse entre février et mai, augmentent à nouveau. « Compte tenu de la persistance de cours élevés et de la faiblesse des stocks alimentaires, la situation demeure dangereuse et elle pénalise particulièrement les plus vulnérables, poursuit M. Zoellick. Face aux incertitudes et à la volatilité actuelles, notre vigilance doit être totale. Nous n'avons pas de matelas de sécurité ». Le rapport trimestriel plaide pour une vigilance accrue, alors que les stocks mondiaux restent faibles et que l'instabilité attendue des cours du sucre, du riz et des produits pétroliers pourrait avoir dans les mois à venir des effets imprévisibles sur les prix alimentaires. En outre, poursuit le rapport, les incertitudes entourant l'économie mondiale et la situation politique dans les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord devraient entretenir à court terme la volatilité des cours du pétrole. La situation à l'intérieur des pays reste marquée par la volatilité, avec de grandes variations des prix. En juin, les prix du maïs avaient augmenté de plus de 100 % en douze mois sur les marchés de Kampala, Mogadiscio et Kigali alors qu'ils avaient reculé de 19 % à Port-au-Prince et à Mexico. Plusieurs régions du monde, notamment l'Amérique centrale et du Sud ainsi que l'Afrique de l'Est, ont enregistré au dernier trimestre une brusque augmentation des prix intérieurs de produits essentiels. Le rapport souligne aussi qu'une augmentation prolongée des prix alimentaires attise l'inflation dans des pays comme l'Éthiopie et le Guatemala. Source : Banque mondiale