La nouvelle défaite du Raja à Aba, au Nigeria, face à Enyimba ne marque pas seulement l'élimination de la dernière phase de la Ligue des Champions mais sonne la fin du gâchis d'une gestion désastreuse et calamiteuse qu'un titre, en fin de saison écoulée, a caché et masqué aux seuls zélateurs, tout heureux de voir leur cher club bien-aimé accrocher une étoile au maillot vert. La triste réalité, celle de tous les jours, c'est à dire à chaque match, laissait non seulement entrevoir des faiblesses dans l'équipe mais des failles allant en se creusant crescendo jusqu'à fissurer lourdement les fondations mêmes du club. Car c'est avec ces crevasses béantes que le Raja a repris le cours de la nouvelle saison, avec tout juste le débarquement de l'ancien commandant responsable de la dérive. Que pouvait faire et sauver le nouveau capitaine monté à bord tardivement avec un équipage de matelots et de mousses, sans officiers à bâbord ou à tribord pour redresser la barre et maintenir le cap vers un avenir plus radieux ? Balaci recruté, d'aucuns au comité et le président en tête ont continué à le sevrer de renforts (ou de tentatives d'engagement) sans en référer à lui comme s'il était là juste pour satisfaire les lubies de ces «experts» en football. Après l'épisode avorté du retour de Bidoudane (35 ans) et le feuilleton toujours en cours des 2 joueurs du KACM (Aberbach et Derdouri) on ne compte plus les éléments chipés par le WAC ou finalement laissés aux Verts après intercession auprès du président Akram. Balaci a été estomaqué par la présence de plusieurs éléments dans l'effectif dont une bonne partie engagés sur chaude recommandation de son illustre prédécesseur alors que leurs faiblesses sont trop criardes !… En s'emmurant la saison passée avec les diktats de Fakhir dans le choix des joueurs d'un certain âge (et même, parfois d'un âge certain) le Raja se condamnait, à court terme, à… vieillir mal. Echanger avec l'OCS un arrière latéral explosif (Belakhdar) pour un meneur de jeu ratatiné (Souari) c'est vraiment saper les assises de l'équipe, surtout que le Raja a terriblement souffert de l'absence d'arrière de métier. Quant au patron pour coordonner le jeu, on le cherche toujours dans le groupe. Sans parler de la «gestion» des pros revenus du Golfe qui ont été tellement dégoûtés des avanies infligées par leur coach qu'il ont préféré décamper en le retrouvant toujours en poste à la reprise des entraînements. En laissant faire l'ancien coach à sa guise, le Raja s'est laissé, à défaut de se renforcer, appauvrir jusqu'au dénuement. Et cela est d'autant plus malheureux que le club regorge d'excellents espoirs étouffés, marginalisés et laissés pour compte. Il aura fallu d'un match, et un seul seulement (face à l'OCS) pour que le public rajaoui découvre l'étendue du talent de Talal. Grâce à Hassan Benabicha, entraineur de la sélection nationale juniors, tout le Maroc a découvert un défenseur nommé Chibi. Et comme ces 2 joyaux, le Raja en compte à profusion. L'avenir du club est dans son Centre de formation, le meilleur et le plus performant du pays (ouvert en 2002). Finances aux abois Ce n'est pas sans raison que le public gronde, que les slogans sont de plus en plus durs, secs et tranchants pour dénoncer le ras-le-bol général. Les adhérents parlent de point de non retour et en appellent à la tenue d'une assemblée générale extraordinaire. Les 40 signatures encore manquantes pour atteindre le quorum du changement (190) n'est plus qu'une affaire de jours voire… d'heures après la débâcle de dimanche. Et d'aucuns parmi ces adhérents ne comptent pas se limiter au débat de ces assises exceptionnelles (AGE) puisqu'une trentaine entendent saisir la justice pour parler du bilan financier présenté lors de l'assemblée générale ordinaire même s'il a été adopté. En fait, les choses, surtout les mauvaises, n'ont cessé de se préciser et s'accumuler pour accabler une gestion désordonnée, laissée au bon vouloir du président Hannat pas toujours attentif aux remarques pertinentes de certains membres (Ibrahimi et Mohieddine) avisés et prévoyants. La gestion financière, une fois le pactole laissé par le président Rhallane (16 Mdh) épuisé dans des recrutements foireux, n'est guère reluisante et n'a fait que ternir l'image du club avec des refus d'honorer des créanciers (HUSA et WAC) et il aura fallu le pouvoir discrétionnaire de la FRMF pour contraindre le Raja au règlement de cette dette (4,2 Mdh). Si l'on ajoute que la banque absorbe toutes les rentrées d'argent du club pour encaisser ses avances et autres facilités, les caisses sont vides. On attend incessamment les 3,9 Mdh du transfert de Metouali, versés en 2 tranches pour débloquer une situation de plus en plus intenable. A tout ce marasme technico-financier il faut encore trouver un terrain d'entente avec le coach roumain puisqu'il envisage, de plus en plus, à claquer la porte et partir tellement qu'il a été déçu par un club qu'il estimait beaucoup. De l'intérieur, Balaci a découvert les mille facettes d'un club déstructuré, livré à l'improvisation et aux décisions légères et saugrenues. La deuxième quinzaine du Ramadan risque d'être atrocement chaude non pas pour les ventres mais les esprits de certains dirigeants impliqués dans la gestion courante du Raja. Quand on ne retourne pas suffisamment la harira lors de sa préparation, elle acquiert une saveur aigre et devient imbuvable et repoussante. Avec la marmite du Raja, on peut tout juste obtenir une ratatouille. Pas très recommandée pour la rupture du jeûne!…