Les manifestations qui se suivent et se ressemblent avec ou sans autorisation appartiennent désormais au décor du centre-ville à tel point que lorsque les « dakatéra » et les diplômés, qui ne souhaitent pas être auprès des patéras, ne sont pas sur l'avenue Mohammed V, on trouve qu'ils ont laissé leur place – traduisez. En un mot, on s'habitue à tout en collant tout à l'air du temps. Parce qu'il n'est pas pensable qu'à l'heure où la rue arabe n'est plus un désert où l'on entend siffler le grillon, les nôtres restent muets. Il est heureux que nos villes et mêmes les petits bleds qui ne font même pas parler d'eux dans la chronique des faits divers, ne provoquent ni émeutes ni scènes de panique, comme on le voit à la télé du matin au soir où ni Kadhafi dont les portraits brûlent à Benghazi, ni Gbagbo qui hésite à prendre le bateau, ne veulent dégager. stop. A Rabat, les slogans des manifestants – filmés par les touristes – qui ne veulent pas être récupérés par des arriérés ou des provocateurs de la dernière heure, sont connus par cœur par les clients de la terrasse du Balima en face d'un parlement devenu la place principale où tout le monde veut parlementer. Des slogans, toujours les mêmes, que des fonctionnaires chargés de gérer les manifs, comme Noureddine Ben Brahim, qui n'en ratent pas une, connaissent aussi par cœur. De quoi en faire un joli recueil. stop. Il fallait s'y attendre, Mawa, dont on parle à l'étranger et qui a pris la relève de l'ancien festival des Orangers où on avait entendu Yves Duteil et autres vedettes de Montreuil, est devenu le leitmotiv de certains misérabilistes qui veulent nous ramener aux années plombées qui nous avaient fait oublier le sens de la fête populaire où la liesse et l'allégresse ne dépassaient pas le 3 et le 4 mars, où les spectateurs avaient l'impression d'être autorisés à faire la java pour 48 heures seulement sous une surveillance sans faille. Pour notre part, nous avons dit ce qu'il fallait dire quand la sécurité et l'organisation laissaient à désirer avant le drame du stade An-Nahda. Mais jamais nous n'avons dit qu'il fallait supprimer Mawazine qui est un acquis pour toute une population qui sort tous les soirs quand sa ville vibre au même titre que les villes animées du monde. Et puis, Rabat a pris l'habitude de s'épanouir durant les quelques jours de récréation. La capitale et ses habitants, qui en ont marre de la télé, ne voudront jamais faire marche arrière. stop. Les échos de la vie carcérale qui attend juin où des esclaves de la drogue fumeront moins de joints. Apparemment, ça ne se passe que sous nos cieux : le « Taâroud », c'est-à-dire que le jour de sa libération après 1 ou 20 ans de prison, le détenu trouve à la sortie de Okacha ou Kénitra la PJ ou la Gendarmerie qui l'attendent - quand ce n'est pas l'accueil au greffe de la Maison d'arrêt - pour lui rappeler qu'il a d'autres plaintes qui traînent… Des détenus conscients demandent « El Idmaj » au procureur du Roi. Du coup, le détenu se retrouve avec une seule plainte. Alors que s'il connaissait ses droits, les autres petites plaintes sont groupées en une et il n'aura pas à subir ce qu'on appelle communément « Taâroud » qui n'est pas en réalité « machrout »… stop. En face du café « Majestic » qui n'a rien de majestique ni de majestueux, il y a un café où les garçons de la terrasse nettoient le trottoir, en grattant les tâches noires laissées par le chewing-gum, une calamité combattue par des amendes à Singapour. Un dossier que Bahraoui avait ramené dans ses bagages qu'il n'avait pas ramenés à la nage… et qui n'a jamais servi à la mairie. La scène des serveurs au service de la propreté de la ville fait l'admiration des piétons à l'œil vigilant. Si d'autres cafés, magasins de fringues, opticiens, librairies ou confiseries en faisaient autant chaque matin après la levée de rideaux tristes, il y aurait moins de tâches noires qui riment avec des espoirs. stop. On ne sait pas exactement ce que Jaques Chirac, qui n'a pas acheté un appartement chez l'ERAC – il préfère Taroudant, ses remparts, sa Gazelle d'or et son jardin ombragé - entendait par odeurs, un mot qui avait choqué du temps où il avait le pouvoir qui rend parfois aveugle. A Rabat, il y a aussi des odeurs à l'entrée de certains restaurants, croissanteries ou crêperies qui incommodent. Des odeurs de moisissure, de poisson pourri au lieu des senteurs qui réchauffent le cœur, comme les herbes qui accompagnent les bonnes marmites. Chirac, qui avait des amis en Irak à qui il n'a pas posé des questions embarrassantes, avait parlé des odeurs autrement, mais il n'est pas interdit de demander au service d'hygiène d'humer l'atmosphère de certains lieux de restauration qui, en définitive, ne donnent guère l'eau à la bouche… stop. L'association Mohammédia de la presse et de la communication a organisé dernièrement une table ronde sur le thème « la jeunesse et la presse » avec le concours de la Faculté des lettres et des sciences humaines. L'assistance fut variée où on trouvait côte à côte des chercheurs, des journalistes et des représentants de syndicats, de partis politiques ainsi que des représentants d'associations de jeunes. En fait, depuis l'Indépendance, les jeunes ont été privés de presse qui reflète leurs préoccupations. Jusqu'à nos jours, il n'y a dans les kiosques que des magazines en papier glacé plutôt généralistes qui accordent peu de place à la confrontation des idées, aux problèmes écologistes de plus en plus prioritaires, etc… Certes, il y a eu des tentatives comme « Kounach » mais elles ne dépassaient pas les informations sur la sortie des CD dans les bacs, les rubriques d'humeur. Résultat des courses : des jeunes avides de nouveauté lisent des magazines venus d'ailleurs où l'on parle de tendances et de redondances. stop. Au moment où on s'interroge encore sur la conjoncture du début de l'année qui a allumé des incendies à Bangui, à Tozeur et pas chez les noceurs, on apprend une baisse des prix alimentaires mondiaux en ce mois béni de mars. Après huit mois de hausse continue, l'indice des prix alimentaires mondiaux calculé par l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) enregistre pour la première fois un recul en mars. L'indice, publié jeudi 7 avril, affiche une baisse de 2,9 sur un mois. Les prix alimentaires témoignent cependant d'une envolée de 37% sur un an. Et la FAO se garde bien d'annoncer à partir de ce répit mensuel un début d'inversion de tendance. stop. Pendant que des contestataires organisaient un sit-in devant le ministère de la Culture, Bensalem Himmich n'est pas allé prendre de l'air sur la corniche. Mieux encore, il publie dans les journaux – il n'a pas de préjugé - des articles par série où il rend hommage à Ibn Khaldoun qui avait prévu les métamorphoses des « moudoune ». Conclusion : Pendant la manif, la vie continue… stop. Lu à la une du journal « Le Monde » qui se refait un look tous les dix ans, un journal qui a découvert l'importance de la photographie bien tard. « Un nouveau séisme désespère un peu plus les Japonais ». Mais un nouveau tremblement de terre dans l'Archipel, où les malheurs se ramassent à la pelle, ne désespère pas uniquement les Japonais. C'est toute la terre qui vibre chaque fois qu'on nous parle de menace nucléaire, chaque fois qu'il y a un séisme. Nous sommes tous des Japonais. A-t-on oublié le combat de « Les Amis de la Terre » ? Là où il y a un accident nucléaire, on se sent concerné. stop. Potins sur le rotin. Dans certaines photos, Bachar El Assad, qui combat à son tour El Fassad – on combat comme on peut- , ressemble étrangement au facteur militant de la cause prolétarienne, Olivier Besançenot. Mais entre celui qui est né à Levallois – Perret qui apprécie certainement Pierre Perret et celui né un 11 septembre 1965 à Damas, il y a tout un monde… stop. Avec les soubresauts de ces derniers temps, on constate que le Roi du Maroc n'a jamais sympathisé avec des chefs d'Etat infréquentables. L'Histoire le prouve et on ne peut qu'en être fier. Ni Moubarak ni Ben Ali, une fois élus, ne sont venus au Maroc en visite officielle ou en visite confidentielle… stop