Le Maroc et l'Algérie sont "deux pays frères" est la phrase qui revient avec récurrence sur les lèvres de la quasi-majorité des habitants d'Annaba, ville qui se prépare, dans un climat bon enfant, à accueillir, dimanche prochain, le derby entre les sélections marocaine et algérienne, comptant pour la 3ème journée (groupe D) des qualifications à la prochaine Coupe d'Afrique des Nations de football (CAN-2012). Toute personne rencontrée, aussi bien à Annaba qu'à Alger, n'hésite pas un seul instant à te souhaiter la bienvenue, dès lors qu'elle s'assure être face à un Marocain, attiré autant qu'elle par cette fête footballistique maghrébine. Les Annabis, autant que la majorité des Algériens rencontrés, prêtent une grande attention à ce match décisif pour eux, au point que peu de temps après l'entame de toute discussion, aussi sérieuse soit-elle, bifurquent brusquement pour parler interminablement, dans les termes les plus courtois, de ce derby tant attendu. Le souhait de bienvenue dans leur cité, ne semble pas suffire aux Annabis, qui forcent l'admiration par la chaleur de leur accueil. Ils mettent en avant les liens de fraternité unissant les peuples du Maghreb en général et ceux existant entre le Maroc et l'Algérie par-dessus tout, avant d'entrer dans le vif du sujet. Certains d'entre eux t'invitent, en prime, à lire certaines des nombreuses banderoles tirées entre les poteaux d'éclairage public de part et d'autre des principales artères de la cité et portant l'inscription en très gros caractères "Bienvenue à nos frères marocains". Une de ces banderoles est placée au "Ramblas", boulevard le plus fréquenté de la ville, non loin du théâtre régional Azeddine Medjdoubi, où une foule, en extase, donne les signes avant coureurs de l'événement. Des jeunes accompagnent à tue-tête des chansons à la gloire de l'équipe algérienne produites lors du dernier Mondial, débitées par les baffes, non sans s'offrir de temps à autre un fumigène de grande luminescence. Plus loin, vers le port, à Kharroub, des ouvriers de la municipalité donnent un coup de blanc aux murs qui risquent de fixer le regard des visiteurs par leur manque d'entretien, encore visible par endroits. Au "stade du 19 mai 1956", où doit se dérouler la rencontre, des jeunes s'agglutinent aux guichets en quête d'un ticket pour le match, alors que d'autres désespérés, pour une raison ou une autre, s'attaquent à l'impressionnant dispositif policier mis en place pour mettre de l'ordre dans les rangs. Là, la carte de presse prend toute sa valeur. Elle permet de se frayer un chemin pour le terrain. Des ouvriers et des techniciens s'y affairent pour les dernières retouches. Le temps presse. L'équipe algérienne doit y effectuer sa dernière séance d'entrainement et le surlendemain ce sera le tour de la sélection marocaine, attendue vendredi soir à Annaba. Il s'agit d'un stade qui retient l'attention par sa forme d'arène romaine. Il a été creusé en 1987 dans un sol rocheux, ce qui rend sa tribune et ses gradins à l'abri de tout risque d'effondrement sous n'importe quel poids. Sa pelouse, plantée il y a 17 ans de cela, vient de subir un lifting pour ce grand jour. Une Partie des gradins dotée de tous les commodités a été réservée aux supporters des Lions de l'Atlas de manière à éviter toute friction avec le public des Verts, assurent les organisateurs. Nombreux parmi les organisateurs qui mettent l'accent sur les efforts déployés à la fois pour l'embellissement de l'endroit et pour le bon déroulement de la rencontre, sans omettre de rappeler l'importance du rôle que joue le sport dans le rapprochement des peuples et à plus forte raison, algérien et marocain. "Toutes les dispositions organisationnelles ont été prises pour le bon déroulement de ce derby maghrébin entre deux peuples frères, pour la couverture duquel quelque 200 journalistes algériens, marocains et de plusieurs autres pays sont accrédités. Que le meilleur gagne et c'est aux joueurs de trancher sur le terrain", souligne Adel Hadji, chargé des médias à la Fédération algérienne de football (FAF). Mehdi Ben Mehdi, journaliste au quotidien El Adjwaa, estime quant à lui, que "le match Maroc-Algérie sera difficile du moment qu'il s'agit d'un derby de la fraternité", ajoutant que "les joueurs marocains possèdent, c'est vrai, beaucoup de qualités concernant les individualités, car beaucoup d'entre eux jouent dans des clubs plus chevronnés que ceux avec lesquels évoluent les nôtres et c'est ce qui fait qu'ils sont beaucoup plus forts que les Algériens". "Beaucoup de joueurs algériens sont engagés avec des clubs assez faibles, il faut le dire quand même, mais ils sont connus pour leur combativité sur le terrain et c'est ce qui plaide en notre faveur. Que le meilleur gagne. Mais je dirais tout de même que les nôtres vont gagner puisque je suis Algérien", ajoute-t-il. Pour Lachichi Hamdi, directeur du complexe sportif du 19 mai 1956, qui abritera ce derby, "il s'agit là d'une partie entre deux pays maghrébins frères. Il y aura un gagnant et un perdant, ce qui est tout à fait normal". Il est à noter que les organisateurs ont refusé à la presse à partir de ce jour d'approcher le staff technique et les joueurs de l'équipe nationale algérienne, et ce jusqu'à la fin du derby. Mais l'attaquant des Vert, Madjid Bouguerra, "le Magic" a été dans la même logique de la fraternité en affirmant dans une interview au quotidien El Watan, parue ce jeudi que "face au Maroc, c'est un derby. Le match sera intense sportivement parlant bien sûr, car les Marocains son des frères et il n'y a aucune raison que le fair-play ne soit pas présent".