Mesure et pondération. Le commentaire de la télévision algérienne a été placé sous ce signe. Aucune allusion à l'arbitrage, à l'antijeu ou aux conditions d'accueil. La retenue a été bel et bien été le mot d'ordre et l'hospitalité marocaine mise en relief. Synthèse des impressions de la chaine nationale algérienne. Fair-play tous azimuts. Bien avant le coup d'envoi du choc maghrébin, la télévision algérienne a eu la bonne idée de se concentrer exclusivement sur le match et les différents aspects qui y sont liés. A aucun moment les intervenants- entraineur, arbitre, ancien joueur…- n'ont cherché à déchainer les passions à l'instar de ce qui a été déjà observé lors d'un certain Algérie-Egypte. Et une fois que le micro a été cédé au correspondant de la chaine nationale du pays voisin à Marrakech, l'accent a été mis sur les liens entre les deux peuples et sur la qualité d'accueil à laquelle la délégation algérienne a eu droit. Détail à relever, le speaker en question s'en est tenu aux normes strictes de la profession, loin de la déferlante de passion, voire dérapages de certains de ces collègues, algériens eux aussi travaillant pour le compte d'Al Jazeera. Point d'onomatopées mal inspirées ou de déclarations d'amour directes adressées aux hommes de Bencheikha. La fraternité était manifestement placée au dessus de toute considération et à aucun moment du match, la voix du commentateur de s'est enrouée à force de hurler à tue-tête. Coupure Bien au contraire, il a plutôt été question des largesses, manifestes il est vrai de la défense algérienne. Histoire de rendre la politesse à l'hospitalité marocaine ? Peut-être pas. En tout cas, aussi bien l'envoyé spécial de la télévision algérienne que ceux qui ont pris par au débat depuis le studio d'Alger ont manifesté leur désappointement face à l'attitude de la charnière centrale des Fennecs. Au passage, soulignons qu'à la 43ième minute, la chaine nationale du pays voisin a décidé de couper purement et simplement la retransmission du match pour annoncer…la prière d'Al Ichaa, alors que l'appel au recueillement aurait pu être souligné en bas de l'écran. Pour les croyants, l'accès au paradis n'aurait pas été compromis pour autant. Rappelons au profit des adeptes d'athlétisme qu'il y a un peu plus d'une vingtaine d'années, la TVM avait décidé de couper image et son juste au moment du coup d'envoi de la finale du 100 mètres du meeting de Zurich, avec Ben Johnson et Carl Lewis pour diffuser à 19h15 tapante le bulletin d'information en français !!! Au passage, Ben Johnson avait battu à Zurich le record du monde du 100 mètres. La défense montrée du doigt A la reprise, la retenue du speaker algérien a laissé place à des critiques de plus en plus acerbes à l'adresse de la défense, précisant qu'il fallait remonter à bien loin pour retrouver la trace d'une déroute similaire. Il a aussi indiqué que des explications devaient être fournies au retour. Allusion peut être au limogeage de l'entraineur que tout le monde en Algérie donnait partant en cas de défaite. Parallèlement, le commentateur n'a pu s'empêcher de manifester son admiration face à la qualité de jeu produit par les Marocains, notamment suite au quatrième but qui a laissé l'homme pantois. Et à aucun moment il n'a été question d'arbitrage qui aurait préjudice aux intérêts des Fennecs. Un sens de la mesure et de la pondération qui honore la télévision algérienne. Mais on sentait à travers le timbre de la voix une profonde amertume devant les bévues de la défense. Certains de l'autre côté de Jouj Bghal évoquent d'ores et déjà une fin de cycle pour une équipe qui a pourtant pris part au dernier mondial. Participation au bilan mitigé pour beaucoup d'Algériens comme Mohieddine Khalef que nous avons croisé un jour à Tanger : « Avec aucun but marqué en trois matchs, on ne peut parler de bilan positif » Justement, l'attaque algérienne ne marque plus et c'est tout un défi à relever pour l'entraineur. Qu'il s'agisse de Bencheikha ou d'un autre. En tout cas, c'est ce qu'il est ressorti de l'analyse d'après-match où les experts du foot algérien sont tombés d'accord sur le fait que bien des changements doivent être opérés pour ne pas compromettre définitivement les chances de qualification…même en tant que meilleurs seconds.