Après cinq mois de gestation et de tractations, Najib Mikati a présenté lundi dernier son gouvernement. Un cabinet de 30 portefeuilles, qui dès l'annonce de sa composition, a dû essuyer des tirs à boulets rouges de toutes parts. Que les critiques et autres stigmatisations viennent de l'opposition libanaise, cela est plus que normal tant que cela s'inscrit dans les règles du jeu démocratique. Mais quand ça vient des capitales occidentales, cela dépasse le jeu démocratique et risque de s'apparenter à de l'ingérence, voire à de l'occupation politique à défaut de celle du territoire. De la composition de ce cabinet, on n'a voulu voir qu'un « hégémonisme » du Hezbollah. « Le Hezbollah en position de force ». « Le Liban "otage" de son voisin syrien et de son allié libanais, le Hezbollah ». « Le Hezbollah et ses alliés ont gagné une position de domination sans précédent ». Bref, toute une panoplie de « panégyriques » dédiés à la « puissance » du parti de Dieu. Et pourtant, Hassan Nasrallah, n'a placé que deux de ses hommes dans le cabinet Mikati. Mais on omet de mentionner que le tiers des ministres ont été nommés par le président de la République, par le leader druze Walid Joumblatt et par Mikati lui même. Comme on oublie de signaler que le Chrétien Michel Aoun s'est accaparé un deuxième tiers avec dix portefeuilles ministériels. Piètre mathématicien que je suis, j'aimerais bien qu'on m'explique comment, avec une telle équation, le Hezbollah tiendrait avec deux ministres seulement les ficelles du jeu et le Liban en otage ? L'autre remarque qui s'impose des réactions à la nomination de ce cabinet Mikati, relève de son rôle et de son programme. Que ce soit pour Paris, Washington et l'ONU, l'inquiétude est de mise quant à la possibilité de ce gouvernement, à coopérer avec le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), en charge de l'enquête sur l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri. A croire que tout gouvernement libanais n'a d'autre charges que de se soumettre à la disposition du TSL, et non de la gestion des affaires des Libanais.