Il est désolant, voire révoltant, de relever que du côté de la Rue El Brihi et de ses archives, c'est quasiment une anarchie déroutante. Aussi bien il y a des décennies que, dans une moindre mesure aujourd'hui avec les moyens techniques “sophistiqués” dont a été doté le service des Archives de la boîte nationale à images. Reste qu'une grande partie de la mémoire politique, culturelle et artistique du Maroc a été, durant longtemps, livrée à un certain désordre, au laisser-aller et à l'irresponsabilité totale. Car, des enregistrements de grande valeur ont été pillés ou effacés délibérément afin, croit-on savoir, d'effectuer d'autres enregistrements sur les mêmes bandes d'usage. (absurde économie d'argent, oblige !) Une incroyable et stupide façon de procéder ! Un acte “criminel” vis-à-vis de la mémoire d'un peuple. Bref, pour ne citer dans la présente chronique que le volet artistique, on vient d'apprendre à travers une chaîne de radio privée -- quoique cela n'échappait à personne, il est vrai -- que la bande des deux fameuses grandes Soirées publiques données en 1968 à Rabat et Casablanca par la Diva Oum Kelthoum et enregistrées par les soins de la TVM n'est plus de ce monde (il s'agit de la bande… aussi). Tout comme tant d'autres enregistrements d'une valeur inestimable d'ailleurs. Un coup de poignard donné au patrimoine national et arabe et dont devraient répondre tous ceux qui sont, de près ou de loin, impliqués dans ce crime culturel odieux. Les responsables de l'époque ayant trempé dans cet acte... irresponsable devraient s'en expliquer aujourd'hui. Et tout comme le chantait la diva elle-même : “Oudariti el ayyam...” et «innama lisabri h'doud». Chacun doit alors rendre des comptes des méfaits qu'il avait commis un jour… avec ou sans patience ! Avec ou sans bornes !