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Roi de droit divin, un titre blasphématoire
Tromperie et manipulation autour d'un mot
Publié dans L'opinion le 08 - 07 - 2011

Mensonges, manipulations, mauvaise foi dénigrante ou ignorance qui n'en est pas moins coupable.
Jamais un Roi du Maroc ne s'est dit de droit divin. Certains jouant sur le mot «sacralité de la personne» du Roi, terme qu'on trouve dans les Constitutions de toutes les Monarchies démocratiques d'Europe, trompent leurs lecteurs ou auditeurs. L'Islam étant aussi, depuis dix ans, face à une campagne internationale de violent dénigrement basée sur la falsification, accoler au Roi du Maroc ce terme de « Roi de droit divin», terme au passé dictatoriale, de servage, douloureux et criminel en Europe, a pour objectif de présenter le régime monarchique marocain sous un jour obscurantiste, hors de son temps, et qu'on voudrait ainsi abattre.
Si l'on peut trouver l'excuse de l'ignorance pour toute personne qui n'est pas française, ne comprenant pas le sens du concept et ne connaissant pas son historicité, se contentant de répéter des mots étrangers sans en saisir la profonde signification, un Français n'a aucune excuse et ne peut être qu'un manipulateur s'il utilise le terme de Roi de droit divin pour la Monarchie marocaine sachant que dès le primaire il sait quelque peu sur l'Histoire de France et qu'au collège, on lui explique le pourquoi et le par qui de tous les couronnements en France et en Europe, on va jusqu'à lui expliquer la subtilité du geste de Napoléon Bonaparte «convoquant» le Pape et se couronnant Empereur de ses propres mains. On lui dit ce que gagne Napoléon vis-à-vis du Peuple à être couronné et quel message il passe au Pape en le faisant lui-même.
De par les cours d'histoire du simple programme du collège, un Français se doit de savoir ce qu'est le droit divin et quelle influence le concept a eu sur les régimes monarchiques et totalitaires de la France, se doit de savoir le rôle déterminant de l'Eglise catholique dans la genèse du concept et de son application. Un Français sait dès le collège dans quelles circonstances l'Eglise anglicane anglaise s'est libérée du Vatican et quel sens faut-il donner au couronnement anglais et tirer la conclusion que même en Angleterre et chez les Luthériens, parler de royauté de droit divin devrait être hasardeux.
Dans l'église catholique, Jésus est considéré être Dieu, fils de Dieu et Esprit, les trois à la fois, et par Saint Pierre interposé, le Pape est le légataire du droit de Jésus sur ses brebis sur terre, légataire du droit de Dieu, du droit divin. Selon l'Église catholique romaine, Jésus aurait nommé Pierre comme le fondement de son Église (Évangile de Mathieu).
En couronnant un Roi, le Pape agissant en lieu et place de Jésus, en lieu et place de Dieu, lui transmet un Pouvoir des mains de Dieu, en fait un Roi de droit divin, un Roi auquel a été légué le pouvoir de Dieu, un Roi pouvant agir en lieu et place de Dieu. Un Roi auquel les ouailles doivent se soumettre au risque de pécher, puisqu'à travers lui, Dieu agit.
Le Maroc n'est pas la France, l'Islam n'est pas le Catholicisme, le Sunnisme n'a pas de Clergé, n'a pas à et ne peut imposer ou légitimer un quelconque Pouvoir temporel ou spirituel. De toute l'Histoire du Maroc, les Dynasties se sont imposées par le volonté populaire ou par les armes, jamais par un sacrement clérical. Ces Dynasties se sont maintenues par la volonté populaire.
En terre d'Islam, prétendre que le droit divin est légable, c'est tout simplement de la manipulation, de la désinformation.
En Islam, même le Prophète ne peut léguer le droit divin, n'en étant pas lui-même détenteur ; le droit divin, le droit dit par Dieu est dans le Coran, exclusivement.
D'où tout le ridicule de parler de la possibilité de faire de quelqu'un quelque chose de Droit divin alors que le Prophète en religion musulmane est khatim al anebiyaa (le dernier des prophètes) et que le Coran est hermétiquement clos à tout ajout ou changement depuis le dernier message divin du temps de la vie du Prophète.
En Islam le Prophète est un homme, un mortel. Contrairement à Jésus pour les Chrétiens, il n'a aucun pouvoir divin, il n'est pas Dieu.
Parler de la royauté de droit divin est non seulement ridicule, mais c'est aussi blasphématoire du point de vue religion. Cherkou bi Allah.
La couronne.
Au Maroc, on parle d'intronisation, jamais de couronnement. Pourquoi ?
Dans l'Antiquité, la couronne était un symbole de victoire et de puissance. Jules César est souvent représenté avec une couronne de Lauriers. Selon les Evangiles, les Romains moqueurs représentaient Jésus avec une couronne d'épines. Pour les Chrétiens, cette couronne d'épines devint le symbole de Dieu souffrant pour racheter les péchés des humains.
En couronnant un Roi, l'Eglise lui transmettait symboliquement la couronne de Jésus. Le Roi devient le légataire de Jésus, de Dieu. Par procuration il devient le pasteur de Ses ouailles, de Ses brebis.
Rien de tel au Maroc. Ce serait ridicule et blasphématoire.
Même les premiers Califes, compagnons du Prophète, ne se dirent pas être Princes des croyants de droit divin, aucun Dieu ne les a fait Calife. Ce sont des hommes qui leur déléguèrent le Califat. Si plus tard, le Pouvoir est devenu héréditaire, il n'en reste pas moins un Pouvoir passé de main d'homme à main d'homme, pas d'un Dieu à un homme. Amir Al Mouminine, le Prince des Croyants se doit de coordonner les faits religieux, de veiller à la protection des croyants, de défendre la terre d'Islam contre tout envahisseur armé ou malveillant et de protéger les gens du Livre présents sur le territoire sous son contrôle. Un point c'est tout.
On devient Calife et Prince des Croyants, Sultan et Prince des Croyants ou Roi et Prince des Croyants soit par les armes portées par une majorité populaire en cas de coup d'Etat, soit par hérédité voulue par la population ou ses représentants. Ce sont des humains qui font d'un Roi un Roi en terre d'Islam, jamais Dieu.
Au Maroc, on ne couronne pas, on intronise.


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